Aller au contenu principal

« J’ai racheté une brasserie pour limiter l’impact des aléas climatiques », Jean-Baptiste Pinard, viticulteur au Domaine de la Tour Vert, à Foussignac, en Charente

Jean-Baptiste Pinard, viticulteur au Domaine de la Tour Vert, à Foussignac, en Charente, a racheté une brasserie en 2011 pour faire face aux aléas climatiques.

Certains vignerons brassent leur propre bière.
Certains vignerons brassent leur propre bière.
© R. Mouton
 
Ce vigneron brasse aussi sa bière.
Jean-Baptiste Pinard, viticulteur au Domaine de la Tour Vert, à Foussignac, en Charente. © Domaine de la Tour Vert

« J’ai repris la brasserie La Goule, qui se trouve à 4 km de mon domaine, en 2011. Cette diversification était une façon de m’assurer un revenu en cas d’aléas climatiques sur la vigne. Et comme je faisais déjà de la vente directe pour mon cognac et mon pineau, c’était simple. Je disposais déjà de deux structures, l’une pour la production viticole et l’autre pour la commercialisation. C’est cette dernière qui a repris la brasserie.

Au niveau ressources humaines, le brasseur qui travaillait pour la structure avant sa cession est revenu. En revanche, je n’ai pas embauché de commercial. Malgré cela, la vente des bières a été multipliée par trois en cinq ans. J’ai conservé la clientèle de la brasserie, qui était essentiellement composée d’enseignes de GD, et j’ai développé l’offre auprès de mes clients habituels (clientèle particulière, épiceries fines, cavistes, magasins bio, grossistes haut de gamme), ainsi que localement auprès de guinguettes ou pour des évènements, avec prêt de tireuse (mariages, anniversaires, marchés de producteurs, etc.).

Pas de production d'orge ni de houblon

Je ne produis ni orge, ni houblon, nos terres n’y étant pas propices. Nous avions déjà testé les céréales il y a plusieurs années, et la qualité n’était au rendez-vous qu’une année sur deux. Quant au houblon, il pousse sur des terres marécageuses ou profondes, comme en Alsace. Chez moi, le sol est calcaire, cela ne marcherait pas.

Je m’approvisionne en malt auprès de la malterie française Soufflet, qui garantit de bonnes céréales bio, de qualité. Mais il y a des tensions sur le bio avec des ruptures de stocks ou des mauvaises années ; c’est de plus en plus tendu. Il est important de bien ficeler ses contrats. Et pour le houblon, je l'achète auprès de plein de petites structures françaises.

J'ai créé une boisson fermentée au cognac

Je vends à présent 1 200 hl de bière bio par an, avec douze références conditionnées en bouteilles de 33 cl (2,20 euros la bouteille), de 75 cl (4,50 euros le col) ou en fûts de 30 litres, ces derniers représentant 20 % des ventes. L’une des bières est vieillie dans des barriques ayant reçu du cognac, et l’une des références est une boisson fermentée au cognac (4 % de cognac). Les dix autres n’ont rien à voir avec les produits de la vigne.

La bière remplit très bien sa mission et est beaucoup plus rentable que le vin. La marge est de l’ordre de 30 à 50 %. En revanche, l’hygiène est primordiale. Sur dix ans, j’ai jeté l’équivalent de 10 000 à 15 000 litres. Et le brasseur précédent a perdu deux années pour cette même raison. Le moindre cheveu qui tombe dans le brassin ou le moindre défaut de nettoyage sont rédhibitoires. Il faut bien en être conscient. Enfin, il faut savoir que le matériel brassicole vaut beaucoup plus cher que le vinicole. À titre d’exemple, une cuve brassicole de 10 hl vaut le même prix qu’une cuve vinicole de 60 hl. »

Les plus lus

Le gel de la vigne occasionne des pertes de récolte.
Gel de la vigne, comment lutter ? 8 choses à savoir absolument
Ces dernières années, le gel de la vigne a été l’un des facteurs principaux de la baisse de production des vignobles français.…
Les terroirs de sable font partie des rares qui peuvent accueillir des vignes en franc de pied sans danger, car le phylloxéra ne peut y creuser de galeries.
Jusqu’où céder aux sirènes du franc de pied en viticulture ?
La culture des vignes en franc de pied attire de plus en plus de vignerons, pour des motifs œnologiques ou agronomiques. S’il…
E-Néo va reconditionner un John Deere 6330 en tracteur électrique dans le cadre d'une expérimentation conjointe entre EDF et la chambre d'agriculture des Pays de la Loire.
Convertir son tracteur diesel à l’électrique, c'est possible !
L’idée de reconditionner son tracteur diesel en électrique commence à germer en France.
De nombreuses applications disponibles sur smarphone permettent d'obtenir des prévisions météo gratuitement.
Application météo gratuite : quelle est la plus précise ?
Dans le champ de la météo, difficile de s’y retrouver dans la multitude d’applications proposées sur smartphone. Facilité d’…
Le viticulteur Vincent Quenard brasse ses bières.
« On revient peu à peu à de la polyculture », Vincent Quenard, viticulteur au Domaine Claude Quenard et fils, à Chignin, en Savoie
  Vincent Quenard est à la fois viticulteur et brasseur. Cette seconde activité lui permet de lisser l'impact des aléas…
De multiples critères interviennent dans l'impression de qualité et de fiabilité d'un matériel.
Matériels viticoles : la fiabilité est-elle en baisse ?
Sur les réseaux sociaux, des viticulteurs regrettent le manque de fiabilité des machines agricoles de dernière génération. Ces…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Vigne
Consultez les revues Réussir Vigne au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters des filières viticole et vinicole