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« Une analyse de sol viticole simple et visuelle »

Nicola Fagotto, consultant en régénération des sols chez NG Fagotto Bioconsultants, prône la chromatographie afin d’observer et de comprendre le fonctionnement de son sol, en vue de piloter les travaux viticoles.

La solution de sol migre peu à peu sur le papier-filter Whatman, donnant une "photo" de l'état du sol.
La solution de sol migre peu à peu sur le papier-filter Whatman, donnant une "photo" de l'état du sol.
© Exceptio studio

 

 
« Une analyse de sol viticole simple et visuelle »
© Exceptio studio

Qu’est-ce que la chromatographie des sols ?

Il s’agit d’une analyse qualitative des sols, qui permet de visualiser comment ils fonctionnent. À l’origine, cette technique a été développée par Ehrenfried Pfeiffer, disciple de Rudolf Steiner, pour étudier les composts. Puis on s’est aperçu qu’elle était également cohérente pour qualifier la fertilité des sols. Cette analyse permet d’observer quatre compartiments et leurs interactions : la matière organique, la matière minérale, l’oxygène et la microbiologie du sol.

À quelle période réaliser une chromatographie des sols ?

Je recommande d’effectuer cette analyse d’avril à juin, ou de septembre à novembre. Il est intéressant de renouveler l’analyse tous les trois ans environ, au même endroit et à la même période.

Comment cela se pratique-t-il ?

Tout d’abord, il faut se munir d’un papier-filtre Whatman de diamètre 150 mm, plus ou moins fin (grade 1 à 4) selon la qualité que l’on souhaite. On fait réagir ce papier avec du nitrate d’argent, à l’instar d’un papier photographique. On le laisse sécher dans une chambre noire. Une boîte à chaussure remplit parfaitement ce rôle.

Parallèlement à cela, on prélève 5 g de sol, entre 0 et 20 cm, comme on le ferait pour une analyse de sol classique. Dans l’idéal, on pourrait effectuer quatre prélèvements, un par horizon (0-10 cm ; 10-20 cm ; 20-30 cm et 30-40 cm), mais je n’en réalise généralement qu’un seul. Quoi qu’il en soit, il ne faut pas aller plus bas que 40 cm, car ça ne marche pas au-delà.

On broie l’échantillon de sol au mortier et on le verse dans un bécher ou dans un verre en plastique bien propre, avec de la soude à 1 %. On remue la solution trois fois : de suite, au bout de quinze minutes et au bout d’une heure. On laisse ensuite la solution reposer cinq heures de plus.

On dispose alors la partie claire de la solution de sol dans une boîte de Pétri, avec le disque Whatman qui repose au-dessus. On insère une mèche au centre du disque, qui trempe dans la boîte de Pétri, afin de permettre à la solution de migrer sur le papier par capillarité. Et cela jusqu’à ce qu’elle atteigne environ 2 cm de la bordure du disque. Il faut ensuite exposer le papier à la lumière trois ou quatre jours, pour révéler l’image.

Comment interpréter les résultats ?

Il y a plusieurs choses à regarder. Tout d’abord, la gamme de couleurs. Du violet, par exemple, indiquera que le sol n’est pas en pleine santé. À l’inverse, des teintes marron signifient que le sol fonctionne.

 

 
Ces deux chromatographies illustrent la différence d’entropie entre un sol désherbé chimiquement (à gauche) et un sol fertile (à droite).
Ces deux chromatographies illustrent la différence d’entropie entre un sol désherbé chimiquement (à gauche) et un sol fertile (à droite). © N. Fagotto

Ensuite, il faut observer les formes, ou structures. S’il n’y a que des disques bien séparés, cela enseigne que les différents compartiments du sol n’interagissent pas. À l’inverse, la présence de rayons allant de l’extérieur vers l’intérieur, et de pointes est un signe positif. Plus les ramifications des rayons se complexifient, plus on est face à un sol qui fonctionne bien.

Puis on peut analyser chaque zone. La zone centrale figure l’oxygène. Si elle est noire, le sol est compacté et manque d’oxygène. Une couleur blanche indique des sols trop riches en azote tandis qu’une couleur crème signifie que le sol est bien oxygéné. Puis la zone interne représente les minéraux, la zone médiane illustre la matière organique, et la zone externe symbolise l’activité enzymatique des microorganismes. L’apparition de genres de nuages dénote d’une forte activité microbienne. De même, la présence de zones marron clair dans le compartiment externe montre la présence de complexes argilo-humiques.

Toutes ces indications permettent de piloter les travaux à la vigne et les pratiques. Par exemple, une image floue, avec des disques très séparés et sans rayons témoigne d’un sol peu actif. Il faudra apporter du compost, des couverts végétaux, des tisanes de compost pour le relancer et redresser le rendement de la vigne.

Un viticulteur peut-il effectuer cette analyse seul ?

Oui, c’est une analyse facile à faire et pas chère, mais chronophage. Par ailleurs, l’interprétation des résultats n’est pas évidente. Je recommande donc d’effectuer une formation au préalable. Pour ma part, je l’ai suivie chez Deafal, en Italie. Certains laboratoires, même s’ils sont peu nombreux, proposent cette analyse. Pour notre part, nous la facturons 77,50 euros HT.

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