Aller au contenu principal

Deux pistes pour réduire la réactivité des canards mis à l’abri

Selon un essai mené par l’Itavi, l’arrêt de l’éclairage de nuit à partir de l’âge de 8 jours semble être intéressant pour réduire les réponses de peur des canards mulards. Mais il impacte la consommation alimentaire et la croissance.

La mise à l’abri des canards mulards dans un bâtiment fermé s’accompagne de difficultés pour gérer l’ambiance et la litière, ainsi que d’un risque de blessures et de nervosisme accru des animaux dès l’âge de 5 à 6 semaines. Ces réactions de peur peuvent provoquer des griffures, voire des étouffements. Dans l’intention de les éviter, les éleveurs utilisent des veilleuses de nuit, alors qu’une exposition continue à la lumière est connue pour induire du stress et augmenter la peur.

Lire aussi : Mise à l’abri des canards : « La clé, c’est un paillage régulier et conséquent »

Pour réduire le risque, l’Itavi a testé deux pistes sur le site expérimental Inrae de Benquet dans les Landes, seules ou combinées : la possibilité de laisser une veilleuse allumée ou pas durant la nuit et la possibilité que les canards aient accès à un jardin d’hiver protégé (conforme aux exigences réglementaires en période à risque). Ont été observés le comportement des animaux et leurs performances zootechniques.

Un effet prépondérant de l’extinction nocturne

L’extinction nocturne de la lumière à partir de l’âge de 8 jours contribue à réduire les réponses de peur à 42 et 77 jours. Le temps d’émergence est réduit de 20 % (voir détail en encadré). Plus tôt (J21), des effets contradictoires ont été observés entre les lots avec et sans lumière nocturne en fonction de la saison.

En revanche, l’extinction nocturne conduit à une réduction du poids vif à 21 et 42 jours, de l’ordre de 80 à 160 g, en lien direct avec une sous-consommation d’aliment de 10 à 15 %. Cet écart est plus marqué en hiver qu’en été, c’est-à-dire lorsque les besoins alimentaires augmentent du fait des températures saisonnières plus basses. Ces effets s’amenuisent à J77, après la mise en place d’un rationnement alimentaire.

Un effet plus secondaire du type de bâtiment

L’essai visant à tester des leviers susceptibles de réduire les réponses de peur des canards mulards a été réalisé sur le site expérimental de l’Inrae de Benquet (40) en 2021 et 2022.

Dans les conditions testées, l’effet observé de l’extinction nocturne sur les réponses de peur et les performances zootechniques apparaît plus important avec des animaux élevés en bâtiment fermé. Pour les systèmes qui avaient un jardin d’hiver, il est possible que ce résultat soit lié à l’entrée de lumière extérieure parasite en phase nocturne.

Dans nos conditions expérimentales, le jardin d’hiver semble donc présenter un effet moindre que l’extinction. Toutefois, celui utilisé à l’Inrae était dépourvu d’aménagement particulier qui aurait pu inciter les animaux à l’utiliser plus. Il ne contribuait donc pas à une baisse de densité.

Joanna Litt (litt@itavi.asso.fr)
 

Le dispositif expérimental

L’étude a été réalisée sur le site expérimental de l’Inrae de Benquet (40) au printemps-été 2021, puis en automne-hiver 2022. Elle mettait en œuvre 480 canetons mulards (souche MMG x PKL) de 8 à 77 jours élevés dans seize loges de 12 m² contenant 30 animaux. Huit loges comportaient des veilleuses LED délivrant un faible éclairage (20 lux) ou aucune. Huit loges disposaient d’un jardin d’hiver sur 50 % de leur surface ou pas. Soit quatre modalités expérimentales. Ont été enregistrées le comportement des animaux à 7, 21, 42 et 77 jours et leurs performances (poids vifs, consommations alimentaires, mortalité) aux mêmes âges.

 

 
Tableau : Protocole expérimentalL’essai a été réalisé au printemps-été 2021 et à l’automne -hiver 2022
Tableau : Protocole expérimental L’essai a été réalisé au printemps-été 2021 et à l’automne -hiver 2022 © Source : Itavi
 

Comment mesurer la réactivité d’un canard

Plus le canard a peur et plus il met de temps à réagir à ces deux tests évaluant sa réactivité émotionnelle :

Le test d’immobilité tonique consiste à placer l’oiseau sur le dos et l’y maintenir pendant 5 secondes afin d’induire un état catatonique d’immobilité tonique. On mesure la durée d’immobilité et le nombre de tentatives de l’observateur pour que l’animal s’immobilise durant au moins 10 secondes.

 

Lors du test d’émergence, on chronomètre le temps au bout duquel l’animal sort de la boîte obscure, partiellement ou complètement.

- Le test d’émergence consiste à placer l’animal dans une boîte obscure pendant 1 minute, puis à ouvrir celle-ci. L’évaluateur enregistre le temps au bout duquel l’animal sort partiellement ou complètement de la boîte, celle-ci donnant accès à une arène découverte, non familière, vaste et lumineuse.

 

Avec le test d’immobilité tonique, on note la durée durant laquelle un caneton sur le dos ne bouge pas. @Itavi
 

L’influenza a modifié les conduites d’élevage

Depuis 2016, la biosécurité mise en place à la suite des épizooties d’Influenza aviaire dans les élevages de canards mulards destinés à la production de foie gras a profondément remis en question les systèmes d’élevage.

L’obligation de la bande unique a poussé à l’augmentation de la taille des cheptels qui a eu un impact sur le comportement des canards dans les grands troupeaux. Donc à une adaptation technique des éleveurs. Puis est arrivée la mise à l’abri des canards pendant de longues périodes à risque influenza qui a accentué cette tendance.

L’utilisation de veilleuses nocturnes s’est banalisée dans l’intention de limiter les risques d’étouffement en cas de mouvements de panique. Ces pratiques sont assez variables dans les élevages et non normalisées, d’où l’intérêt de les tester. Quant au jardin d’hiver, il peut apparaître comme un substitut intéressant aux parcours dans les périodes où les animaux ne peuvent pas y accéder normalement. En revanche, son intérêt pour les canards n’est pas documenté.

Les plus lus

<em class="placeholder">IMG_7781 / canards gras PAG extérieur -parcours - couverture des points d&#039;eau - Bretagne
crédit photo PLD</em>
Volailles : quatre coopératives pour deux fusions dans le sud-ouest

Ce printemps 2025 voit le paysage des coopératives du Sud-Ouest en plein renouveau avec le rapprochement de Maïsadour et d’…

<em class="placeholder">La litière du bâtiment de 1 200 m2 est aérée et repaillée en moins d&#039;une demi-heure avec le Scoop Tract Aerolit.</em>
« J’aère et je repaille la litière de mes poulets sans effort »

Au moyen du petit automoteur Scoop Tract équipé de son accessoire Aerolit, Yoann Le Mée maintient le confort de ses volailles…

<em class="placeholder">Galina LDC bâtiment poulettes et coqs</em>
« Nous avons transformé nos poussinières dinde pour la repro poulet de chair »

Le Gaec de la Piltière, en Maine-et-Loire, a reconverti ses bâtiments prévus pour de la dinde futurs reproducteurs en…

<em class="placeholder">Terrena Volailles
Terrena
Terrena Environnement
Pouilailler</em>
« J’ai dû faire preuve de persévérance pour faire accepter mon projet de poulailler"

Situé en secteur céréalier en Deux-Sèvres, près d’un bourg, en zone Natura 2000 et avec deux monuments classés à proximité, le…

<em class="placeholder">poulet lourd devant mangeoire </em>
Univol accélère dans le poulet lourd

Le groupement de producteurs Univol (Carhaix-Plouguër) a poursuivi en 2024 la construction de son modèle de production qui…

poulet lourd jeune sur litière de copeau
Une filière bretonne avicole en croissance

La filière avicole bretonne a retrouvé de l’allant, à tous les maillons de la chaîne.

Publicité
Titre
je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Volailles
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Volailles
Newsletter COT’Hebdo Volailles (tendances et cotations de la semaine)