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Loire-Atlantique
Troubles constatés chez des bovins : les éoliennes mises hors de cause par l’Anses

Depuis plusieurs années, deux exploitants de Loire-Atlantique élevant des bovins à proximité d’un parc éolien rapportent différents troubles chez leurs animaux. L’Anses vient de conclure que ces derniers ne sont vraisemblablement pas liées aux éoliennes.

vaches et éolienne
L’Anses a conclu que les éoliennes n’ont vraisemblablement pas pu provoquer les troubles chez les bovins constatés par deux exploitants de Loire-Atlantique.
© Jérôme Chabanne

Mortalité élevée, boiterie des vaches, diminution de la qualité et de la quantité de lait, inflammations des mamelles… Les  troubles observés au sein de leurs troupeaux ont été constatées par deux éleveurs de Loire-Atlantique en 2012 au moment de la construction puis de la mise en service d’un parc de huit éoliennes situé respectivement à environ 700 et 1500 mètres de chaque exploitation. Malgré les nombreuses investigations menées dans les deux élevages (audits vétérinaires et électriques, mesures d’infrasons, de vibrations, etc.), les troubles ont persisté. Dans ce contexte, les ministères chargés de l’Ecologie et de l’Agriculture ont saisi l’Anses pour déterminer si ces troubles étaient imputables à la présence des éoliennes. 

L’Anses explique dans un avis publié ce jour que pour procéder à l’évaluation scientifique, les experts qu’elle a mandatés ont d’abord identifié les différents agents physiques générés par les éoliennes : ondes sonores audibles ou non, champs électromagnétiques situés à la fois au niveau des éoliennes et autour des câbles transportant l’électricité, courants parasites, vibrations au niveau du sol. Les experts n’ont pas retenu la gêne visuelle occasionnée par les éoliennes, car la vision des bovins et leur perception des mouvements sont beaucoup moins bonnes que celles des humains.
 

Une approche scientifique adaptée aux agents physiques générés par les éoliennes

En l’absence de méthode adaptée pour répondre à la question posée, les experts ont mis au point une méthode d’évaluation de l’imputabilité des troubles adaptée aux agents physiques en cause, en s’inspirant des pratiques d’évaluation utilisées pour la toxicovigilance. Cette approche tient compte de plusieurs critères : le niveau d’exposition des animaux à l’agent physique considéré, la part de cet agent physique attribuable aux éoliennes (celles-ci n’étant pas la seule source possible des agents physiques considérés), la chronologie des faits, la possibilité que les troubles aient d’autres causes, et enfin l’existence dans la littérature scientifique de données faisant état d’un lien entre les troubles observés et la présence d’éoliennes.

Selon l’Anses, pour chaque trouble constaté, la possibilité qu’il soit causé par un des agents physiques générés par les éoliennes a été évaluée. Cette évaluation a été faite indépendamment pour chacun des deux élevages. Les experts ont conclu que l’imputabilité aux éoliennes était majoritairement exclue.
L’agence explique : « S’agissant des éléments de comparaison, ni les informations collectées auprès d’une vingtaine d’homologues de l’Anses à travers l’Europe, y compris dans des pays où l’éolien est plus développé, ni l’analyse bibliographique n’ont rapporté l’existence de problèmes de cette nature ». Concernant la situation des deux élevages, pour les mammites, la diminution de la quantité et de la qualité du lait, les troubles de la reproduction et la mortalité, le rapport d’expertise conclut que « quel que soit l’agent physique considéré, la chronologie des troubles est incompatible avec les périodes de construction et de mise en service du parc éolien ». Pour les autres troubles, les experts concluent que « les niveaux d’exposition à la plupart des agents physiques sont faibles et ne diffèrent pas de ceux rencontrés habituellement dans un élevage ». Ils ont cependant constaté un niveau d’exposition aux courants parasites inhabituel dans les bâtiments des deux élevages, qu’ils estiment « probablement dus à leurs installations électriques ».

Ils estiment que « d’autres causes non étudiées pourraient être à l’origine des troubles rencontrés, comme des maladies, des pratiques d’élevage, etc.».
 

Des résultats non extrapolables à d’autres situations

L’Anses explique que « l’ancienneté des faits et les informations morcelées ont rendu l’expertise difficile » et recommande « d’établir un protocole standardisé d’évaluation afin de traiter au plus tôt une situation semblable rencontrée dans un élevage. Celui-ci devra permettre de rechercher les causes des troubles de façon globale et sans a priori, en intégrant aussi bien les agents physiques que les aspects sanitaires et de conduite d’élevage. Il devra également veiller à assurer la traçabilité des difficultés rencontrées par les élevages ».

Pour l’Anses, les résultats obtenus dans ces deux élevages ne sont pas extrapolables à d’autres situations et affirme « qu’un travail de recherche et de surveillance serait à mener pour statuer sur l’impact potentiel des éoliennes sur la santé et le bien-être des animaux d’élevage ». Les experts recommandent ainsi la réalisation d’une étude « cas témoins » comparant des élevages situés à proximité ou non d’éoliennes, ou d’études sur un même site, qui seraient réalisées avant et après l’installation d’éoliennes dans leur environnement.

L’Anses conclut : « Peu d’études étant disponibles sur la sensibilité des animaux d’élevage aux agents physiques, les recherches sur ce sujet devraient être renforcées. Enfin, un système de déclaration centralisé des effets indésirables suite à l’installation d’éoliennes pourrait être mis en place, à l’image de ce qui existe pour déclarer les effets indésirables des médicaments vétérinaires ».
 

Lire le rapport de l'Anses entier :

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