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« La Faf intégrale d’occasion valorise nos céréales dans notre élevage de porcs »

L’EARL du Pont Lay s’est équipée en 2022 d’une Faf intégrale pour son élevage de 185 truies. L’achat d’équipements d’occasion et la part élevée d’auto-construction ont limité l’investissement.

Clémence Hillion et Cyril Le Manchec. « Nous avons saisi l’opportunité d’un cœur de Faf d’occasion en très bon état pour lancer le projet de Faf complète. »
Clémence Hillion et Cyril Le Manchec. « Nous avons saisi l’opportunité d’un cœur de Faf d’occasion en très bon état pour lancer le projet de Faf complète. »
© A. Puybasset

Depuis mars 2022, la Faf intégrale de l’EARL du Pont Lay fabrique tous les aliments (1er âge excepté) de l’atelier naisseur-engraisseur de 185 truies, situé à Plouvara dans les Côtes-d’Armor. Un type de Faf peu courant pour cette taille d’élevage et qui a été présenté par ses deux associés, Clémence Hillion et Cyril Le Manchec, lors d’un Rallye Faf organisé par leur groupement Evel’Up.

Le projet a été réalisé dans le cadre de l’installation de Cyril en 2021, parallèlement à la reprise de terres. « L’objectif était de valoriser nos céréales, d’améliorer notre autonomie alimentaire et de réduire le coût de production de l’aliment », a-t-il expliqué. « Depuis 2016, seul le maïs humide était valorisé sur le site principal, en mélange avec un complémentaire en engraissement et en gestante. Le reste des animaux de l’élevage était alimenté à sec avec de l’aliment du commerce », poursuit Clémence, en charge de l’élevage. Avec ses 180 hectares cultivables, l’exploitation est désormais 100 % autonome en termes de surfaces céréalières. « Nous achetons juste l’orge (200 tonnes), nos terres étant plus adaptées à la culture du colza (vendu en totalité) qu’à cette céréale. »

 

 
Les cellules de blé de 8,4 mètres ont été surdimensionnées d’une virole pour permettre de stocker davantage, en cas de vente de céréales ou d’évolution du ...
Les cellules de blé de 8,4 mètres ont été surdimensionnées d’une virole pour permettre de stocker davantage, en cas de vente de céréales ou d’évolution du parcellaire. © A. Puybasset

 

S’adapter aux distributions à sec et en soupe

Le choix d’une Faf intégrale se justifiait par le fait qu’elle permettait aussi de fabriquer l’aliment à sec, destiné au site d’engraissement extérieur, représentant la moitié des places. La présence d’une mélangeuse était nécessaire. « Investir dans une Faf neuve était peu envisageable, les volumes d’aliments étant insuffisants pour amortir les coûts de fabrication. Nous avons opté pour la solution d’une Faf d’occasion, saisissant l’opportunité d’un cœur de Faf à vendre sur internet (ensemble broyeur + mélangeur). »

Issu d’un élevage de canards, celui-ci datait de 2013 mais était en très bon état avec seulement trois années d’utilisation. Mis à part les cellules neuves de stockage du blé et de l’orge, trois quarts des équipements de la Faf sont d’occasion. La majeure partie a par ailleurs été autoconstruite par Cyril : le hangar de 300 m2 présent sur un autre site a été démonté et remonté pour y abriter la Faf, de même que le cœur de Faf, transporté du Sud-Ouest. Les éleveurs ont aussi participé au montage des cellules de blé et du convoyeur à chaînes.

 

 
Le maïs humide, stocké dans deux silos couloirs, est valorisé dans l’aliment des truies allaitantes et des porcs en engraissement du site principal.
Le maïs humide, stocké dans deux silos couloirs, est valorisé dans l’aliment des truies allaitantes et des porcs en engraissement du site principal. © A. Puybasset

Tout cela a permis de compresser les coûts et d’arriver à un investissement de 269 600 euros, moins les 48 000 euros d’aides PCAEA attendus. Les devis ont été signés en 2021, avant l’inflation du coût des matériaux. La Faf produit 1 500 tonnes d’aliment par an.

Avec un amortissement sur 7 et 15 ans, les annuités sont de 19,5 euros par tonne fabriquée et baisseront à 7 euros après 7 ans (1). Selon l’approche économique d’Evel’Up, le coût de la Faf de l’EARL du Pont Lay est de 37,5 euros par tonne actuellement, et atteindra 25 euros par tonne après 7 ans puis 19 euros par tonne après 15 ans.

 

 

 
La remorque Camara équipée de trois cellules approvisionne tous les silos d’aliment de l’élevage.
La remorque Camara équipée de trois cellules approvisionne tous les silos d’aliment de l’élevage. © A. Puybasset

 

100 % des céréales stockées à la récolte

La totalité des céréales est stockée à la récolte : 400 tonnes de maïs (équivalent sec) broyées par une ETA et stockées dans deux silos couloirs sous le hangar, 650 tonnes de blé dans deux cellules Agriconsult et 200 tonnes d’orge dans les cellules intérieures. Les matières premières utilisées dans les formules sont classiques : blé, orge, tourteaux de soja et de tournesol, ainsi que le maïs humide pour le site principal. Deux CMV sont nécessaires pour les porcs charcutiers, l’un pour les formules maïs du site soupe et l’autre pour les aliments distribués à sec à base de blé.

La Faf fabrique un peu tous les jours, essentiellement sur les heures de nuit. Chacune des huit formules est fabriquée une fois par semaine (aliments complets) ou tous les 15 jours (complémentaires). Le transport jusqu’aux silos de l’élevage est réalisé à l’aide d’une remorque distributrice, y compris pour ceux du site principal (pas de transfert direct de la Faf vers les silos). D’une capacité de 16 tonnes et d’un débit de 20-25 tonnes par heure, elle est composée de trois cellules qui peuvent être chargées de nuit. Cyril compte une petite heure par semaine pour livrer le site extérieur, situé à 3 kilomètres.

 

 
Le cœur de Faf (ensemble broyeur + mélangeur) acheté d'occasion a transporté du Sud-Ouest et monté par les éleveurs.
Le cœur de Faf (ensemble broyeur + mélangeur) acheté d'occasion a transporté du Sud-Ouest et monté par les éleveurs. © A. Puybasset

 

Davantage valoriser le maïs humide

Les travaux de la Faf ont couru sur presque un an. « Nous avons attendu que tout soit bien fonctionnel, avant de démarrer la fabrication. » Il reste désormais à équiper la Faf d’une fosse de réception, d’un pont-bascule et de deux cellules tampons de 50 tonnes. Les éleveurs projettent pour 2025 d’installer des panneaux photovoltaïques sur la toiture du hangar pour réduire les charges d’électricité et d’investir dans une nouvelle maternité. « Équipée d’une distribution en soupe, elle permettra de valoriser le maïs humide sur les truies allaitantes. » À plus long terme, l’objectif est de rapatrier les places d’engraissement extérieures sur le site principal, permettant de réduire les charges de main-d’œuvre de la fabrique.

(1) Y compris le montant du stockage de maïs restant à rembourser (3,7 €/t)

Le coût de fabrication de l’aliment est de 37 euros par tonne en plein amortissement

Solène Launay et Thierry Lahaye, conseillers nutrition d’Evel’Up

« L’autoconstruction a rendu la Faf intégrale rentable »

 

 
Solène Launay et Thierry Lahaye, conseillers nutrition d’Evel’Up
Solène Launay et Thierry Lahaye, conseillers nutrition d’Evel’Up © A. Puybasset
« L’achat de matériel d’occasion et l’autoconstruction ont rendu le projet de Faf intégrale rentable pour cet élevage de 185 truies naisseur-engraisseur. Avec un tonnage annuel de 1 500 tonnes, le coût de la Faf atteint 37 euros par tonne en pleine période d’amortissement. Avec du matériel et un hangar neuf, il aurait atteint près de 50 euros par tonne les premières années, ce qui ne passait pas économiquement. C’est bien le volume fabriqué qui permet d’écraser les coûts.

 

Le coût de la Faf de l’EARL du Pont Lay tient compte d’un coût de main-d’œuvre important (5,5 €/t, 15 min/t à 22 €/t) lié au stockage à plat du maïs et de la livraison par une remorque de l’ensemble des aliments, y compris sur le site principal.

Sur la première année de fonctionnement de mars 2022 à mars 2023, l’écart avec le prix d’aliment moyen du commerce était d’environ 25 euros par tonne (369,7 €/t, coût Faf compris contre 394,8 €/t pour l’aliment du commerce), sachant que le blé utilisé avait été acheté à la récolte de 2021, avant la remontée des cours. L’écart de prix sera beaucoup moins important sur l’année en cours. »

Carte d’identité

EARL du Pont Lay

2 associés (Clémence Hillion et Cyril Le Manchec) + 1 salarié

185 truies naisseur-engraisseur

Engraissement sur deux sites (700 places à soupe, 700 places à sec)

180 hectares (maïs, blé, colza)

1 460 tonnes d’aliment

Groupement Evel’Up

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