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Loup abattu - le berger Joseph Boussion recadre Hugo Clément : la vidéo vue plus d’un million de fois

Dimanche 5 juillet, un loup est abattu au col du Lautaret, en Hautes-Alpes. Cet abattage légal est-il normal ? Entre indignation et provocation, Joseph Boussion, berger, et Hugo Clément, journaliste, règlent leurs comptes sur les réseaux sociaux.

Joseph Boussion & Hugo Clément
Le berger, Joseph Boussion, partage sa colère sur les réseaux sociaux suite à une émission gérée par le journaliste Hugo Clément concernant l’abattage d’un loup en Hautes-Alpes.
© Carnetdeberger et Surlefront

Il y a de l’eau dans le gaz entre le journaliste Hugo Clément et le berger, Joseph Boussion sur Facebook, principalement. Le militant écologiste et vegan a été indigné face à l’abattage légal d’un loup le 5 juillet. Le berger exprime à son tour son désarroi, sans prendre de gants.

Dimanche 5 juillet 2020, l’abattage d’un loup crée l’émeute médiatique

L’histoire débute le dimanche 5 juillet 2020 à 23h. Dans les Hautes-Alpes, un jeune loup est abattu par deux lieutenants de louveterie au col du Lautaret. Deux jours plus tôt, ces bénévoles ont été appelés par des éleveurs qui avaient « aperçu à plusieurs reprises des loups à proximité de leur troupeau ». Ils ont été mobilisés par arrêté préfectoral pour un « tir de défense renforcé ». 

« J’ai été témoin d’un abattage de loup. Il n’a rien fait, il n’a rien attaqué. Moi, je trouve ça vraiment dégueulasse », témoigne, indigné, Corentin Esmieu, accompagnateur en montagne et photographe animalier dans l’émission #Surlefront d’Hugo Clément du mercredi 8 juillet. Ce dernier, militant écologiste, ne manque pas l’occasion de consacrer son sujet sur l’environnement à cet abattage. 

L’affaire s’envenime et suscite la colère de Joseph Boussion, berger en Hautes-Savoie et fervent militant du pastoralisme.

« Viens mouiller la chemise ! »

« On ne doit pas tout dézinguer, mais on ne doit pas tout surprotéger », déclare Joseph Boussion dans son « message de service pour Hugo Clément » via une vidéo publiée le 9 juillet sur sa page Facebook @Carnetdeberger. Dénonçant un « reportage pute à clique », le berger installé sur les hauteurs de Sallanches en Haute-Savoie, lance que « cela ne sert à rien de faire des vidéos à la con avec un photographe animalier qui se paluche en regardant les loups pendant quatre ans pour aller raconter n'importe quoi », poursuit-il, excédé. Joseph Boussion tient à mettre les points sur les « i » concernant les réglementations sur les tirs de défense : « tu les trouves sur internet et tu verras que le tir était légal. Le loup est en approche, il est en phase de prédation, il s’écarte, cela ne veut pas dire qu’il ne va pas revenir. (…) On protège nos troupeaux et c'est complètement normal, il faut qu'on apprenne à respecter cette frontière entre le sauvage et le domestique, rappelle-t-il. Un grand soutien à mes amis louvetiers du Briançonnais parce que j'en connais certains, j'ai travaillé avec eux et je peux vous dire qu'ils sont ultra-professionnels et qu'ils n'iront pas tirer un loup comme cela, juste pour le plaisir ». Ces dits sont confirmés par la préfète des Hautes-Alpes, Martine Clavel : « Bien que l’émotion soit légitime, il est important de garder son calme et cela ne doit pas conduire les défenseurs de la nature à enfreindre la loi. » Elle rappelle que « le tir a été opéré dans le plus strict respect des lois et réglementations destinés à préserver le meilleur équilibre possible entre la protection du loup et la sauvegarde du pastoralisme. »

A lire aussi : « Vis ma vie de berger »  

Joseph Boussion conclut son message en invitant Hugo Clément à partager son quotidien, sans mâcher ses mots : « Ça suffit les vidéos de merde ! Mon Hugo Clément, viens mouiller la chemise avec moi. Viens ! (…) C’est tellement facile de se foutre dans un studio avec trois spots et de prendre des images volées un peu partout. Aller, ramène ta fraise ! »

La suite au prochain épisode

Via un post Facebook du 11 juillet, Hugo Clément dit avoir « répondu favorablement » à l’invitation de Joseph Boussion par message privé. Il lui a proposé de « venir une ou deux semaines à ses côtés, pour en faire un documentaire, lors de la saison prochaine », faute de temps. Le jour même, le berger bloggeur lui répond par une seconde vidéo publiée sur sa page et lui conseille de partager son quotidien en alpage « au moins un mois ».

Hugo Clément détaille la vie de Joseph Boussion dans sa publication Facebook (ci-dessous). Le militant écologiste insiste sur son origine basque, sa migration professionnelle et remet en cause ses compétences. Hugo Clément se demande ainsi : « Qui est le plus légitime pour parler du loup dans les Alpes ? Une personne originaire de la région, qui parcourt la montagne depuis toujours (Corentin Esmieu, ndlr), ou un homme politique originaire de la côte Atlantique spécialiste du marketing (Joseph Boussion, ndlr) ? »  « Il a décliné mon invitation car selon ses critères, je ne suis pas un vrai berger. Peut-être qu'un vrai berger pour lui ne sait ni lire, ni écrire », confie Joseph Boussion. Le message Facebook du journaliste se termine avec l’annonce d’un reportage pour la saison prochaine « au côté d’un vrai berger, originaire de la région (…) qui vit et travaille dans les Alpes depuis toujours. A suivre … »

L’enquête est ouverte pour « outrages et menaces de mort »

Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Les lieutenants de louveterie, bénévoles et assermentés pour une mission de service public, ont porté plainte après avoir « fait l’objet d’insultes diverses et de menaces de mort », indique la préfecture des Hautes-Alpes. D’après l’article du Parisien, les injures ont été proféré par le groupe de défenseurs des loups ayant filmé et diffusé le tir sur les réseaux sociaux. Le procureur de la République de Gap, Florent Crouhy, ouvre une enquête pour « outrages et menaces de mort ». Il précise que le « tir a été effectué dans un cadre légal. Le débat est clos sur ce point. » Les cinq personnes qui ont essayé « d’obstruer le travail » des louvetiers tentent d’être identifiés par la brigade de recherches de Briançon. Comme le veut la réglementation, la dépouille du loup a bien été restituée par l’Office Français de la Biodiversité.  

 

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