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Comment un collectif chiffre le coût social et écologique de notre système agricole et alimentaire à 67 milliards d'euros

« L’injuste prix de notre alimentation – quels coûts pour la société et la planète ? » est le titre d’un rapport porté par un collectif de quatre organisations qui estime que le système agricole et alimentaire français génère des impacts économiques, sanitaires et environnementaux dramatiques. Comment ces coûts sont-ils calculés et quelles sont les propositions du collectif ?

Assiette de nourriture posée sur une table
Le rapport estime que le système agricole et alimentaire français génère des impacts économiques, sanitaires et environnementaux dramatiques.
© Myriam Tricoci

Publié le 17 septembre, un rapport, porté par Le Secours Catholique, le réseau Civam, Solidarité Paysans et la Fédération Française des Diabétiques, estime qu’en 2021 48,3 milliards d’euros de dépenses publiques ont été alloués pour faire tourner l’agriculture et les infrastructures alimentaires françaises. Il affirme que 19 milliards d’euros supplémentaires ont été dépensés pour compenser les effets négatifs de tout le système - dont 12,3 milliards pour la santé. « Des chiffres qui ne représentent que la partie émergée de l’iceberg : le chiffrage des dégâts de ce secteur sur la santé mentale, la perte de biodiversité, ou encore la dégradation des sols étant impossible en l’absence de données existantes, ou non effectué pour des raisons éthiques » ajoute le collectif.

Lire aussi : Notre système agricole et agroalimentaire français fait faillite, « et nous regardons ailleurs »

La faible rémunération des producteurs pointée du doigt

Selon le rapport, aux 12,3 milliards d’impact chiffré sur la santé, s’ajoutent, en termes d’ écologie, les conséquences de dégradations qui s’élevaient à 3,4 milliards d’euros en 2021 : atténuation du changement climatique, gestion des déchets, dépollution de l’eau, prise en charge des maladies liées à la pollution de l’air. Et d’autre part, en ce qui concerne le coût des impacts sociaux, le rapport affirme qu’il faut aussi tenir compte de dépenses atteignant 3,4 milliards d’euros en 2021 pour compenser la faiblesse des rémunérations dans le secteur agricole et tout au long de la chaîne.

« Plus de 80% des soutiens publics entretiennent une logique de course aux volumes »

Les 48,3 milliards d’euros de dépenses publiques seraient une bonne nouvelle note le rapport si plus de 80 % de ces soutiens ne bénéficiaient pas à des acteurs pris dans une logique de course aux volumes allant de pair avec la standardisation des matières premières agricoles et une pression sur les prix payés aux agriculteurs

Entre 1975 et 2000, les prix agricoles ont été divisés par deux, une baisse faiblement répercutée sur les consommateurs affirme le rapport qui explique qu’aujourd’hui, quand on dépense 100 euros pour faire ses courses, les producteurs ne touchent en moyenne que 7 euros.

étude sur le coût de l'alimentation

 

30 propositions listées par le collectif

Le collectif, pour un changement systémique et des effets pérennes ont listé  30 propositions déployables immédiatement aux niveaux national et local, permettant de remettre les territoires au centre de l’action. Parmi celle-ci, on retrouve notamment :

• Avoir un pilotage d’ensemble de l’action publique sur le sujet, avec une loi-cadre sur le droit à l’alimentation, à mettre en débat.

• Remettre la question de l’alimentation dans les mains des citoyens, au niveau national comme dans les territoires, avec des caisses alimentaires locales, en ouvrant les instances agricoles à la société, en donnant du poids accru aux collectivités, etc.

• En réponse à la crise écologique, massifier la transition agroécologique en soutenant les agriculteurs qui s’engagent dans cette voie, mais aussi en repensant l’organisation du reste de la chaîne pour que ces productions trouvent leur place dans les filières de transformation et de distribution, soient rémunératrices pour les producteurs, et parviennent de manière transparente jusqu’au consommateur.

• En réponse à la catastrophe sanitaire, réguler la publicité sur l’alimentation en particulier à destination des enfants, et massifier la transition agroécologique

• Dans une période budgétaire tendue, évaluer les effets écologiques et sociaux de milliards de soutiens publics, comme les exonérations, pour mieux les utiliser dans une perspective de transition.

Lire aussi : Systèmes alimentaires durables : que dit le rapport du CGAAER ?

 

Consommateurs et agriculteurs vivent des inégalités qui s’additionnent

« Consommateurs et agriculteurs vivent des inégalités qui s’additionnent. Produire des aliments de qualité et accessibles, tout en assurant une juste rémunération des producteurs est possible : il s’agit d’un projet de société et un investissement d’avenir » a notamment déclaré Didier Duriez, président, Secours Catholique - Caritas France.

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