Limiter les risques d’arthrite du porcelet en cinq points clés
La prévention des boiteries du porcelet repose essentiellement sur l’hygiène, lors du nettoyage et de la désinfection des salles, ainsi que sur les conditions de soin et d’entretien du matériel.
La prévention des boiteries du porcelet repose essentiellement sur l’hygiène, lors du nettoyage et de la désinfection des salles, ainsi que sur les conditions de soin et d’entretien du matériel.

Lorsqu’elle est présente en élevage, l’arthrite infectieuse du porcelet est une problématique souvent difficile à juguler.
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Cette pathologie, qui se traduit par un gonflement des articulations et de la boiterie, peut occasionner de la mortalité et des traitements antibiotiques. « La problématique de boiterie est principalement centrée sur les porcelets, 75 % des traitements étant réalisés avant trois semaines de vie », a souligné Jeanne Dupuis, vétérinaire, lors du forum alterbiotique organisé par le groupe Réseau Cristal. « Le germe peut toutefois persister et évoluer en post-sevrage ou en engraissement, et être responsable de saisies et de non-valeurs économiques. » En cas de présence de boiterie dans un élevage, la vétérinaire conseille de réaliser un contrôle sur dix portées au sevrage afin de localiser les lésions puis d’élaborer un plan d’actions adapté. L’hygiène est le pilier de la prévention lors du nettoyage et de la désinfection pour réduire la pression de bactéries dans l’environnement. Elle passe aussi par la maîtrise des facteurs de risque d’introduction de germes lors des interventions réalisées auprès des porcelets, que la vétérinaire a listé en cinq points « de la tête à la queue du porcelet ».
1 Le meulage des dents
L’épointage des dents est une des voies prioritaires d’entrée des germes pouvant occasionner des arthrites. Le risque est d’atteindre la pulpe de la dent qui se trouve à un millimètre de profondeur. « De moins en moins réalisée systématiquement en élevage, cette pratique est mise en place en cas de nécessité, selon l’évaluation du risque de morsures et de lésions des mamelles et entre les porcelets (facteurs taille de portée, conduite en case liberté, gestion des adoptés, présence d’enrichissement, quantité de lait…) », rappelle la vétérinaire. S’il s’avère nécessaire, l’épointage implique le respect de bonnes pratiques : utilisation d’une meuleuse plutôt qu’une pince en enlevant uniquement la pointe (1 mm), meulage d’une dent à la fois, brossage et nettoyage du diamant au vinaigre blanc après chaque séance…
2 Les injections au niveau du cou
Les injections au niveau du cou (pour l’apport de fer, la vaccination ou un traitement médicamenteux) représentent une autre porte d’entrée potentielle de germes. L’aiguille doit avoir une taille adaptée à l’âge du porcelet (0,8*0,9 mm jusqu’à 7 jours d’âge) et être fréquemment changée, son extrémité s’écornant dès les premiers injections. Il est recommandé d’utiliser 1 aiguille pour 10 porcelets, soit 2 aiguilles par portée. « Attention aussi à la propreté des seringues porte-flacons ! Une étude a montré que le nettoyage à l’eau savonneuse associé à un stockage au réfrigérateur permettait de limiter efficacement la contamination des seringues. »
3 La gestion du cordon ombilical
L’enjeu est de limiter les infections du cordon et à plus long terme les hernies ombilicales. Elles peuvent être occasionnées par une traction sur les tissus (risque mécanique lié à l’étirement du cordon) ou par une remontée de germes pathogènes dans le cordon encore humide, qui va générer un abcès et gêner la cicatrisation de l’ombilic.
La désinfection à la teinture d’iode et l’utilisation d’asséchants sont efficaces sur les cordons encore humides, les bactéries se développant surtout en milieu humide.
« Si les soins sont réalisés tôt, les cordons trop longs peuvent être raccourcis pour éviter qu’ils ne se prennent dans les caillebotis, en utilisant une pince hémostatique ou par étirement. Mais attention à ne pas créer de tension à la base du cordon. »
4 La coupe de queue et la castration
Dans le cas des plaies chirurgicales, le processus de cicatrisation, qui se déroule en 6 à 7 jours dans le cas de la coupe de queue, peut être perturbé par une infection. « Une colonisation bactérienne trop importante va retarder la phase de prolifération du tissu cicatriciel. L’infection localisée devient alors systémique avec une plaie rouge, gonflée et purulente », détaille Jeanne Dupuis. « Cette rupture d’équilibre est provoquée par des facteurs locaux (plaie non franche, pression bactérienne…) mais aussi généraux d’immunodépression et de malnutrition », précise la vétérinaire, rappelant le rôle clé de l’apport suffisant de colostrum les premières heures. Cela nécessite d’être attentif aux pratiques de soins : utilisation d’un fer bien rouge, nettoyage de la lame avec une brosse métallique, changement de lame tous les 1 000 à 2000 porcelets. « Évitez le scalpel, qui ralentit le temps de cicatrisation en l’absence d’hémostase, et la pince hémostatique (risque de douleur). »

Dans le cas de la castration, le tissu cicatriciel se reforme vers 14 jours. « Avec une plaie dont les bords sont mal soudés, les croûtes persistantes au-delà d’une semaine sont une porte d’entrée aux germes. L’infection peut dégénérer par un abcès local puis au niveau des articulations, augmentant le risque d’arthrites. » Les bonnes pratiques de castration réalisée sous anesthésie locale avec analgésie passent par l’utilisation de deux scalpels (alternance et trempage dans une solution antiseptique, changement de lame toutes les 1 à 2 portées), le changement d’aiguille, l’utilisation d’un désinfectant non irritant, le report en cas de diarrhée sur une portée…
5 Les lésions des pattes
Il s’agit souvent de plaies accidentelles, dures à prévenir, liées à un frottement au niveau des genoux principalement ou de plaies d’écrasement par les truies. Les plaies de frottement sont plus élevées les 7 premiers jours de vie ainsi que sur les sols plats que les sols surélevés, les mamelles des truies étant plus difficiles à atteindre par porcelet. Les sols plastiques sont également plus à risque que les sols en caoutchouc. « Avec le développement des cases en liberté en sol plat, on peut s’attendre à une augmentation des plaies aux genoux, sans forcément que cela dégénère en arthrites. La qualité de la désinfection du sol est essentielle pour favoriser une bonne cicatrisation et prévenir une infection. »
Le saviez-vous
Les porcelets avec arthrites ont une croissance inférieure de 9 % par rapport aux porcelets sans arthrite. Un écart qui s’explique par des déplacements plus difficiles pour s’alimenter et s’abreuver.
Les quatre localisations principales des arthrites sur le porcelet sont les pieds arrière (34 % des boiteries), les coudes (19 %), les pieds avant (17 %) et les jarrets (16 %).
Source : Zoric et al 2016