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La fièvre porcine africaine constitue une menace économique majeure pour la filière française

L’Ifip prévoit une perte du chiffre d’affaires des entreprises à l’export d’au moins 250 millions d’euros, et un décrochage du cours du porc de 20 et 30 centimes par kilo si le virus de la FPA arrive sur le territoire français.

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Des produits bien valorisés sur les pays tiers le sont beaucoup moins sur le marché intérieur et européen.
© D. Poilvet

Les dernières expériences de FPA en Europe ont montré que de grands importateurs mondiaux de porc comme la Chine, le Japon et la Corée du Sud ont subitement cessé leurs achats en provenance des pays infectés.

Si le virus arrive sur le territoire national, de nombreuses conséquences économiques sont attendues pour la filière porcine française : réaffectation des envois vers d’autres destinations (en volume et en valeur), baisse globale des exportations, baisses des prix moyens des produits à l’export, et, au final, des répercussions à la baisse sur les prix du porc à la production et des pièces de découpe.

 

 
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Graphique = Écart mensuel moyen des prix perçus en Allemagne par rapport à la moyenne des prix France-Danemark-Pays-Bas-Espagne © Source : Ifip

Un marché de l’export hautement perturbé

l’Ifip a estimé pour le secteur de l’export en France une perte de 256 à 364 millions d’euros selon le niveau de demande des pays tiers. Cette estimation a été réalisée dans le cadre du plan d’intervention sanitaire d’urgence (Pisu) élaboré par la profession et les pouvoirs publics en 2021. Pour en arriver à cette estimation, l’institut du porc s’est appuyé sur l’expérience de l’Allemagne. Dans ce pays, l’arrivée de la FPA en 2022 a entraîné un recul des exportations de 16 % en volume, avec une incidence particulièrement négative pour les marchés tiers (- 62 %). En valeur, l’impact économique a été en repli de 30 % tous débouchés confondus, dont - 70 % vers les marchés tiers. En France, une trentaine d’outils agréés vers les marchés asiatiques pourraient être concernés par une perte de débouchés. Compte tenu du portefeuille client des exportateurs français, la redistribution des flux vers le marché européen et d’autres destinations ne suffirait pas à compenser la fermeture des principaux marchés asiatiques. Depuis l’arrivée de la FPA sur son territoire, l’Allemagne a vendu davantage de produits sur certains pays d’Afrique avec un prix unitaire bien inférieur aux prix pratiqués sur les marchés asiatiques.

Baisse du prix du porc et des pièces

Une autre conséquence économique à prévoir est la chute du prix du porc à la production. La fermeture des marchés à l’export entraînera une hausse de l’offre disponible sur les marchés intérieur et européen, perturbant fortement la fluidité du commerce sur une longue période pouvant aller jusqu’à plusieurs mois. Le décrochage des cours à la production pourrait être de l’ordre de 14 %, soit une perte estimée entre 21 et 23 c/kg selon la situation conjoncturelle. Si la FPA était survenue en 2024, année où le prix du porc était à des niveaux records, la perte aurait été encore plus forte (-29 c/kg). Sur le plan national, les entreprises de la filière devront aussi faire face à des surcoûts liés à la réorganisation logistique et aux nouvelles exigences sanitaires, avec un chiffrage qui reste à établir.

Elisa Husson, elisa.husson@ifip.asso.fr

Mise en garde

Cette étude a été menée en 2020 et 2021 dans le cadre d’un exercice de simulation du déclenchement d’un plan d’intervention sanitaire d’urgence (Pisu) piloté par la direction départementale de la protection des populations (DDPP) du Finistère. Elle a été réalisée dans le contexte le plus défavorable pour les exportateurs, c’est-à-dire en l’absence d’accord commercial négocié avec les principaux pays destinataires. En décembre 2021, la France a signé un accord avec la Chine sur la reconnaissance du zonage. Cet accord garantit le maintien des exportations de produits issus de zones non infectées par le virus. L’accord de régionalisation mis en place notamment avec la Chine devrait permettre d’alléger ces impacts économiques. Une évaluation des conséquences économiques en élevage a aussi été conduite.

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