Reliquats d’aide PAC bio : quelles réactions suite à la redistribution présentée par Annie Genevard ?
La redistribution des reliquats d’aides PAC à la conversion en bio, présentée le 1er juillet par la ministre de l’Agriculture Annie Genevard en Conseil supérieur d’orientation (CSO), n’a pas fait l’unanimité au sein des organisations agricoles. Notamment, si les Jeunes agriculteurs saluent une « victoire », la Confédération paysanne dénonce des « arbitrages à contre-sens ».
La redistribution des reliquats d’aides PAC à la conversion en bio, présentée le 1er juillet par la ministre de l’Agriculture Annie Genevard en Conseil supérieur d’orientation (CSO), n’a pas fait l’unanimité au sein des organisations agricoles. Notamment, si les Jeunes agriculteurs saluent une « victoire », la Confédération paysanne dénonce des « arbitrages à contre-sens ».

Avec Agra Presse
108 M€ pour l’agriculture biologique sur 256 M€ au total
Lors du Conseil supérieur d’orientation et de coordination de l’économie agricole et alimentaire (CSO) le 1er juillet, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a présenté la redistribution des reliquats d'aides PAC à la conversion en bio. Sur les 257 millions d’euros (M€) d’aides non consommées en 2023 et 2024, 108 M€ reviennent à l’agriculture biologique, selon un communiqué du ministère de l’Agriculture. 96,3 M€ sont à destination des éco-régimes bio (qui atteindront 110 €/ha), et 12 M€ seront dédiés à un programme opérationnel sur le lait bio.
Aussi, comme indiqué par nos collègues d’Agra Presse, la ministre a donné rendez-vous à l'automne pour examiner les reliquats d'aide bio 2025, ce qui exclut qu'ils soient redistribués vers le premier pilier, notamment les éco-régimes, puisque les transferts entre piliers ne sont plus permis jusqu'à la fin de la programmation Pac après le 31 août.
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Quelle répartition des reliquats d'aide à la conversion en bio non consommés ?
Comme annoncé par la ministre début juin au congrès des Jeunes agriculteurs (JA), 55 M€ abonderont l’enveloppe de l’aide complémentaire au revenu pour les jeunes agriculteurs (ACJA) pour les années 2026 et 2027. Ce qui représente une augmentation de 25 % par rapport au montant actuel de cette aide. Et 20 M€ sont destinés à l’aideredistributive complémentaire au revenu.
Différentes filières, « en perte de souveraineté » selon le ministère, se voient aussi soutenues par des revalorisations d’aides déjà existantes : pour 2026 et 2027, 15 M€ seront destinés à l’aide couplée au blé dur, 15,2 M€ pour l’aide couplée ovine et 200 000 € pour l’aide couplée au houblon. 34 M€ soutiendront l'aide à l'investissement, portée par les Régions, et 33 M€ iront à des MAEC herbagères et zones intermédiaires (ZI).
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Une « victoire » pour les JA, un « contre-sens » pour la Conf’
Cette redistribution présentée par la ministre a été décrite comme une « victoire » par les Jeunes agriculteurs (JA). Dans un communiqué, le syndicat a salué les 55 M€ dédiés à l’ACJA, ainsi que différentes mesures décrites comme des priorités : revalorisation de l’éco-régime bio, programme opérationnel pour le lait bio, et le renforcement des MAEC herbagères et ZI. « Ces décisions concrètes vont dans le sens de nos revendications : donner les moyens à la jeunesse agricole de s’installer, produire et résister aux crises », se félicitent les JA.
La Confédération paysanne est plus critique et dénonce dans un communiqué des « arbitrages à contre-sens qui déshabillent l’agriculture biologique ». « Ils ne répondent ni aux difficultés des fermes bio et maraîchères, ni aux besoins des paysan·nes engagé·es dans la transition agroécologique », regrette le syndicat. Si la Confédération paysanne considère que la revalorisation de l’ACJA et de l’aide ovine « va dans le bon sens », elle juge que « les moyens utilisés pour les financer sont inacceptables ».
La Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) a quant à elle quitté le CSO en réponse à la redistribution annoncée, et a dénoncé un « hold-up » dans un communiqué. L’organisation condamne l’utilisation de ces reliquats pour « des mesures non bio », signe pour elle d’un « désengagement sans précédent de l'Etat » de l’agriculture biologique.
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Chambres d'agriculture France appelle à remonter les prix vers les producteurs bio
Chambres d'agriculture France a salué la « série de mesures importantes pour renforcer la structuration des filières agricoles et accompagner les transitions ». Dans un communiqué, l’organisation se félicite de la « part significative » des reliquats dédiés à la bio qui « permet de conforter les producteurs déjà engagés dans cette voie ». « Pour autant, la relance durable de l’agriculture biologique dépendra aussi de la capacité de l’ensemble des acteurs de la chaîne, y compris la grande distribution, à faire remonter les prix vers les producteurs », soutient Chambre d’agriculture France.
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Quelles réactions de la Coopération agricole, du Modef et des Régions de France ?
Selon nos collègues d’Agra Presse, le président de la Coopération agricole Dominique Chargé a aussi salué ces choix pour l’agriculture bio. « La situation nécessite effectivement d’accompagner les agriculteurs en agriculture biologique mais (...) au rythme où le marché progresse », soutient-il. Le Modef est ressorti plutôt satisfait de l'arbitrage, notamment de la revalorisation des aides couplées et en particulier celles ovines. Les Régions de France sont quant à elles déçues de l'enveloppe finalement allouée à l'aide à l'investissement (34 M€, contre 50 M€ annoncé au printemps), face à un besoin estimé de 470 M€.
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