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De l’azote foliaire à la véraison pour des vins blancs plus aromatiques

L’apport d’azote foliaire à la véraison permet d’obtenir des vins blancs plus expressifs. L’association avec du soufre renforce les thiols variétaux.

L’apport d’azote foliaire à la véraison permet de produire des vins blancs plus aromatiques.
L’apport d’azote foliaire à la véraison permet de produire des vins blancs plus aromatiques.
© IFV Occitanie

« La fertilisation foliaire azotée au moment de la véraison est un apport ciblé vers le fruit, qui favorise l’enrichissement en azote des raisins », explique Thierry Dufourcq, de l’IFV Occitanie. Elle permet ainsi d’augmenter la teneur en azote dans le moût. Le gain moyen, par rapport à une vigne non supplémentée, est de 50 % pour dix unités fertilisantes d’azote. Toutes les fractions du moût sont améliorées.

Davantage de glutathion et de précurseurs cystéinés

Des essais conduits par l’IFV sur blancs, à partir de 2004 dans le Gers sur plusieurs cépages (colombard, gros manseng et sauvignon) ainsi que dans le Loir-et-Cher en 2008 (sauvignon, melon), ont montré un impact très positif à la dégustation avec une intensité aromatique très positive des blancs issus de parcelles avec pulvérisation foliaire à la véraison. L’association azote et soufre permet de produire encore plus de thiols variétaux dans les vins. Les moûts sont plus riches en glutathion et en précurseurs cystéinés des composés aromatiques. Au final, les blancs issus des vignes complémentées présentent en moyenne trois à cinq fois plus de composés thiolés.

« Opter pour une pulvérisation d’azote ou d’azote + soufre permet de piloter le profil aromatique de son vin », observe Thierry Dufourcq. Il sera fruité et amylique avec juste un apport d’azote, mais tirera davantage vers les thiols variétaux avec une pulvérisation foliaire d’azote plus soufre.

10 à 20 kg d’azote par hectare en deux passages

Le choix de la dose d’azote à apporter doit tenir compte de la vigueur de la vigne et de la teneur des moûts des années précédentes. Pour un moût moyennement carencé, il faut compter entre 10 et 15 kg d’azote par hectare et par an, à fractionner en deux apports pour une meilleure assimilation. Ces doses peuvent être réduites pour des moûts peu carencés (10 kg) ou augmentées pour des moûts carencés (20 kg). Concernant le soufre, afin d’éviter la réduction des vins au cours de la vinification, les apports doivent être limités à une demi-fois la dose d’azote.

Pour que l’azote soit mieux assimilé par les grappes, mais aussi afin de diminuer les risques de phytotoxicité, l’apport doit être réalisé lorsque la véraison est engagée (20 %) puis sept à dix jours après. Un passage trop précoce aura une action fertilisante pour la plante mais sera moins efficace pour augmenter l’azote du moût. Pour une bonne assimilation de l’azote, il est également recommandé de bien mouiller le feuillage à hauteur de 200 à 400 litres par passage.

La forme d’azote la plus directement assimilable par la vigne est l’urée. Par ailleurs, des essais conduits par l’IFV montrent que pour surexprimer les thiols variétaux dans les vins, il est recommandé d’associer urée et soufre élémentaire.

Attention aux effets secondaires

Il faut en revanche rester vigilant sur les effets secondaires indésirables, comme les risques de brûlure du feuillage, la hausse de la vigueur, l’augmentation du niveau de pourriture ou encore le risque de formation de carbamate d’éthyle dans les vins.

Rosés : réaliser des analyses de moûts préalables

Les chambres d’agriculture du Var et des Bouches du Rhône, ainsi que le centre de recherche et d’expérimentation sur les vins rosés, ont étudié de 2009 à 2012 l’impact d’un apport d’azote foliaire à la mi-véraison sur grenache, sur les arômes des vins rosés.

En moyenne, il a permis une augmentation de 23 % de l’azote assimilable dans les moûts. Et les vins ont été préférés à la dégustation, avec un côté plus fruité et plus aromatique. « L’apport d’azote foliaire et soufre doit être réfléchi en fonction du type de rosé souhaité sur le plan aromatique, souligne Clémence Boutfol, de la chambre d’agriculture du Var. Il faut également prendre en compte le coût de l’azote (en forte augmentation) et de deux passages à une période où la plupart des interventions à la vigne sont terminées. » Au Centre du rosé, Gilles Masson recommande de faire des analyses de moûts avant d’envisager tout apport foliaire.

Peu d’intérêt en rouge

La pulvérisation d’azote foliaire ne semble pas concluante pour les vins rouges. C’est du moins ce qui ressort du projet Vinaromas, porté par l’IFV et mené sur carignan. Les chercheurs ont en effet observé une baisse de l’acidité des vins, associée à une augmentation de la teneur en sucre. « D’un point de vue aromatique, les effets demeurent très limités : aucune modification de la teneur en thiols variétaux n’a été constatée, et un gain très limité en esters et acétates a été observé », indique l’Institut.

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