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Génétique
Le Duroc Danois, un potentiel de croissance à maîtriser

La génétique danoise Danavl propose 160 verrats Duroc dans les deux principaux CIA français. Une offre alternative aux génétiques françaises, qu’il convient de bien cadrer en élevage.

Après un début timide à l’ombre de la truie Danavl, le Duroc Danois semble trouver ses marques dans les élevages français. C’est du moins l’avis de Philippe Chupin, le directeur de Danbred International France (DBI), qui revendique 160 verrats chez Yxia et Gènes Diffusion. « Depuis un an et demi, tous les verrats Duroc Danois qui arrivent en France sont triés sur leur index TMP, ce qui a permis de faire progresser rapidement les résultats de classement des issus », affirme-t-il. « Avec un taux de renouvellement annuel de 120 %, nous disposons aujourd’hui en France de verrats de haut niveau. Leurs issus croisés avec les truies Danavl bénéficient des caractéristiques de cette génétique tout en ayant des TMP et des plus-values d’abattage qui se rapprochent de ceux des issus de verrats Piétrain ».

Une performance remarquable, puisque le taux de muscle ne représente que 13 % de l’effort de sélection de la lignée Duroc Danois, dans un pays où ce critère ne constitue pas une priorité (voir encadré). Car Danavl a choisi d’exploiter cette génétique avant tout pour sa rusticité et sa croissance élevée. « Grâce à la tonicité des porcelets à la naissance, à l’absence de splay-leg, et à leur meilleure résistance aux maladies, le taux de pertes entre la naissance et la vente est inférieur de 4 % en moyenne à celui d’une génétique classique française », affirme Loïc Havez, conseiller génétique DBI. Par ailleurs, le GMQ moyen reconstitué 30-115 kg dans les élevages danois est de 940 grammes par jour. Soit plus de 120 grammes de croissance quotidienne, ce qui représente une réduction de près de deux semaines de la durée d’engraissement !

Un mode d’emploi précis

Une telle croissance n’est pas forcément souhaitable en France, où les objectifs de TMP supérieurs à ceux du Danemark nécessitent un rationnement des porcs en fin d’engraissement. C’est pourquoi l’équipe technique DBI France propose un mode d’emploi précis pour obtenir des taux de muscle à l’abattoir en adéquation avec les objectifs de plus-value. « Dès le post-sevrage et jusqu’en finition, nous préconisons des aliments haut de gamme, riches en énergie et en lysine, tout en étant bien pourvus en cellulose », explique Philippe Le Fouest, technico-commercial DBI. Pour un objectif de 850 grammes par jour de GMQ 30-115 kg, le technicien préconise un démarrage entre 42 et 44 grammes par kilo de poids vif, puis une forte progression de 34 grammes d’aliment par jour. « L’appétit des cochons permet généralement de maintenir cette progression jusqu’au plafond », constate-t-il. Un plafond qu’il fixe à 2,4 kg par jour pour les castrats, 2,5 kg pour les femelles si les animaux sont sexés, ce que DBI préconise. « Nous pouvons aussi mettre en place une courbe en cloche avec un plafond de 2,7 kg, puis un rationnement de 2,4 à 2,5 kg à partir de 90 kilos de poids vif. » Avec ce type de rationnement et d’aliment, DBI garantit des TMP de lots à plus de 60,5. « Un résultat d’autant plus facile à obtenir que le potentiel de croissance du Duroc évite d’avoir des porcs trop âgés à l’abattage qui déposeraient trop de gras, et que les lots particulièrement homogènes limitent le tri lors des départs », conclut Philippe Le Fouest.

En savoir plus :

La stratégie alimentaire DBI

Les aliments :

Deuxième âge Energie > 9,8 MJ EN ; lysine dig > 1,11 % ; cellulose > 3,7 %

Croissance Energie > 9,8 MJ EN ; lys dig > 0,9 % ; cellulose > 3,5 %

Finition Energie > 10 MJ EN ; lys dig > 0,83 % ; cellulose > 3,7 %

Plan d’alimentation en engraissement :

Démarrage 42-44 grammes/kg de poids vif (poids entrée 30 kg)

Progression 34 grammes/jour

Plafond 2,4 kg/jour pour les castrats et 2,5 kg pour les femelles. Possibilité de monter à 2,7 kg/jour, puis 2,4 à 2,5 kg à partir de 90 kg.

Danemark et France, deux marchés de la viande différents

Philippe Chupin explique pourquoi les lignées mâles Piétrain sont très présentes en France, alors qu’elles sont très peu répandues dans les autres pays européens. « Le marché français est dominé par le jambon et la longe. Il exige des carcasses maigres et un taux de muscle élevé. Ailleurs en Europe, les marchés sont beaucoup plus orientés vers la charcuterie et les produits transformés, qui réclament des carcasses moins conformées. Ce qui a permis à Danavl de ne pas focaliser sa sélection sur sa lignée mâle uniquement sur le taux de muscle, pour faire progresser d’autres critères essentiels dans la constitution du prix de revient comme la croissance et la rusticité ».

Des carcasses au top à l’abattoir

À la tête d’un atelier de 190 truies naisseur-engraisseur à Plélo dans les Côtes-d’Armor, Denis le Coqu utilise de la semence de verrats Duroc Danois depuis un an pour inséminer ses truies Danavl. « J’avais fait un premier essai en 2014 avec des résultats mitigés, puisque je n’avais pas adapté le programme alimentaire à cette génétique », explique l’éleveur. Cette fois-ci, les recommandations de DBI appliquées en engraissement ont porté leurs fruits : 60,8 de TMP qui permet une plus-value technique de 13,6 centimes pour des carcasses de 96 kg chaud, et un GMQ en engraissement de 883 grammes par jour, pour des animaux vendus en moyenne à 184 jours de vie (voir tableau). « Il faut leur donner à manger dès le départ, et ensuite ne pas oublier de les rationner en fin d’engraissement », résume l’éleveur, qui n’hésite pas à augmenter ses rations jusqu’à +14 % en phase de croissance. « Je le fais dès que je constate que les auges sont bien nettoyées trente minutes après les repas. » Depuis qu’il utilise le Duroc, Denis Le Coqu a remarqué que les lots sont plus homogènes en fin d’engraissement. Les pertes ont également diminué, pour se situer à 3 % entre le sevrage et la vente. « Ces animaux sont vigoureux dès la maternité. Je constate qu’il y a moins de diarrhées en post-sevrage, malgré un chargement important. Ils ne sont pas très conformés et n’ont pas une très belle apparence durant toute leur phase de croissance. Mais en fin d’engraissement, ils s’éclatent, ce qui permet d’obtenir des classements élevés et de bonnes plus-values », conclut-il.

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