Massif Central : les productions laitières produisent des lactosérums de bonne qualité nutritionnelle pour l'alimentation des porcs charcutiers
Des analyses réalisées par l’Ifip démontrent l’excellente qualité des lactosérums provenant des zones de montagne du Massif Central. Attention cependant à la variabilité importante des critères qui nécessite des analyses régulières.
Des analyses effectuées sur des lactosérums provenant du Massif central dans le cadre du programme Aporthe montrent de bonnes qualités nutritionnelles de ces produits, avec en moyenne un taux de matière sèche proche de 7 %.
Sur la base de 87 % de matière sèche, les teneurs moyennes en protéines (14 %), lactose (53 %) et lipides (10 %) apparaissent tout à fait intéressantes pour une valorisation en production porcine. Mais si globalement, les lactosérums présentent de bonnes caractéristiques, la variabilité observée de l’ensemble des critères montre toute l’utilité de pratiquer des analyses de composition. Afin de représenter la diversité des lactosérums rencontrés, les échantillons prélevés ont été regroupés en différentes catégories. On observe de grandes différences de la teneur en lipides pour les deux catégories de lactosérum de vache. Les teneurs en protéines des lactosérums de chèvre et de brebis sont supérieures à ceux des lactosérums de vache.
Un atout pour la production
Le lactosérum représente une ressource nutritionnelle très utile en production porcine. On considère pour une composition standard du colostrum que chaque kilogramme de matière sèche de produit équivaut sur le plan nutritionnel à un kilogramme d’aliment complet. La disponibilité de ce produit constitue par conséquent un atout pour le porc. Il est cependant primordial de connaître la valeur nutritionnelle des lactosérums car il existe une grande variabilité de composition en fonction de l’origine du lait (mode de production, espèce), du type de fromage et des éventuels procédés appliqués aux lactosérums. Les échantillons prélevés sont principalement des lactosérums bruts, produits et utilisés directement à la ferme. La plupart (14) sont issus de lait de vache, un échantillon provient de lait de brebis et deux de lait de chèvre.
Un tiers d’azote non digestible
Les analyses effectuées consistent à déterminer la teneur en azote total et non protéique, en cendres, en lipides, en lactose et en acide lactique. Il faut savoir que de façon naturelle une part de l’azote contenu dans le lactosérum n’est pas sous forme protéique. Cette part correspond à l’urée ou à l’azote ammoniacal qui n’est pas utilisée par les porcs. On la déduit de la teneur en azote total pour calculer la teneur réellement protéique du lactosérum. Cette part n’est pas négligeable : on parvient en moyenne avec nos échantillons à environ un tiers d’azote non protéique dans l’azote total ; soit 9 % de protéines (réelles) pour 14 % sur la base de l’azote total. D’autre part, la part d’azote non protéique peut indiquer une dégradation du lactosérum, il est donc utile d’analyser ce critère.
De l’énergie apportée par le lactose
Le lactose représente la source d’énergie principale du lactosérum. Le fait de compléter l’analyse de ce composant par le dosage de l’acide lactique permet de mieux approcher l’apport en énergie du lactosérum analysé. L’acide lactique étant issu de la dégradation du lactose, sa présence signale un début de dégradation du lactose et de la matière sèche du lactosérum. À ce stade (avant sa décomposition en CO2), il représente encore une source d’énergie valorisable par l’animal.
Didier Gaudré, didier.gaudré@ifip.asso.fr
Repères
Aporthe est un programme de recherche engagé afin de développer les savoirs en matière de complémentarité des ateliers porcins et bovins dans les élevages du Massif-Central afin d'améliorer la valorisation des effluents porcins en zone herbagère d’altitude et de promouvoir la résilience des systèmes mixtes porcins-bovins.
Retrouvez l’ensemble des actions de ce programme sur le site aporthe.fr