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Stress thermique en élevage bovins viande : quel est l'intérêt des ventilateurs ?

Pour limiter le stress thermique des jeunes bovins en engraissement, les brasseurs d’air trouvent leur intérêt technique et économique en seconde intention, quand certains prérequis sont là. Ils s'utilisent une bonne partie de l'année et pas seulement durant les périodes de fortes chaleurs. 

ventilateur à flux horizontal bâtiment élevage bovin
Les brasseurs d'air à flux horizontal s’installent en faisant un angle de 15 à 20 % par rapport à la verticale pour orienter l’air vers les flancs des animaux.
© Idele

« Pour limiter le stress thermique, il faut commencer par vérifier que la surface d’aire de vie par jeune bovin est conforme aux recommandations, que le bâtiment ne subit pas trop de rayonnements, que l’eau d’abreuvement est accessible à volonté (débit suffisant de 15-20 l/min, bonne répartition des points d'eau, abreuvoirs à la bonne hauteur et nettoyés régulièrement),et que le bâtiment est ouvert le plus possible », présente Patrick Sales, conseiller bâtiment de la chambre d’agriculture de l’Aveyron. « Avec ces pré-requis, on peut se poser la question d’installer des brasseurs d'air. »

On distingue les systèmes de ventilation mécanique des bâtiments pour le  renouvellement de l’air par extraction ou surpression à l’année et en particulier l’hiver, et les ventilateurs brasseurs d’air, dont l’objectif est d’améliorer le confort thermique des animaux en périodes chaudes parce qu'ils permettent d'obtenir des vitesses d'air importantes à la différence des ventilateurs.

Pour ces derniers, les systèmes qui s’installent en élevage bovins viande sont les mêmes qu’en élevage laitier. « Ils sont soit à flux horizontaux soit à flux verticaux. On cherche dans les deux cas à créer des courants d’air arrivant sur les flancs des animaux à la vitesse de 1 mètre par seconde pour leur permettre de lutter contre l’augmentation de leur température corporelle », explique Patrick Sales. Ils se posent de façon à faire entrer l’air le plus frais possible, du côté ombragé l'après-midi, et sortir l'air chargé du côté opposé. 

Il existe aussi des systèmes de gaines soufflantes pour ventiler les bâtiments d'engraissement de jeunes bovins. 

D'abord ouvrir le bâtiment au maximum

 
 

S’il faut choisir pour raisons budgétaires quelle partie du bâtiment équiper, les brasseurs se positionnent sur la zone derrière les cornadis plutôt que sur l’aire de repos, afin de favoriser la venue à l’auge et à l'abreuvoir des jeunes bovins. Le niveau de confort doit surtout être homogène dans la longueur du bâtiment pour qu'ils ne se serrent pas les uns contre les autres dans certaines zones, ce qui aggraverait leur stress thermique.

La régulation des ventilateurs se programme. « En été, il faut démarrer suffisamment tôt et que la plage de température visée soit suffisamment courte, de 4 °C, pour que l’équipement soit réactif », développe Patrick Sales. En général, les ventilateurs se déclenchent à 15 °C à 15-20 % de leur puissance, ils passent ensuite à 90-100 % pour arriver à contrôler l’élévation de température ressentie par les bovins.  

Brasseurs d'air à flux horizontal ou à flux vertical

A titre indicatif, les brasseurs à pâles, qui créent un flux d’air vertical, ont des portées de 10 à 15 m selon leur taille. Le bâtiment doit être suffisamment haut pour pouvoir installer ce type de matériel. Les brasseurs à flux d'air horizontal, qui se posent en faisant un angle de 15 à 20 % par rapport à la verticale pour orienter l’air vers les flancs des animaux, sont à prévoir de 12 à 15 m les uns des autres.

 
 

Equiper un bâtiment en brasseurs d’air représente un certain coût. Pour Pierre-Antoine Comte, responsable mise en production chez Sicarev Coop, les brasseurs d’air présentent un retour sur investissement très rapide en engraissement de jeunes bovins. « Cet équipement se raisonne dans le cadre d’un diagnostic global du bâtiment sur les surfaces de sortie d’air (bardages, faitage, plaques en écaille, filets brise-vents mécanisés…). Le choix entre ventilateurs à flux horizontal ou à flux vertical dépend uniquement de la configuration du bâtiment. »
 

Litière asséchée et mouches chassées 

Les brasseurs d'air s’emploient par périodes dès le mois d’avril et jusqu’à octobre pour le spécialiste, qui rappelle que le niveau de stress thermique des jeunes bovins s’évalue via l’indicateur THI (indice de température et d’humidité), auquel il faudrait ajouter l’effet de la vitesse de l’air et du rayonnement pour apprécier le "ressenti" de l'animal : c'est le HLI (heat loaded index). La question de l'intérêt des ventilateurs se pose ainsi sur l'année, et ne se raisonne pas comme solution d'urgence en période de canicule au sens du "ressenti humain".

Les brasseurs apportent aussi d’autres avantages pour les jeunes bovins : ils permettent d’assécher la litière, notamment en été celle des flaques qui se créent autour des abreuvoirs, et la circulation de l’air chasse les mouches, améliorant ainsi leur confort.

Lire aussi : Evaluer le stress thermique chez les bovins à l'engraissement

« Durant l’hiver, les brasseurs sont aussi intéressants. Ils réduisent l’humidité de la litière et en évacuant plus vite l’air, abaissent la teneur en ammoniac de l’ambiance. Ceci est favorable à la prévention des boiteries et des maladies respiratoires », explique Pierre-Antoine Comte. Ils sont mis en route en particulier les semaines où il a du brouillard, où le temps est humide. Au moment du paillage, ils peuvent être lançés quelques minutes à forte vitesse pour évacuer rapidement la poussière. 

En revanche, Sicarev Coop ne recommande pas les brumisateurs en bâtiment d’engraissement pour bovins viande. « La brumisation risque de faire augmenter le taux d’humidité du bâtiment et si celui-ci est mal ventilé, un effet « hammam » se produit et le stress thermique est amplifié. »

ventilateur à flux vertical stress thermaique bâtiment élevage bovin
Les brasseurs d'air à flux vertical envoient l’air vers le sol. Ils sont installés à un minimum de 4 m du sol, et les extrémités des pales doivent être à 1,50 m du toit.
 

Un retour sur investissement rapide en engraissement

Par exemple pour un bâtiment d’engraissement de 500 places, avec 600 jeunes bovins vendus par an, l’investissement tourne autour de 20 000 euros selon Sicarev Coop. « Sur cinq ans, cela représente 6,70 euros d’investissement par jeune bovin et par an. Le retour sur investissement est atteint dès un gain de GMQ minime, de l’ordre de 10 g/jour. Il peut même être atteint dès la première année », relève Pierre-Antoine Comte. Le dispositif d’aide aux petits équipements à permis d’obtenir jusqu’à 40% d’aide (plafond 10 000 €) pour la région BFC. Il est désormais fermé. Le dispositif PCAE doit permettre d’obtenir également des aides pour chaque région (BFC, AURA,…).

Les ventilateurs peuvent être posés par l’éleveur (dans le respect des hauteurs, inclinaisons...). Un électricien intervient pour le câblage. « L’idéal serait de mesurer les vitesses d’air avec un anémomètre à fil chaud à la mise en service et de rectifier certains réglages au besoin, et d'expliquer aux éleveurs le pilotage du boitier de régulation » recommande Patrick Sales.

« La consommation d’électricité représente de l’ordre de 5 à 10 euros par tête sur la période d’été quand ils tournent à plus forte puissance. Des éleveurs souhaitent mettre en place l’autoconsommation de l’électricité produite par les panneaux photovoltaïques du bâtiment, ce qui pourrait absorber 50 à 70 % de la consommation des ventilateurs sur l’été », explique Pierre-Antoine Comte.

En savoir plus

Le Cniel, des chambres d’agriculture, le BTPL et des contrôles laitiers ont rédigé en 2023 un document technique de synthèse sur la ventilation mécanique publié par Terre de Lait. Il est disponible gratuitement sur le site https://cniel-infos.com. 

 
 
bâtiment engraissement jeunes bovins
Il existe aussi des systèmes de gaines soufflantes pour ventiler les bâtiments d'engraissement de jeunes bovins. 
 
 
 

 

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