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Nutréa lance le porc « cultivé et nourri au blé noir »

Deux ans d’investigations ont été nécessaires à Nutréa en collaboration avec un éleveur morbihannais pour élaborer un cahier des charges permettant la valorisation du blé noir (Bllë Naer en langue gallo) dans l’alimentation des porcs charcutiers.

À l’EARL l’Étang à Surzur dans le Morbihan, Yann Grelet cultive du blé noir, également appelé sarrasin, qu’il incorpore ensuite dans l’alimentation de ses porcs charcutiers en finition. Cette matière première locale lui permettra prochainement de mieux valoriser les produits issus de son élevage de 130 truies naisseurs-engraisseurs dans son activité de vente en direct auprès de consommateurs locaux. La matière première produite par l’éleveur est incorporée dans la formule d’aliment par Nutréa en travail à façon (TAF). L’entreprise bretonne porte ce projet de valorisation du blé noir dans l’alimentation des porcs charcutiers depuis juin 2019. « Nous avons mené deux ans d’investigations pour valider son intérêt afin d’aider nos éleveurs à mieux valoriser leur production », explique Anne Bouché, responsable marché en nutrition porc Nutréa. À partir de ce travail, la marque « cultivé et nourri au blé noir » (Bllë Naer en langue gallo traditionnellement parlé dans l’est de la Bretagne) a été créée.

Évaluer son intérêt nutritionnel

Cependant, les caractéristiques nutritionnelles de cette matière première pourtant très consommée en Bretagne (sous forme de galettes notamment) sont peu connues. Nutréa a donc commencé par évaluer son intérêt nutritionnel et la possibilité de l’incorporer dans une formule d’aliment d’engraissement. « Le blé noir est une matière première riche en protéines, comme une céréale tel que le blé, résume Anne Bouché. Il contient beaucoup de vitamines et des minéraux. Mais sa principale caractéristique est sa richesse en fibres hydrosolubles qui lui confère une charge glycémique basse permettant une meilleure régulation des ingérés. ». Le blé noir contient également des acides phénoliques et des flavonoïdes à fort pouvoir antioxydant qui ont un effet positif sur la santé des porcs via leur effet anti-inflammatoire. « C’est aussi un prébiotique intéressant pour stimuler la croissance des bactéries intestinales positives. »

Un effet favorable sur la santé des porcs

Une fois l’intérêt nutritionnel de la matière première validé, Nutréa a testé son incorporation dans l’aliment de finition (à un taux maintenu secret !) au moyen d’essais comparatifs chez Yann Grelet. « L’indice de consommation et la croissance ne se sont pas dégradés, de même que les caractéristiques d’abattage. » Seule différence importante, le taux de perte sevrage-vente, déjà très bas avant l’expérimentation, a beaucoup diminué, passant de 3,7 à 1,4 % ! « Ce résultat interpelle. On peut probablement y voir l’effet antioxydant et prébiotique du blé noir », suggère Anne Bouché. La qualité de la viande a ensuite été caractérisée par un boucher. « Elle est plus juteuse, mais aussi plus tendre. » Des caractéristiques également relevées par un panel de seize dégustateurs qui ont réalisé un test à l’aveugle en comparaison avec des produits standards. L’ensemble de ces travaux a permis à Nutréa d’élaborer un cahier des charges reposant sur trois attentes sociétales :

Le bien-être animal, qui se traduit par une alimentation adaptée, la réduction du stress en élevage et des maladies et le respect du comportement animal.
L’environnement et l’intérêt agronomique : la culture du blé noir nécessite peu d’intrants, notamment azotés, ni de traitements. C’est une plante mellifère et elle s’intègre bien dans une rotation culturale.
La qualité gustative des produits, grâce à une amélioration de la qualité technologique de la viande.

Nutréa engage désormais une phase de prospection auprès de transformateurs-distributeurs de la région intéressés par la valorisation de ces produits. La société prévoit dans un premier temps de fédérer six éleveurs clients intéressés par cette démarche et qui ont le potentiel de produire leurs propres besoins en blé noir. La production annuelle envisagée est de 40 000 porcs.

(1) Inpi : Institut national de la propriété industrielle.

Repères

Le blé noir (aussi appelé sarrasin) fait partie de la famille très vaste des polygonacées qui sont principalement des plantes herbacées. Il n’a rien à voir avec le genre Triticum regroupant les variétés de blé. Le blé noir valorise bien les sols pauvres et acides, et nécessite peu d’engrais azotés C’est une culture nettoyante, sensible au gel, exigeante en eau à la floraison et nécessitant un temps sec et chaud pour la fécondation. Le blé noir se sème au mois de juin et se récolte en octobre.

Témoignage : Yann Grelet, EARL l’Étang

« Un argument de vente supplémentaire »

« Je développe depuis peu une activité de vente directe à la ferme de produits issus de ma production de porcs charcutiers. Surzur est proche de la côte sud de la Bretagne, dans une région touristique. Le potentiel de développement est donc important, sans forcément faire appel à des outils de promotion complexes à mettre en œuvre. L’utilisation de blé noir en circuit court constitue un argument de vente supplémentaire qui permet d’ajouter de la plus-value aux produits, sans que les performances techniques ne se dégradent. Au contraire, je note que la mortalité en engraissement s’est fortement réduite depuis que j’utilise un aliment contenant du blé noir. »

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