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Quels sont les freins à la mise en place de la biosécurité dans les élevages de porcs ?

Malgré les formations biosécurité, les audits Pig Connect Biosécurité et les nombreux accompagnements proposés aux éleveurs, l’observance des mesures de biosécurité en élevage de porc n’est pas toujours au rendez-vous.

L’observance correspond à l’application de mesures recommandées ou imposées par une réglementation.

Plusieurs facteurs vont influer sur l’observance des mesures de biosécurité par les éleveurs.

Une faible perception du risque

La perception du risque est un de ces facteurs. Les éleveurs les plus sensibles aux risques d‘introduction de la maladie dans leurs élevages et aux conséquences qui en découlent seront bien plus enclins à mettre en place des mesures de biosécurité. Dans une enquête en ligne réalisée par l’Ifip auprès de 315 éleveurs, 40 % d’entre eux citent l’apparition de fièvre porcine africaine (FPA) en France comme facteur qui leur ferait améliorer le respect des mesures de biosécurité !

Un niveau d’information insuffisant

Le niveau de connaissance sur la biosécurité et la FPA peut également influer. Les éleveurs enquêtés se déclarent suffisamment informés sur la FPA (78 %) et sur la biosécurité (97 %). Néanmoins certains d’entre eux trouvent que les informations disponibles ne sont pas suffisantes ou pas adaptées : près de 30 % pensent que des réunions entre éleveurs pour parler des difficultés et des points d’amélioration leur feraient améliorer leur biosécurité. 40 % sont également demandeurs de formation du personnel de l’élevage.

Des mesures trop contraignantes

En termes de motivation, certains perçoivent la biosécurité comme une contrainte supplémentaire imposée par la réglementation. D’autres considèrent que certaines mesures ne sont pas adaptées à leur élevage ou ne sont pas convaincus de leur utilité. 35 % des éleveurs disent qu’être convaincu de l’utilité d’une mesure entraînerait son application. De plus il y a une forte corrélation entre le niveau d’importance d’une mesure accordé par l’éleveur et le niveau d’observance. Les éleveurs accordent plus d’importance aux mesures présentes dans leur élevage qu’à celles non présentes.

L’organisation du travail modifiée

Le manque de temps et les contraintes d’organisation du travail sont des freins importants, tout comme le poids des habitudes : il est souvent difficile de changer sa manière de travailler. C’est sans doute pour cela que des études ont montré que l’observance de la biosécurité diminue avec les années d’expérience de l’éleveur. Les freins peuvent être liés aux types de mesures : pour être mise en œuvre au quotidien la mesure ne doit pas être trop contraignante ou répétitive et elle doit être compatible avec la conception et l’organisation de l’élevage. L’importance de l’exemple l’est également : l’observance par les salariés est significativement corrélée à celle du responsable de l’élevage.

La conception de l’élevage ne le permet pas

La conception et l’organisation de l’élevage influencent les niveaux de biosécurité. Des études ont montré que les niveaux de biosécurité augmentent avec la taille de l’élevage et diminuent avec son ancienneté. De même, les mesures de biosécurité sont considérées comme plus importantes par les élevages spécialisés que par des élevages à activité mixte.

Des contraintes économiques importantes

Certains éleveurs ne veulent ou ne peuvent pas investir pour la rénovation, la restructuration ou la mise en place d’équipement permettant une meilleure biosécurité. Ce point est accentué pour ceux qui considèrent la biosécurité comme un coût supplémentaire sans retour sur investissement. Cependant, la biosécurité est rentable : des études réalisées par l’Ifip ont montré un écart de marge de l’ordre de 200 euros par truie présente et par an en faveur des élevages avec un niveau de biosécurité élevé. L’observance des mesures de biosécurité diminue avec le temps. Pour progresser ou maintenir son niveau, il faut continuer à sensibiliser, expliquer, accompagner et répéter. La biosécurité c’est partout, pour tous et tout le temps.

Isabelle Corrégé, Ifip isabelle.correge@ifip.asso.fr

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