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Tribunal du Mans : pourquoi les antispécistes écopent de « (trop) légères » peines

Le tribunal correctionnel du Mans a condamné neuf militants antispécistes à des amendes, peines de prison avec sursis et travaux d’intérêt général. Des peines jugées « trop légères » par les agriculteurs victimes d’intrusions et de tags dans leurs exploitations.

Miliants antispécistes au Mans.
Les activistes animalistes le 28 janvier dernier devant le tribunal correctionnel du Mans.
© FDSEA 53

Le tribunal correctionnel du Mans a rendu son verdict, le 31 mars, dans le procès de neuf militants antispécistes poursuivis pour des intrusions et des tags dans des élevages. Dans l’attente de la publication officielle du délibéré, selon nos informations, les prévenus auraient été condamnés à des peines allant selon les prévenus, de 250 à 2000 euros d’amende à 140 heures de travaux d’intérêt général en passant par 4 à 10 mois de prison avec sursis.

Le tribunal ne sanctionne que symboliquement les 9 militants

Des peines jugées « dérisoires » par le collectif les Z’Homnivores, créé en 2017 par des agriculteurs et industriels bretons confrontés à des attaques d’animalistes. Dans un communiqué, le collectif estime que « la décision rendue par le tribunal du Mans ne sanctionne que symboliquement les 9 militants antispécistes pour leurs actes de dégradation dans des élevages ».

« Les prévenus étaient accusés de s’être introduits sur des exploitations où résident, pour la plupart, les agriculteurs et leurs familles de fin 2019 à avril 2021, de dégradations, tags insultants et violents, diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux et intimidations », souligne le communiqué de Z’Homnivores.

Tags effectués par des animalistes le 28 août 2020 dans une ferme du Finistère.

Parmi les victimes : Guillaume Divanach, salarié et futur repreneur de l’élevage familial de porcs et de vaches laitières à Plonevez-Porzay dans le Finistère. Le 28 août 2020, des animalistes s’étaient introduits sur l’exploitation pour inscrire deux tags : « élevage = nazisme » et « Auschwitz n’a jamais fermé ». « 8 à 10 mois après, ils étaient retrouvés par la cellule Déméter », raconte-t-il.

« Un no man’s land juridique »

« Les peines nous semblent extrêmement légères. Nous faisons le constat que la justice ne peut pas prendre en compte la gravité, la portée de l’acte symbolique, le préjudice moral pour les éleveurs et les industries agroalimentaires », commente Hervé Le Prince, porte-parole du collectif. « Les peines du procès sont extrêmement faibles », estime aussi Etienne Fourmont, éleveur laitier connu sur twitter sur le pseudo @Agrikol dans une vidéo.

« Alors que la cellule Déméter fait un travail d’enquête extraordinaire sur le terrain, on arrive en France dans un no man’s land juridique, dans lequel les animalistes s’insèrent. Alors qu’en Australie, en Europe du Nord ou aux Etats-Unis, ces actes ont été criminalisés », explique Hervé Le Prince qui craint que ces condamnations envoient un mauvais signal aux accusés.

« Il faut d’autres procès et d’autres actions. C’est machiavélique l’idée que l’on puisse criminaliser en France les animalistes », a d’ailleurs déclaré juste après la délibération, Vincent Aubry, 35 ans, fondateur et porte-parole du collectif Animal1st, dans une vidéo. L’activiste juge de son côté les peines trop lourdes et s’inquiète de l’accusation d’association de malfaiteur retenue notamment dans ce qu’il appelle « la sortie de 7 agneaux d’un élevage dans l’Eure lors du week-end de Pâques ».

Une décision dont s’est félicitée la FDSEA de la Mayenne dans un communiqué, en espérant que cette reconnaissance « d’association de malfaiteurs » pourrait faire désormais jurisprudence lors des prochains procès.

Sanctions plus lourdes pour les vols d’animaux

Ce délit fera l’objet d’un second procès le 15 novembre prochain au civil. « Dans le cadre du vol d’animaux, la loi prévoit des sanctions plus lourdes », souligne Herbé Le Prince. C’est pourquoi l’association 269 Libération et ses deux fondateurs ont été condamnés à plusieurs reprises. Le collectif Z’homnivores mène un travail de longue haleine pour sensibiliser les parlementaires sur la prise en compte également du préjudice moral lors de dégradations symboliques.

Guillaume Divanach devant la fresque qui recouvre les tags des activistes.

« Ce n’est pas anodin. Le contexte agricole est déjà très incertain, cette menace vient s’ajouter à des effets de conjoncture », témoigne Guillaume Divanach, 26 ans. Dans la ferme, les tags ont été recouverts d’une jolie fresque et le jeune éleveur a toujours envie de reprendre l’exploitation familiale. « Ce genre d’épisode met un peu un coup d’arrêt mais grâce au soutien au sein du milieu agricole, on s’en détache. Je suis fier d’être agriculteur en France avec des vaches laitières qui pâturent tous les jours ».

 

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