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Suicide des agriculteurs : la profession prend le sujet à bras-le-corps

Après plusieurs rapports parlementaires sur le sujet du mal-être des agriculteurs, des responsables professionnels formulent des propositions visant à alimenter le plan d’actions promis par le gouvernement.

Mal-être
© Pixabay

529 agriculteurs se sont suicidés en 2016, selon les derniers chiffres de Santé Publique France. Ce nombre est 30% supérieur au taux de suicides dans les autres professions et 60% des suicides chez les agriculteurs interviennent entre 55 et 70 ans, principalement chez les hommes. Après la remise du rapport du député du Lot-et-Garonne Olivier Damaisin au gouvernement le 1er décembre dernier et celui des sénateurs Françoise Férat et Henri Cabanel en mars dernier, la profession agricole (FNSEA, JA, Chambres d’agriculture et MSA) formalise à son tour, « sans tabou », des propositions face au mal-être des agriculteurs. Et ce, en vue du plan d’actions que Julien Denormandie devrait annoncer en septembre suite à une mission confiée à Frédéric Poisson, ingénieur général du CGAAER.

Lire aussi : Agir pour prévenir le suicide en agriculture

« On prend le sujet à bras-le-corps », a assuré ce mercredi 30 juin à la presse Christiane Lambert, présidente du Conseil de l’agriculture française (CAF). « Cette situation du mal-être en agriculture est inacceptable », déclarait un peu plus tôt Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA, au micro de RTL à l’occasion de la formulation de propositions pour mieux accompagner les exploitations et les exploitations en difficulté. Tour d’horizon des actions et propositions mises sur la table.

Rendre les initiatives existantes plus lisibles

Alors que de nombreuses initiatives d’accompagnement des agriculteurs en difficulté existent sur le terrain, la profession a reconnu un effort nécessaire de structuration et coordination pointé du doigt par Olivier Damaisin. Sur le site Agri’collectif a ainsi été mise à jour une carte de France des cellules d’accompagnement gérées par les Chambres d’agriculture avec la FNSEA et JA avec une liste de référents dans chaque département. Le dispositif d’aide aux agriculteurs en difficulté est désormais baptisé Réagir.

Carte consultable : ici.

« On accompagne tous les ans 4000 agriculteurs que l’on suit environ deux ans, soit 10 000 agriculteurs suivis en permanence dont 60% s’en sortent en retrouvant de la solidité financière au niveau de leur exploitation », souligne Sébastien Windsor, président des Chambres d’agriculteurs qui aimerait que cette proportion passe à 90-95%. Une mission qui mobilise un à deux ETP par département.

Un numéro d’écoute : 09 69 39 29 19

La MSA pour sa part rappelle qu’un service d’écoute et d’aide psychologique ouvert 24h/24 et 7/7 est dédié aux agriculteurs en difficultés. Il est accessible au 09 69 39 29 19, dans l’attente par les professionnels « d’un numéro à trois chiffres », souligne Luc Smessaert. Ouvert en 2014, le dispositif Agri-écoute s’est professionnalisé. MSA l’a confié à un prestataire privé qui mobilise des psychologues cliniciens formés à la gestion du mal-être et des situations de crises suicidaires.

Davantage sensibiliser les sentinelles

Pour mieux détecter les agriculteurs en difficulté et surtout le plus tôt possible, la profession souhaite élargir le réseau de sentinelles, formé par la MSA. L’objectif : permettre aux personnes qui sont en contact avec des agriculteurs (vétérinaires, contrôleurs laitiers, élus de la MSA…) d’alerter confidentiellement les cellules dédiées aux exploitants en difficulté.

Lire aussi : Les chiffres du suicide des agriculteurs difficiles à avaler

Demande d’aide à la retraite progressive

Les chiffres parlent d’eux-mêmes, le mal-être des agriculteurs se fait particulièrement ressentir en fin de vie professionnelle. Pour prévenir les suicides dans cette catégorie sensible, la profession agricole demande la mise en place d’une aide d’incitation à la retraite progressive. De 12 000 euros par an cette aide permettrait aux chefs d’exploitation en difficultés de quitter l’exploitation avant l’âge de la retraite (à partir de 57 ans), à condition de permettre l’installation aidée d’un jeune pour reprendre l’exploitation. « On demande un financement de 10 à 12 millions d’euros dans un objectif de 10 dossiers par département », commente Julien Rouger, des Jeunes agriculteurs.

Renforcer l’aide au répit

Afin d’aider les agriculteurs en difficulté à prendre du recul, la profession réclame également d’étoffer l’aide au répit en allant au-delà des 10 jours actuels, d’inciter à la prise de congé en allant plus loin que le crédit d’impôt remplacement pour les éleveurs ou encore d’améliorer le mi-temps thérapeutique pour permettre d’être remplacé sur l’exploitation.

Lire aussi : Une coach sur les routes de France à l'écoute des difficultés des agriculteurs

Développer le tutorat

Afin de sensibiliser les jeunes agriculteurs notamment aux problèmes que peuvent rencontrer les chefs d’entreprises agricoles, la profession propose aussi de développer le tutorat ou mentorat par des agriculteurs plus expérimentés ou des chefs d’entreprises d’autres secteurs, comme l’artisanat. « Le monde agricole n’a pas la même acceptation du dépôt de bilan que le monde de la petite entreprise : conforter les deux peut permettre de relativiser », estiment les membres du Conseil de l’agriculture française.

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