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Se lancer dans la transformation avec l’appui d’un réseau

Vous avez envie de vous lancer dans la transformation mais vous n’osez pas franchir le pas devant l’ampleur des tâches à accomplir et des compétences nécessaires ? Des solutions d’accompagnement et de délégation de certaines missions en réseau existent.

<em class="placeholder">Gwénaël Justome, éleveur bio dans le Morbihan et membre du réseau Invitation à la ferme, a obtenu une médaille d&#039;argent au concours général agricole de Paris en 2025 ...</em>
Le réseau Invitation à la ferme permet de mutualiser les coûts et les compétences, et d'échanger des conseils.
© Ferme de Kerdestan

Se lancer dans la transformation avec l’appui d’un réseau

Vous avez envie de vous lancer dans la transformation mais vous n’osez pas franchir le pas devant l’ampleur des tâches à accomplir et des compétences nécessaires ? Des solutions d’accompagnement et de délégation de certaines missions en réseau existent.

Transformer le lait de son troupeau en yaourts et autres produits laitiers pour les vendre en direct ramène de la valeur ajoutée sur l’exploitation et permet souvent de créer de l’emploi. Mais, revers de la médaille, la transformation et la vente directe sont des activités chronophages qui demandent de multiples compétences (techniques, commerciales, logistiques).

Pour alléger ces contraintes et faciliter le démarrage d’activité, des éleveurs ont décidé de jouer collectif en travaillant au sein de réseaux qui mutualisent compétences et achats, ou avec des entreprises qui louent des unités de transformation.

Sécuriser les débouchés

Avant d’investir dans un laboratoire de transformation, une étude de marché aide à connaître le potentiel d’achat et à construire son business plan.

Rassuré par la proximité de l’agglomération de Lorient et de la côte bretonne, Gwenaël Justome, éleveur à Inzinzac-Lochrist dans le Morbihan, s’est lancé, avec son épouse Annie, dans la transformation en 2009. Pour se développer et épauler les éleveurs voulant se lancer, il a contribué avec une dizaine de collègues à l’essor du réseau Invitation à la ferme. « Pour sécuriser les débouchés, Invitation à la ferme a fait le choix de n’accompagner qu’un éleveur par produit et par zone de chalandise », explique l’éleveur.

Éviter d’investir lourdement

Une fois rassuré sur les débouchés, il faudra réfléchir au matériel nécessaire, concevoir un laboratoire de transformation, monter les dossiers administratifs. « J’étais bien contente de ne pas avoir à gérer ça seule », se souvient Laure Ronsin, qui, pour se lancer en 2021, a choisi de travailler avec la start-up Resan.

Lancée par un producteur de lait, Resan a conçu une unité de transformation qui tient dans un container maritime. « Le container arrive sur l’exploitation tout équipé pour la transformation et le conditionnement. Il n’y a pas beaucoup de travaux à faire, juste une chambre froide et un local de stockage », apprécie Laure Ronsin, qui fabrique des yaourts dans l’Aisne. L’unité de transformation est louée, ce qui facilite le montage financier. « Il n’y a pas d’investissement à amortir, juste le loyer de 1 550 euros par mois à payer, détaille la jeune femme. Ça met moins de pression. S’il y a des changements sur l’exploitation, si la transformation ne vous convient plus, c’est plus simple d’arrêter que quand on a des investissements à amortir. »

Bénéficier de partenariats avec les fabricants de matériel

Si chacun fait ses propres investissements, les éleveurs membres du réseau Invitation à la ferme sont conseillés pour la création de leur laboratoire. Des partenariats avec des fabricants de matériel leur donnent accès à des tarifs collectifs. « Cela permet d’être sûr que le matériel est adapté à nos besoins et comme on a le même, c’est plus simple pour s’entraider en cas de panne », reconnaît Gwenaël Justome.

Mutualiser les coûts, partager la valeur

Travailler en réseau apporte du soutien aux éleveurs tout au long de leur activité. Au niveau économique, via des achats en commun. « Mutualiser avec Invitation à la ferme tout ce qui rentre dans le pot nous permet d’être plus compétitifs, apprécie Gwenaël Justome. Par ailleurs, nous avons créé une SAS avec une voix par ferme. Nous touchons des dividendes quand l’activité se porte bien. Les achats en commun et ce partage de valeur ajoutée nous permettent de payer les salariés et de nous rémunérer correctement par rapport à notre temps de travail. »

Partager les compétences

Travailler en réseau aide aussi dans les multiples compétences que requiert la transformation. « Je ne me serai pas lancée seule. C’est compliqué de développer une gamme, de trouver des clients, reconnaît Laure Ronsin. Même une fois l’activité lancée, le réseau me permet d’être accompagnée à toutes les étapes. On ne se sent jamais seul face à une question. » Recherche et développement, marketing, logistique, nombreuses sont les compétences à acquérir pour gérer et développer son activité. « Quand on est seul, on doit avoir plein de casquettes, ça prend du temps et de l’énergie, explique Gwenaël Justome, qui a débuté seul son activité. Ensemble avec le réseau, nous avons pu embaucher des salariés qui travaillent à l’amélioration de nos process, au marketing. Ce qui va bénéficier à chacun mais qu’aucun de nous n’aurait pu avoir seul. Nous avons pu, par exemple, avoir 12 médailles d’or au Concours général agricole 2025. »

Déléguer une partie de l’activité

En travaillant avec Resan, Laure Ronsin a fait le choix de déléguer la partie vente. « Autant j’ai un attrait pour l’élevage et la transformation, autant la partie commerciale m’attire moins, reconnaît la jeune femme. Resan rachète une partie de nos yaourts et les commercialise avec la marque « J’achète fermier » commune à tous les adhérents, les autres yaourts sont vendus en direct. Ce qui me décharge de la logistique et des négociations commerciales. Je ne passe pas de temps sur la route et je n’ai pas eu besoin de m’équiper d’un véhicule frigorifique. »

Organiser collectivement le développement

Les deux éleveurs apprécient qu’il n’y ait pas de concurrence au sein de leur réseau, mais qu’au contraire, le travail en commun soit un facteur de développement.

« Je suis passé de 400 000 pots par an en 2010 à 3 millions en 2024, vendus à 70 % en GMS, 30 % en restauration collective. Rien que sur l’année dernière, la transformation a connu une croissance de 14 %, apprécie Gwenaël Justome. Le réseau Invitation à la ferme a permis de développer l’activité tout en trouvant un bon équilibre entre la rémunération et le temps de travail. » Une étude de marché lui a montré que, dans sa zone de chalandise, il y avait le potentiel pour doubler la production. « Cela conforte le projet d’installation de notre fils, avec un nouveau bâtiment et un labo plus grand. »

Laure Ronsin est rassurée par le fait que Resan n’accepte de nouveaux éleveurs que quand il y a des débouchés assurés. « En termes de temps de travail, je suis déjà bien occupée. Selon la façon dont va évoluer l’exploitation, je sais que je peux augmenter ma production jusqu’à 50 000 litres transformés », estime la jeune femme.

Une belle croissance grâce au réseau

La ferme de Kerdestan de Gwenaël Justome, à Inzinzac-Lochrist (56)

50 vaches

300 000 litres de lait, dont 250 000 litres transformés

3 millions de pots de yaourts vendus en 2024 (yaourts et desserts en pot de 125 g et de 100 g), contre 400 000 pots en 2010

3 associés et 6 salariés

Gwenaël et Annie Justome se sont lancés dans la transformation en 2009, en produisant des yaourts nature et aux fruits, sous l’étiquette Ferme du Blavet. « En 2014, un agriculteur de Loire-Atlantique qui faisait aussi de la transformation m’a proposé de mutualiser nos achats, de rejoindre un réseau qui venait de se créer, retrace l’éleveur. C’était le début d’Invitation à la ferme. »

La transfo doit permettre de dégager un salaire

 

<em class="placeholder">Laure Ronsin, salariée sur la Ferme Lait&#039;lette dans l&#039;Aisne</em>
Laure Ronsin s'est lancée dans la transformation avec l'appui du réseau Resan. © Ferme de Lait'lette

Ferme de Lait’lette de Laure Ronsin à Landricourt (02)

115 vaches

825 000 litres de lait, dont 30 000 litres transformés

3 associés et 1 salariée

« En 2021, j’ai lancé la transformation pour créer mon activité, dégager un salaire et rejoindre mon mari sur l’exploitation familiale, retrace Laure Ronsin. D’avril 2024 à mars 2025, nous avons transformé 30 000 litres, soit 240 000 yaourts produits. Les moyens de transformation ne sont pas à saturation, on pourrait augmenter jusqu’à 50 000 litres transformés. Le lait est valorisé à 500 euros les 1 000 litres et la main-d’œuvre est rémunérée à 1,2 Smic. »

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