[VIDEO] Jean-Marc Jancovici et les éleveurs : comment réagissent-ils à son plan de décarbonation ?
Invité par le Sommet de l’élevage à Cournon mardi 7 octobre pour présenter son plan de décarbonation de l’élevage, Jean-Marc Jancovici a répondu aux éleveurs de la salle et aux dirigeants des associations d’élevage. Très médiatique et écouté, Jean-Marc Jancovici est-il la personne qui pourra faire bouger les choses ? La réponse des éleveurs au sortir de la conférence.
Invité par le Sommet de l’élevage à Cournon mardi 7 octobre pour présenter son plan de décarbonation de l’élevage, Jean-Marc Jancovici a répondu aux éleveurs de la salle et aux dirigeants des associations d’élevage. Très médiatique et écouté, Jean-Marc Jancovici est-il la personne qui pourra faire bouger les choses ? La réponse des éleveurs au sortir de la conférence.
« Nous on ne veut pas décarboner l'agriculture parce qu'on a envie comme disait Zazie de faire chier les gens. C'est juste parce que c'est une contrainte et qu'il va falloir le faire », déclare Jean-Marc Jancovici, président du Shift project, en préambule de la présentation de son plan pour décarboner l’élevage au Sommet de l’élevage, le 7 octobre.
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Piste 1 : faire baisser le cheptel de 1%, au lieu de 2% actuellement
« Aller vers des systèmes plus herbagers, avoir quelque chose qui valorise vraiment l'élevage et intégrer l'élevage dans un process global d'amélioration de l'environnement, évidemment, oui », aprouve Hervé Pillaud, éleveur vendéen, mais aussi auteur et conférencier. « Parce qu’elle a une grosse capacité de production de lait et de viande et grâce au pâturage qu’elle parcourt et la valorisation de l'herbe, ça permet d'avoir des puits de carbone essentiels à la purification de l'air », renchérit Daniel Som, agriculteur double actif en Belgique. « Le sujet aujourd'hui n'est pas de baisser l'élevage, réfute Patrick Bénézit, éleveur dans le Cantal et président de la FNB, c'est de conserver nos modèles parce que la disparition de nos modèles est une vraie catastrophe pour la nature ».
Piste 2 : Favoriser les systèmes herbagers
« Les systèmes herbagers, en tout cas à l'unité de surface, dans tous les cas et dans la majorité des cas, au litre de lait, sont les plus favorables en termes d'empreinte carbone nette », déroule laure Le Quéré, ingénieure agronome en charge d plan agriculture au sein de l’association le Shift project. « Nous, c'est l'agriculture qu'on défend aussi, lui répond Aurélien Rachet, éleveur laitier en Haute-Loire, c'est l'agriculture de notre territoire, on est en accord avec celle-là ». « Mois il y a d'intrant, lui fait écho Daniel Som, plus il y a de valorisation par l'agriculture lui-même, plus les coûts de revient baissent et le pâturage est le meilleur moyen pour y arriver. » Mais, insiste Patrick Bénézit, « On a besoin aussi de céréales pour engraisser ou de mélanges avec des protéagineux ou autres. Et on a des systèmes qui ne sont pas essentiellement herbagers, qui ont de l'herbe, mais qui ont aussi des productions fourragères qui peuvent être tout à fait intéressants.
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Piste 3 : augmenter le coûts de production et donc de la nourriture
« Si les gens qui sont dans cette salle ont envie d'une agriculture plus vertueuse, il va falloir qu'ils mettent leur comportement de consommateur en accord avec leur volonté de citoyen. Et donc ça veut dire qu'il va falloir accepter une hausse des coûts de production de la nourriture », déclare Jean-Marc Jancovici à la salle. « Si on interroge le consommateur, relève Hervé Pillaud, évidemment il va vous dire qu'il est prêt à payer plus. Quand on regarde, c'est normal, c'est logique, les caddies à la sortie du supermarché, c'est plus du tout la même chose. » Pour Patrick Bénézit, « cette piste est intéressante. Encore faut-il que les politiques publiques orientent le consommateur vers les produits et notamment la viande française. »
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Jean-Marc Jancovici peut-il faire bouger les choses ?
Pour Daniel Som, « c'est un académique donc il est censé avoir une grande neutralité, ne pas être partisan. Et il est très bien d'essayer de communiquer avec un maximum de politiques. » mais soulève Aurélien Rachet, « il faut être bien entouré aussi, ne pas se laisser emporter par des lobbies ». Il juge Jancovici comme « quelqu'un qui a une aura et une capacité à être entendu par du monde ».