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Les éleveurs ovins des Pyrénées-Atlantiques grimpent au sommet

Les producteurs des Pyrénées-Atlantiques produisent un tiers de lait de plus qu’il y a dix ans. Ossau-iraty, fermiers et grandes marques contribuent à populariser les fromages basques et béarnais.

La filière brebis laitière connaît une importante dynamique dans les Pyrénées-Atlantiques, autant en laitier qu’en fermier avec un rythme d’installation soutenue. La collecte et les fabrications augmentent. « On est sur des tendances qu’on a jamais vu ! s’enthousiasme Fabienne Millet, à l’Association interprofessionnelle du lait et produits laitiers de brebis des Pyrénées-Atlantiques depuis 34 ans. La dynamique est plurielle et concerne autant les fromages à pâte pressée, que ceux à pâte molle ou que l’ultrafrais. »

Sur la campagne laitière 2018-2019, c’est 65 millions de litres de lait qui ont été collectés, soit un tiers de plus que dix ans auparavant ! Les élevages ont grandi car, sur les 1 300 points de collecte, le litrage moyen est de 50 000 litres, soit une augmentation de 65 % sur les 10 dernières années. L’an dernier, en plus des 65 millions de litres collectés dans les Pyrénées-Atlantiques, les laiteries ont transformé 23 millions de litres venant d’Espagne ou d’Occitanie. « Les Pyrénées-Atlantiques transforment près du tiers de la collecte nationale », défend Fabienne Millet.

Coup de chaud pendant le confinement

Les éleveurs des Pyrénées-Atlantiques se sont facilement organisés en organisations de producteurs car ils avaient des formes syndicales en face de chaque entreprise. Il a fallu les transformer en association puis les reconnaître officiellement. Actuellement, il y a deux organisations de producteurs pour les livreurs de la fromagerie des Chaumes (groupe Savencia, marque Etorki) et une pour les livreurs de Lactalis (marque Istara et P’tit Basque). Les coopérateurs Sodiaal (marque Capitoul) et Berria (marque Onetik) sont, par nature, déjà organisés.

À côté de ces laiteries et de leurs 17 200 tonnes de fromages à pâtes pressés non cuites purs et mixtes, environ 380 fromagers fermiers transforment 11 millions de litres de lait. « Il y a eu quelques inquiétudes au moment du confinement pour les fermiers qui ont serré les dents les premières semaines, explique Fabienne Millet. Ils ont vu leurs voies commerciales se boucher – restauration, école, marché – et certains ont dû relivrer du lait ». Heureusement, la fréquentation touristique estivale, de 20 % supérieure à la moyenne, a contribué à écouler les surstocks.

Appellations, grandes marques et fromagers fermiers

Sa croissance, les fromages des Pyrénées-Atlantiques la doit à une multitude d’acteurs qui contribuent à sa notoriété. Il y a d’abord l’AOP ossau-iraty qui fête cette année ses 40 ans d’existence. Plus de 5 000 tonnes d’Ossau-Iraty ont été vendues l’an dernier. C’est un peu moins d’un tiers des ventes de purs brebis des Pyrénées et un quart des tonnages transformés dans le département. Qu’il soit fromager ou fermier, le fromage basque et béarnais se fait connaître grâce à son site internet ossau-iraty.fr, sa route des fromages ou sa maison de l’AOP ossau-iraty ouvert en 2018 à Espelette.

En estive ou à la ferme, les 380 fromagers fermiers du département sont aussi des ambassadeurs de leurs produits. En quelques décennies, ils ont réalisé d’énormes progrès techniques et sanitaires. Cela se ressent par exemple sur le comptage cellulaire. Alors que les laitiers affichent une moyenne à 900 000 cellules, les fromagers sont en moyenne à 600 000.

Portées par de grands acteurs laitiers, les marques fortes tels qu’Istara, Agour, Etorki, Capitoul et Onetik contribuent aussi à démocratiser le fromage de brebis pyrénéen auprès des consommateurs de la France entière.

Réflexion prospective en cours

Lucide, Fabienne Millet le reconnaît : « il n’est pas toujours facile de faire travailler ensemble des éleveurs de différentes sensibilités syndicales, des Basques et des Béarnais, des livreurs et des fermiers, ceux de la plaine et ceux des montagnes, des groupes internationaux et de petits producteurs locaux ». Reste que l’interprofession doit continuer à travailler sur des sujets comme la qualité du lait ou la rémunération des éleveurs. L’observatoire économique, basé sur les résultats de 136 élevages, montre en effet un EBE moyen de 46 000 euros et un revenu disponible de 32 000 euros en moyenne. Cela malgré un lait payé 1 062 euros les mille litres en moyenne en 2018-2019 contre 963 euros en moyenne en Occitanie.

L’interprofession amorce une réflexion prospective pour voir comment la filière doit se repositionner dans le nouveau contexte de la PAC, des OP ou de France Brebis Laitière. Aidée d’un cabinet, l’étude prospective a démarré en janvier 2020 mais le Covid et le confinement ont ralenti les travaux. Il y a cependant fort à parier que lait de brebis des Pyrénées-Atlantiques a encore de beaux jours devant lui !

CARTE D’IDENTITÉ

Nouvelle Aquitaine/Pyrénées-Atlantiques

1 700 élevages (1 320 livreurs)
Races Manech tête noire, tête rousse, Basco-béarnaise
AOP Ossau-Iraty

Oviprev pour prédire la collecte laitière

Depuis deux ans, Oviprev aide les éleveurs, les organisations de producteurs et les laiteries à prédire la production laitière. En se basant sur les dates prévisionnelles et effectives des agnelages, cette application informatique permet de construire et visualiser les courbes laitières ainsi que l’arrivée d’agneaux. « Oviprev aide les OP à s’engager sur des volumes à produire pour les laiteries pour la campagne à venir », explique Fabienne Millet de l’interprofession des Pyrénées-Atlantiques. L’outil donne aussi une vue d’ensemble de la campagne à venir, pour les entreprises comme pour le bassin. La courbe prévisionnelle de production du troupeau aide aussi l’éleveur à s’organiser.

Pic de production attendu au 9 janvier

Dès le mois de mai ou juin, l’éleveur remplit sur papier ou sur informatique le nombre de brebis luttées, les lots de lutte ou la production de lait attendu en début de traite. Après le calcul à partir de productions théoriques, il a accès à ces prévisions qui sont également envoyées, avec son accord, à son OP ou sa coopérative. Début novembre, près de 60 % des 1 600 producteurs destinataires avaient rempli leur déclaration. « Le déploiement d’OviPrev64 se passe bien et c’est encourageant, apprécie Fabienne Millet. Il faut maintenant augmenter rapidement le taux de retours et tendre vers les 80 % pour fiabiliser les prévisions ». Ces informations permettent d’estimer le prochain pic de production autour du 9 janvier 2021. Pour les agneaux, ce sera la semaine du 6 au 12 décembre qui sera vraisemblablement la plus active. Près de 22 000 agneaux seront en vente cette semaine.

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