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Le soja reste toujours incontournable dans les formules des aliments porcs

Dans le contexte de flambée du coût des matières premières et de pénurie pour certaines, le tourteau de soja (hors non OGM) accroît son intérêt économique. Les formulateurs déploient des solutions pour limiter son incorporation.

Dans le contexte actuel de flambée du coût des matières premières destinées à l’alimentation animale, le tourteau de soja (hors non OGM) reste difficile à déloger des formules d’aliment porc.

Dans des formules optimisées sans contraintes inhérentes à des cahiers des charges, son taux d’incorporation aurait même tendance à augmenter.

 

 
Le soja reste toujours incontournable dans les formules des aliments porcs

 

« Les prix des coproduits issus de l’industrie des biocarburants (tourteaux de colza et drêches) et du tourteau de tournesol ont plus progressé ces derniers mois que celui du tourteau de soja importé », constate Sébastien Douet, nutritionniste Techna France Nutrition. « Les volumes de tourteau de colza semblent avoir atteint un plafond, en lien avec la production limitée des usines de biocarburant. Les drêches sont mieux valorisées par les ruminants. Les tourteaux de tournesol High Pro, essentiellement produits en Ukraine, deviennent rares ».

Il y a peu de pois sur les marchés

De même, il y a peu de protéagineux disponibles sur le marché français. « Le pois était beaucoup utilisé dans les années 2000, jusqu’à 25 % des formules d’aliment d’engraissement.

 

 
Le soja reste toujours incontournable dans les formules des aliments porcs

 

Des aides financières accordées aux producteurs avaient permis d’accroître les surfaces cultivées et les volumes disponibles pour l’alimentation animale. Aujourd’hui, les volumes sont très limités. » La féverole reste un marché de niche destiné à des productions locales telles que le bio. Les volumes commercialisés en alimentation animale sont négligeables. Autre source protéique porteuse d’espoir, le tourteau de soja expeller produit en France, plus gras que celui importé, ne représente encore que des tonnages faibles, essentiellement captés par des filières non OGM, dont certaines (bovins et volailles) les valorisent mieux que le porc. « Par ailleurs, il faut rappeler que le tourteau de soja a un profil d’acides aminés qui se rapproche fortement des besoins des porcs. Il permet de limiter l’utilisation des acides aminés de synthèse dont les prix ont également augmenté ces derniers mois. » Sébastien Douet souligne que les nutritionnistes savent formuler les aliments porcs sans soja. « Mais il faut bien avoir conscience que ces formules coûteront de plus en plus chères. »

Formuler sans minimum de protéines

Cependant, quelle que soit la matière première, le prix des ressources protéiques a plus augmenté que celui des céréales. « Nous sommes passés d’un écart de 50 à 100 euros la tonne dans les années 2000 à plus de 150-200 euros la tonne aujourd’hui. L’optimisation des formules et des programmes alimentaires est donc plus que jamais indispensable pour limiter l’inflation du prix des aliments. »

Malgré leur prix élevé, les acides aminés de synthèse constituent de puissants leviers pour optimiser les formules et réduire l’utilisation des matières premières protéiques. Il est désormais possible de formuler sans imposer un minimum de protéines grâce à l’arrivée de nouveaux acides aminés de synthèse sur le marché (isoleucine, histidine, leucine) qui viennent compléter une gamme déjà fournie (lysine, méthionine, thréonine, tryptophane, valine). « Ainsi, pour un aliment croissance formulé à 0,9 % de lysine par mégajoules d’énergie nette, la teneur protéique de l’aliment passe de 15 à 14,3 %. »

 

 

 

Même chose pour un aliment finition (de 14 à 13 %) et un « superfinition » (de 13 à 11,9 %). « Ces baisses permettent d’e réduire les coûts des formules jusqu’à 3,50 euros la tonne ».

Malgré ces importants progrès en termes de nutrition de précision et de formulation, il est difficile pour les nutritionnistes de prévoir l’évolution du marché des matières premières pour les prochaines années. « Le plan protéine pourrait augmenter les disponibilités en matières premières protéiques françaises. Mais au prix actuel des céréales, pourquoi les céréaliers s’embêteraient à diversifier leurs productions ? » Les nouvelles attentes sociétales posent également question. « Le bilan carbone de chaque matière première selon son origine est connu. On pourrait très bien formuler les aliments en prenant ce critère en compte. Mais au risque d’ajouter encore des coûts qu’il faudra répercuter sur le prix de vente. »

De nouvelles voies pour améliorer la digestibilité des protéines

De nouveaux traitements technologiques permettent d’améliorer la digestibilité et l’efficacité alimentaire des matières premières protéiques. « Le décorticage des graines de féverole ou le blutage (opération de broyage + tamisage) des tourteaux de tournesol permettent de réduire leur teneur en fibre. Ces procédés augmentent aussi la disponibilité des protéines », détaille Sébastien Douet. Par ailleurs, certains additifs améliorateurs de digestibilité sont désormais couramment utilisés par les fabricants d’aliment. « Par exemple, les phytases sont incorporées à raison de 2 000 unités dans les aliments porcelets, 1 000 unités dans les aliments d’engraissement. Leur rôle principal est d’améliorer la digestibilité du phosphore contenu dans les céréales. Mais ils permettent aussi de libérer des acides aminés. Dans le contexte inflationniste actuel, l’intérêt de ces additifs augmente fortement. »

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