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Une analyse des chambres d’agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire
Des solutions pour améliorer l'autonomie protéique en aliment porc

Des voies d’amélioration de l’autonomie protéique des élevages sont mises en évidence par les diagnostics Devautop réalisés par les chambres d’agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire.

Les cultures de céréales et de protéagineux permettent aux élevages à fort lien au sol d'avoir une autonomie protéique élevée. © JC. Gutner
Les cultures de céréales et de protéagineux permettent aux élevages à fort lien au sol d'avoir une autonomie protéique élevée.
© JC. Gutner

Dans le cadre du projet Terunic, les chambres d’agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire ont réalisé avec l’outil Devautop des diagnostics d’autonomie protéique dans 20 fermes porcines (16 élevages conventionnels et 4 élevages biologiques). Dans chaque ferme, deux diagnostics ont été réalisés à partir des données de cultures et des performances d’élevage des années 2015 et 2017. Entre ces deux années, les éleveurs ont mis en œuvre des techniques pour améliorer leur autonomie protéique. Voici les principales conclusions de cette étude.

L’autonomie augmente avec le lien au sol

Dans l’échantillon de fermes conventionnelles, l’autonomie protéique des élevages varie de 0 à 41 %, avec une valeur moyenne égale à 24 % en 2015 et de 26 % en 2017. Cette amélioration est liée à plusieurs aspects. L’année 2017 a été une bonne année pour les rendements des cultures céréalières. La productivité des élevages (productivité et indice de consommation) s’est améliorée dans de nombreux élevages, en particulier dans les élevages à faible et moyen lien au sol. Pour les élevages à fort lien au sol, l’amélioration de l’autonomie protéique est aussi liée à l’augmentation de la SAU globale et les cultures de protéagineux. Dans les quatre élevages biologiques, une baisse de l’autonomie protéique est constatée entre 2015 et 2017. Cette dernière a été une année moins favorable pour les mélanges céréaliers dans les fermes enquêtées. L’autonomie protéique de ces systèmes de production s’est révélée être très sensible aux aléas climatiques et aux rendements des cultures.

Consommer moins ou produire plus de protéines

En élevage de porc conventionnel, les valeurs d’efficacité protéique évoluent entre 46 et 61 kg de matière azotée totale (MAT) pour 100 kg de carcasse, avec une valeur moyenne de 57,1 kg en 2015 et de 54,6 kg en 2017. Cette efficacité protéique est indépendante du lien au sol de l’exploitation. Elle situe la capacité de l’éleveur à optimiser sa consommation de protéines, et résulte des performances techniques de l’élevage (productivité et indice de consommation) et des choix de conduite de l’éleveur (teneur en MAT des aliments, conduite alimentaire, notamment en fin d’engraissement…). Les élevages les plus autonomes (fort lien au sol) ne sont pas forcément les plus efficaces. Ils ont choisi de produire plus de protéines sur leur exploitation. Alors que les éleveurs avec moins de liens au sol ont choisi de consommer moins de protéines dans leur élevage de porcs.

Moins de protéines dans les aliments en élevage conventionnel

Les différents leviers pour améliorer l’autonomie protéique choisis et mis en place dans les élevages entre 2015 et 2017 ont été proposés par les éleveurs. Dans le cas de la FAF, les éleveurs conventionnels privilégient la réduction des besoins de l’élevage qui permet d’améliorer cette autonomie sans avoir à produire davantage de protéines sur l’exploitation. Certains avaient déjà démarré cette démarche de progrès avant cette étude. Le premier levier mis en avant est la réduction de la teneur en protéines des aliments pour 11 éleveurs sur 16. Le deuxième est la valorisation de coproduits locaux riches en protéines. L’ajout d’acides aminés de synthèse permet d’équilibrer les formules d’aliment tout en réduisant les teneurs en protéines. Les leviers choisis en élevage biologique sont différents car les objectifs de production le sont aussi. Trois éleveurs sur quatre ont fait le choix de privilégier l’origine France pour les achats de soja biologique et de cultiver des protéagineux (pois, féveroles) pour leur propre consommation. Deux éleveurs en production biologique sur quatre ont également choisi de mieux valoriser les légumineuses fourragères par le pâturage ou la distribution de fourrages récoltés. Ils ont aussi testé de nouvelles matières premières riches en protéines (chanvre, orties…). Des coproduits locaux sont aussi valorisés dans les élevages de porcs biologiques.

Privilégier la MAT locale

Les chambres d’agriculture ont analysé l’origine de la protéine consommée par les porcs selon sa provenance, locale, française ou importée. Entre 2015 et 2017, quel que soit le lien au sol des élevages et en ajustant les apports aux besoins des porcs, la part de la MAT importée a diminué de 21 à 17 % en élevage conventionnel. À l’inverse, celle de la MAT locale a augmenté, parce que les éleveurs ont privilégié les achats de proximité (57 % en 2015, 60 % en 2017). En élevage de porc biologique, la part de MAT importée est faible (3 %). Elle se limite à l’achat de tourteau de soja biologique d’origine non française. La part de MAT locale (60 % en 2017) fluctue selon les variations de rendement des cultures produites sur l’exploitation.

En production conventionnelle, comme en production biologique, les éleveurs sont fortement motivés pour être moins dépendants des tourteaux importés. Ils souhaitent privilégier les matières premières locales. Différents leviers dont certains indépendants du lien au sol peuvent être mis en place par les éleveurs. L’outil Devautop donne la possibilité à l’éleveur d’évaluer son autonomie en protéines, de déterminer ses marges de progression et les leviers qu’il peut travailler pour s’améliorer. Cet outil permet aussi de comparer ses résultats dans le temps et avec ceux d’autres exploitants. Cet outil peut être utilisé dans les exploitations comme outil de conseil par les techniciens d’élevage ou bien comme support de formation avec un groupe d’éleveurs.

En savoir plus

Le profil des fermes enquêtées

Les 20 fermes étudiées ne constituent pas un échantillon représentatif des exploitations porcines de l’Ouest, mais elles ont été choisies sur la motivation des éleveurs à travailler sur l’autonomie protéique. Tous sont naisseurs engraisseurs et « fafeurs », à l’exception d’un élevage biologique naisseur. Pour s’affranchir de la taille des élevages et de la SAU destinée aux porcs, très variable dans notre échantillon, les fermes ont été réparties en trois classes de lien au sol, exprimé en hectare de SAU par truie présente, (faible : < 0,35 ha/truie ; moyen : 0,35 - 0,60 ha/truie et fort : > 0,60 ha/truie). Cet indicateur a été déjà utilisé dans d’autres études portant sur le système d’exploitation.

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