Les coûts de production des producteurs de porcs dans le monde ont baissé en 2024
En 2024, les coûts de production des élevages de porcs ont diminué dans la plupart des pays du réseau InterPIG, en lien avec la baisse du prix de l’aliment. Les résultats financiers se sont améliorés et ont été largement positifs.
En 2024, les coûts de production des élevages de porcs ont diminué dans la plupart des pays du réseau InterPIG, en lien avec la baisse du prix de l’aliment. Les résultats financiers se sont améliorés et ont été largement positifs.
En 2024, selon le réseau InterPIG, les coûts de production des élevages porcins dans le monde ont diminué de 7 % en moyenne par rapport à 2023, sous l’effet de la baisse du prix de l’aliment.
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Cette tendance concerne l’ensemble des 21 pays et régions participant à ce réseau, à l’exception de la Grande-Bretagne et de l’Ukraine, où les coûts restent orientés à la hausse.
Des profils de coûts hétérogènes selon les pays
En 2024, le coût de production des porcs standards des Amériques (Canada, États-Unis et Brésil) atteignait 1,49 €/kg carcasse chaude en moyenne. Ce niveau est très inférieur à celui des pays d’Europe. L’écart s’explique par les prix de l’aliment très compétitifs outre-Atlantique, mais aussi par des charges de main-d’œuvre et des prix des bâtiments inférieurs à ceux des Européens. En 2024, le coût alimentaire a reculé dans l’ensemble des pays étudiés, porté par la baisse des prix de l’aliment - à l’exception de l’Ukraine. Les récoltes de céréales et de soja ont en effet été bonnes, voire excellentes, sur le continent américain, tandis que la forte présence de la Russie sur le marché du blé a contenu les cours. Ainsi, la tendance à la baisse amorcée en 2023 s’est poursuivie en 2024, même si les prix sont restés nettement supérieurs à ceux de 2020, avant la crise des matières premières.
Plus largement, les écarts de coût de production entre pays reflètent à la fois les prix des facteurs de production — alimentation, main-d’œuvre, bâtiments — et les performances techniques des élevages : productivité des truies, indice de consommation, productivité du travail ou encore vitesse de croissance des animaux. Certaines charges opérationnelles spécifiques peuvent également peser lourd dans le coût final. Aux Pays Bas, la gestion des effluents d’élevage représente une dépense particulièrement élevée. L’alimentation reste quant à elle le plus gros poste de charge. Elle représente de 51 % du coût de revient en Finlande à 72 % dans le sud du Brésil, pour une moyenne (hors Ukraine) de 61 %.
Résultats en hausse par rapport à 2023
La baisse du coût alimentaire a contribué à une diminution généralisée des coûts de production à l’échelle internationale. En revanche, l’évolution des prix du porc a suivi des trajectoires contrastées selon les régions. Outre-Atlantique, les cours se sont redressés. Aux États-Unis, le dynamisme de la demande intérieure a soutenu les prix. Au Canada, la réduction des stocks et la hausse des exportations — notamment vers les États-Unis — ont permis une nette reprise, après une année 2023 particulièrement difficile. En Union européenne, l’année 2024 a marqué la fin de la décapitalisation des cheptels et une stabilisation de l’offre, entraînant une baisse généralisée des cours : – 9 % en France, – 8 % en Allemagne, – 11 % au Danemark et – 8 % en Espagne. Les exportations européennes restent contraintes par l’affaiblissement de la demande chinoise et l’écart de compétitivité existant avec les prix des viandes américaines et brésiliennes. Malgré la baisse des cours européens, les résultats – c’est-à-dire l’écart entre le prix perçu et le coût de production – sont restés globalement positifs en 2024, portés par la diminution des coûts. Au sein de l’Union européenne, seul le Danemark a affiché un résultat négatif (–5 centimes d’euro par kilo de carcasse chaude). Le prix danois reste en effet déconnecté des autres cotations, les coopératives fixant elles-mêmes leur prix d’achat, à un niveau inférieur à la moyenne européenne en 2024. Deux autres pays ont également enregistré des soldes négatifs : l’Ukraine et le Canada. En moyenne, sur l’ensemble des pays étudiés, les résultats financiers des élevages étaient donc logiquement positifs en 2024, autour de + 14 centimes d’euro par kilo de carcasse. La France se situait légèrement au-dessus de cette moyenne (+ 15 ct€/kg carc.). Les meilleures performances économiques revenaient à l’Espagne (+ 42 ct€/kg carc.), au Centre Ouest du Brésil (+ 56 ct€/kg carc.) et au Portugal (+ 63 ct€/kg carc.).
Lisa Le Clerc, lisa.leclerc@ifip.asso.fr
Le SDRP pénalise la productivité des truies en Espagne
L’épidémie de SDRP a continué de peser sur les performances techniques espagnoles.
En 2024, les mortalités en sevrage vente en Espagne ont atteint 13 %. Un niveau toujours élevé malgré une légère amélioration par rapport à 2023. Ces pertes ont eu un impact direct sur la productivité des truies. En moyenne, les éleveurs espagnols ont sevré 27 porcelets par truie en production en 2024, soit une baisse de 4,0 % par rapport à 2020. À titre de comparaison, les Danois, spécialistes de la reproduction, ont sevré 35,6 porcelets par truie, contre 32,7 aux Pays Bas et 31,2 en Allemagne. En France, la productivité s’est améliorée avec 31,5 porcelets sevrés par truie, soit + 2,4 % par rapport à 2023. De l’autre côté de l’Atlantique, la productivité est restée plus faible aux États-Unis et au Canada. Au Centre Ouest du Brésil, une actualisation des données en 2024 a mis en évidence une forte progression de la prolificité (+ 8 % de porcelets sevrés par truie et par an), liée notamment à la disparition d’élevages techniquement moins performants à la suite de la crise des matières premières de 2022.
En 2025, la baisse du cadran pèse sur les marges
Sur les trois premiers trimestres de l’année 2025, la comparaison entre le prix du porc en France et celui de l’aliment reste favorable aux éleveurs. Le prix du porc s’est maintenu à un niveau élevé, atteignant en moyenne 1,93 €/kg de carcasse froide, tandis que le coût de l’alimentation poursuit sa baisse depuis plusieurs mois. Cependant, la baisse régulière du cadran observée depuis juillet commence à peser sur les marges. L’écart entre le prix perçu et le coût de production se réduit progressivement et pourrait même devenir négatif dans les prochaines semaines.
Repère
Un réseau d’experts internationaux en production porcine
Le réseau InterPIG regroupe un panel mondial d‘experts spécialisés en production porcine. Depuis 2003, ils construisent une base de données commune des résultats technico-économiques des élevages de leur pays. Il accueille cette année l’Ukraine, nouvel arrivant, et le Canada, de retour après plusieurs années d’absence. L’une des particularités de la méthode InterPIG est d’évaluer les amortissements des bâtiments et équipements par leur valeur de remplacement à neuf, souvent supérieure aux amortissements comptables. Cette méthode estime des coûts de production relativement élevés, mais qui prennent en compte le besoin de réinvestissement à long terme pour maintenir le potentiel de production.