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Les désherbants de biocontrôle, une solution à l’avenir

Les produits de désherbage d’origine naturelle suscitent de plus en plus d’engouement. Mais il faudra du temps pour assurer une transition.

Le produit de biocontrôle Beloukha a une action de défanage, visible en quelques heures seulement.
© J.- C. Gutner

Un désherbant d’origine naturelle, ayant un faible impact sur l’environnement et aussi souple que les solutions actuelles ? C’est le rêve de nombreux viticulteurs. Seulement voilà, ce n’est pas si facile à trouver. « Le Belouhka, à base d’acide pélargonique, a fait ses preuves. Il a une action rapide et un effet important, accorde Julien Thiery, conseiller à la chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales. Mais le facteur de réussite dépend beaucoup du respect des conditions d’application, et la repousse est rapide. » Si la formulation du produit est au point et n’est pas appelée à évoluer, Belchim affirme avoir encore des marges de manœuvre pour gagner en efficience. « Nous allons continuer à travailler sur la qualité de la pulvérisation, indique Hervé Michi, ingénieur développement de la firme, notamment via une réflexion sur les buses. » Pour lui, la facilité d’emploi des produits que l’on a connus a freiné le développement de matériel pointu. Tout un travail qu’il va falloir reprendre maintenant et qui va prendre du temps.

Des huiles essentielles aux effets trop fugaces pour être crédibles

Avec l’arrêt programmé du glyphosate, il y a de fortes chances que le Beloukha soit reconsidéré comme une vraie alternative. " Nous avons eu beaucoup de sollicitations cette année, constate Hervé Michi. Mais nous ne fixons pas d’objectifs en surface à court terme. Notre politique est plutôt d’accompagner le producteur dans l’utilisation, afin qu’il puisse s’approprier le produit et maîtriser sa technicité. " Mais, à près de 250 euros par hectare, cette solution reste onéreuse et risque de ne pas être accessible aux vignobles à faible valeur ajoutée. Avec l’augmentation des volumes commercialisés, il est toutefois possible que les coûts de production diminuent, et la firme n’exclut pas un réajustement de prix à l’avenir.

Dans cette mouvance vers des produits plus écologiques, d’autres substances ont été testées, mais sans réel succès. Huiles essentielles ou encore vinaigres présentent tous des effets, mais extrêmement fugaces. « Il y a quelques années, nous avons mis à l’essai des extraits de plantes, illustre Nadège Brochard, consultante viticole à la chambre d’agriculture de Loire-Atlantique. Cela marche très bien sur les petites plantules, mais il faudrait passer tous les huit jours! » De même pour le vinaigre blanc dosé à 10 %, avec lequel il faudrait traiter deux fois par semaine. Sans compter que ce type de produit est quasiment inefficace sur les herbes déjà bien levées. Il paraît donc difficile de mettre ces solutions en place sur une exploitation.

Un désherbant 100 % naturel dans les cartons chez Osmobio

Certains composés naturels possèdent, eux, une bonne efficacité, mais se heurtent à un autre écueil : celui de l’écotoxicité. C’est le cas notamment de la leptospermone, une tricétone extraite du callistemon, une plante originaire d’Australie. « Lors du projet Tricétox, nous avons comparé les tricétones de synthèse, déjà utilisées en maïs, aux molécules naturelles. Ces dernières ne sont pas anodines pour l’environnement et ne constituent pas une réelle avancée par rapport au chimique existant », explique Lise Barthelmebs, professeur à l’université de Perpignan. Dès lors, la motivation des industriels pour se lancer sur un produit de biocontrôle, qui pourrait être décrié par la suite, est faible. Mais il n’y a pas de raison de perdre espoir. « Beaucoup de projets sont lancés dans les universités sur la recherche d’herbicides naturels, assure Cédric Bertrand, chercheur en biopesticides à Perpignan. Même si le travail s’annonce long. »

Par ailleurs, la filière n’est pas à l’abri d’une bonne surprise et de l’apparition d’une solution providentielle. C’est en tout cas ce qu’annonce la firme bretonne Osmobio, qui a fait le buzz fin 2017 et qui aurait dans les cartons un produit 100 % naturel, aussi efficace que le glyphosate et dont l’innocuité est confirmée par l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris). « Le désherbant que nous développons contient des extraits de plantes, explique Jacques Le Verger, dirigeant de l’entreprise. Il agit par destruction du système foliaire en quatre à huit jours, avec un prolongement au système racinaire. » Le directeur travaille actuellement sur la concentration du produit et le dossier d’autorisation pour l’Anses, et espère bien être sur le marché dans trois ans, pour prendre le relais du dernier systémique…

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