Soigner son insertion paysagère
L’utilisation du végétal et le soin des abords permettent d’embellir les exploitations et contribuent à donner une image positive des produits issus des élevages et de la profession. Ils bénéficient tout autant aux éleveurs en améliorant leur cadre de vie.
L’insertion paysagère des exploitations n’est pas toujours suffisamment prise en compte, par manque de temps, de moyens, voire même d’intérêt. Il est vrai qu’elle peut paraître secondaire aux yeux des éleveurs, qui s’attachent prioritairement au soin des animaux et à avoir des équipements de bâtiments performants. Mais vis-à-vis des attentes sociétales, l’insertion paysagère revêt de plus en plus d’importance car elle est associée à l’image de nos productions. « Le consommateur fait un lien direct entre le paysage et la qualité du produit, d’autant plus lorsque les animaux ne sont pas visibles, souligne Philippe Guillet, conseiller paysagiste de la chambre d’agriculture de la Sarthe. Le paysage, c’est en quelque sorte l’enveloppe du produit. »
Mais surtout, en améliorant le cadre de vie et le fonctionnement de l’exploitation, l’insertion paysagère bénéficie en premier lieu aux éleveurs et à leurs salariés. C’est votre environnement quotidien ! Il n’y a pas de recette toute faite pour embellir son site et il n’est pas forcément nécessaire d’engager des dépenses importantes ni de se donner d’objectifs trop ambitieux. Au fil des pages qui suivent, vous découvrirez les conseils d’un expert en paysages ainsi que trois exemples de sites, dans lesquels les éleveurs témoignent de leurs motivations : avoir des abords propres et bien aménagés pour gagner en confort de travail et en biosécurité, utiliser l’arbre pour « fondre » les bâtiments dans le paysage et mieux séparer espace privé et professionnel tout en minimisant les besoins d’entretien, valoriser son patrimoine bâti… L’idée n’est pas de les copier mais de s’en inspirer et de découvrir les différents leviers possibles. « L’insertion paysagère ne doit pas être perçue comme une obligation mais comme un projet constructif, impliquant les éleveurs, les salariés, les enfants… et pourquoi pas le voisinage. » Le paysagiste conseille également de construire un projet simple et évolutif, facilement atteignable, et d’échanger entre agriculteurs pour partager les expériences. À part la charte Ecobel, élaborée par les instituts techniques il y a quelques années, il existe très peu de guides ou de cahiers des charges sur lesquels s’appuyer. On peut regretter qu’à l’exception d’aides directes à la plantation de haies bocagères, il n’y ait pas de plan national pour soutenir les investissements d’insertion paysagère. Cela ne devrait-il pas être une démarche collective, sachant que chaque élevage individuel influence l’image d’un groupe, d’une filière ? C’est ce qu’a initié le groupe LDC à travers sa démarche privée Nature d’éleveurs.
Armelle Puybasset
Ne pas cacher les bâtiments mais les « fondre » dans le paysage