La relation entre l’OFB et le monde agricole « n’est pas si détériorée que ça », selon un rapport
Dans rapport sur l’évaluation et les perspectives du contrat d’objectif et de performance (COP) 2020-2025 de l’Office français de la biodiversité (OFB), une mission conjointe IGEDD-CGAAER fait le point sur les relations de l'office avec le monde agricole. Il préconise différentes pistes de réflexion pour améliorer la situation et préparer le contrat 2026-2030.
Dans rapport sur l’évaluation et les perspectives du contrat d’objectif et de performance (COP) 2020-2025 de l’Office français de la biodiversité (OFB), une mission conjointe IGEDD-CGAAER fait le point sur les relations de l'office avec le monde agricole. Il préconise différentes pistes de réflexion pour améliorer la situation et préparer le contrat 2026-2030.
« Les agents de l’office français de la biodiversité effectuent un travail indispensable pour mieux connaître et protéger le vivant en France. Par leurs actions d’acquisition de connaissances, de protection et de contrôle, ils participent à la protection de tous les Français et des secteurs économiques dépendants des ressources naturelles, comme l’agriculture, la pêche ou leurs filières industrielles avales » peut-on lire en conclusion du rapport, de la mission conjointe IGEDD-CGAAER sur l’évaluation et les perspectives du contrat d’objectif et de performance (COP) 2020-2025 de l'OFB publié le 26 novembre. « Et c’est en travaillant ensemble, sur le terrain, que nous pourrons bâtir une agriculture à la fois durable, prospère et respectée » poursuit le rapport.
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Le mécontentement des agriculteurs s’est cristallisé autour de la fonction de police de l’OFB
La mission estime que la relation de l’OFB avec le monde agricole « n’est globalement pas aussi détériorée que ce qui a pu transparaître dans l’actualité nationale en 2024 et début 2025 ». Selon elle, le mécontentement d’une frange des agriculteurs s’est cristallisé autour de la fonction de police de l’OFB s’appuyant sur « quelques cas de contrôles problématiques, et dans certains départements seulement ». S’appuyant sur les deux rapports IGEDD-CGAAER, la mission souligne que le mécontentement des agriculteurs vient aussi de la crise qu’ils traversent, notamment en raison de leurs revenus.
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Un dialogue entre l’OFB et le monde agricole hétérogène suivant les régions
Dans son rapport, la mission souligne avoir rencontré des représentants agricoles en Normandie qui travaillent localement avec l’OFB comme avec les services de l’État afin de faciliter la prise en compte de la réglementation par le monde agricole (exemple : guichet unique haies). En revanche, elle a constaté qu’en Auvergne-Rhône-Alpes, les offres de service de l’OFB auprès des organisations agricoles pour organiser des réunions de sensibilisation ou de formation à la réglementation restent sans suite. « L’OFB est attentif à entretenir un dialogue avec la profession agricole via une réunion annuelle avec la chambre d’agriculture et les syndicats agricoles » souligne-t-elle.
La mission recommande une communication conjointe de l’OFB avec le préfet et les services de l’Etat
« Dans les départements où le dialogue avec les professionnels agricoles est dégradé, l’image de l’établissement gagnerait à une communication conjointe avec le préfet et les services de l’État autour de politiques publiques portées conjointement en lien avec des enjeux locaux, en particulier sur les actions de police, exercées aussi par les DDT » préconise la mission parmi ses recommandations pour le prochain contrat d’objectif et de performance (COP).
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Un rééquilibrage entre les tutelles du ministère de la Transition écologique et de l’Agriculture est nécessaire
La mission estime plus globalement que la tutelle est déséquilibrée, beaucoup plus présente de la part du ministère en charge de la Transition écologique que de celui de l’Agriculture : même si le champ d’action et l’origine des ressources de l’opérateur l’expliquent.« La transversalité de ses activités (contrôles...) appelle un rééquilibrage entre les tutelles » affirme-t-elle. Selon elle, le ministère en charge de l’Agriculture a réinvesti son rôle de tutelle dans le contexte de tension avec le monde agricole notamment en se mobilisant avec la Direction de l'eau et de la biodiversité (DEB) sur la production conjointe de fiches pédagogiques sur des sujets « irritants ».
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Relations OFB/monde agricole : apaisement mais aussi sensibilisation, pédagogie et conseil
La mission affirme que la coordination des deux tutelles à travers des échanges plus réguliers en associant l’OFB est nécessaire dans un contexte où l’activité de l’opérateur a pu devenir un sujet politique incarnant aux yeux du monde agricole les contraintes liées aux politiques environnementales.
« Pour autant, les attentes de la tutelle Agriculture vis-à-vis de l’OFB, qui visent en premier lieu un apaisement entre l’OFB et le monde agricole, doivent être clarifiées sur les questions de sensibilisation, de pédagogie et du conseil auprès des agriculteurs, en lien avec les chambres d’agriculture, sur les sujets environnementaux en dehors du champ strict des contrôles » affirme la mission.
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Agroécologie : actions de coopération à créer avec le monde agricole
L’OFB s’est dotée d’une stratégie pour intervenir dans le champ de l’agroécologie comportant des actions de coopération sur le sujet avec le monde agricole, répondant ainsi à la demande d’accompagner l’activité de contrôle du monde agricole d’une dimension pédagogique, rappelle la mission. « Néanmoins, les chefs de file des politiques agroécologiques côté État (ministère en charge de l’Agriculture en central et Draaf au niveau régional) rencontrés par la mission n’ont pas exprimé d’attentes particulières vis-à-vis de l’OFB en la matière, considérant que le sujet serait déjà investi par une multitude d’acteurs institutionnels, de recherche et développement et associatifs » explique la mission.
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L’OFB doit clarifier son rôle de pourvoyeur de connaissances en matière d'agroécologie
Le positionnement attendu sur le sujet de l’agroécologie de l’OFB comme facilitateur ou pourvoyeur de connaissances aux côtés des chefs de file n’est pas explicité par les tutelles regrette la mission. Cette dernière assure que l’opérateur dispose de ressources et de compétences qui pourraient être mobilisées en tant qu’animateur du centre de ressources captages, coordonnateur des projets LIFE Artisan et Biodiv’France qui recensent des pratiques agroécologiques, et détenteur d’une expertise en matière de biodiversité (haies, pollinisateurs)…
L’OFB pourrait mieux valoriser et diffuser ses connaissances auprès du monde agricole
La mission s’interroge sur la valorisation et la capitalisation des connaissances. Selon elle, la question de la fusion des sites grand public et professionnels pour une meilleure compréhension des multiples terrains d’action de l’OFB se pose. Elle estime par ailleurs que les objectifs du COP actuels ne sont pas positionnés au bon niveau concernant la diffusion des connaissances scientifiques et techniques. « La valeur ajoutée scientifique de l’OFB dans certains domaines, par exemple dans le cadre du plan Ecophyto, n’est pas exploitée pour l’instant », regrette la mission qui estime que l’OFB pourrait mieux valoriser et diffuser ses connaissances auprès du monde agricole.