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Pâturer en toute saison pour réduire le concentré

La journée régionale ovine de Bretagne a mis l’accent sur la maîtrise de la consommation de concentré, un thème de plus en plus d’actualité.

« La consommation de concentré par kilo de carcasse produit est le deuxième facteur de maîtrise de la marge brute, après la productivité numérique », a souligné Vincent Bellet, de l’Institut de l’élevage, lors de la journée régionale ovine de Bretagne, organisée par la chambre d’agriculture et le GIE Élevage de Bretagne. S’y ajoutent l’inflation sur les intrants, encore renforcée par les impacts de la guerre en Ukraine, et des enjeux environnementaux (énergie pour la fabrication, émission de CO2) et sociaux (concurrence alimentaire).

Selon les systèmes, la consommation varie de 8 à 11 kg/kg carcasse produit (4,6 à 8,4 en système pastoral) et des marges de progrès existent. Le premier levier est de développer le pâturage pour les brebis à fort besoin (lactation) et éventuellement les agneaux, en privilégiant le pâturage tournant dynamique qui permet une meilleure valorisation de l’herbe. « L’idée est de caler les lactations sur la pousse de l’herbe, au printemps, mais aussi à l’automne, le changement climatique favorisant la pousse de l’herbe à l’automne », précise Vincent Bellet. Finir des agneaux à l’herbe au printemps ou à l’automne permet également de réduire la consommation de concentré. Autre piste : le pâturage hivernal des brebis, voire des agneaux, sur des agnelages d’automne et même de printemps (agneaux de plus de 10 mois), chez soi ou chez des voisins.

Des couverts végétaux (colza fourrager, ray-grass italien, choux, trèfles…), des dérobées, des chaumes, des repousses peuvent également se pâturer en hiver. « Pour un couvert à 3 t MS/ha, il faut compter 20 agneaux finis/ha ou 30 brebis/ha pendant trois semaines » précise Alain Gouedard, de la chambre d’agriculture de Bretagne. Autre solution encore : le pâturage de céréales au stade tallage, qui stimule le tallage, réduit l’enherbement, apporte de la fertilisation et se traduit en moyenne pour le céréalier par un gain de cinq quintaux à l’hectare.

Et d’autres possibilités existent encore. Baisser le chargement permet de couvrir plus de besoins par les fourrages et le pâturage. Baisser la part de contre-saison permet de caler les périodes de forts besoins sur la disponibilité en herbe, avec un risque toutefois au niveau de la filière sur l’approvisionnement des débouchés. Autre piste encore : la génétique. « La valeur laitière des brebis est essentielle, souligne Vincent Bellet. Plus de lait, c’est moins de concentré consommé par les agneaux. La prolificité, qui permet de diluer les consommations des brebis, est également importante. Et des différences existent aussi selon la génétique sur l’efficacité alimentaire des agneaux et leur précocité, importante notamment pour la finition à l’herbe. » Enfin, raisonner l’autonomie en concentré est essentiel, selon le prix de revient des céréales prélevées, le prix des céréales et de l’aliment complet, les solutions retenues (agrandissement, augmentation du chargement, baisse du troupeau).

Des leviers activables à court terme

À court terme, certaines pratiques permettent de maîtriser la consommation de concentré : choisir des variétés et espèces de fourrage riches en énergie (maïs ensilage, betterave) ou en azote (légumineuses), faucher tôt pour viser une MAT d’au moins 16 %, analyser les fourrages pour ajuster la complémentation, pratiquer l’allaitement maternel triple, bien maîtriser le parasitisme interne, faire des luttes courtes, faire des échographies de dénombrement pour adapter la ration selon la taille de la portée, sevrer à 70-75 jours en bergerie…

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