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« Nous sommes passés de 8 300 à 14 500 litres de lait corrigé par vache en cinq ans »

Le Gaec des Landelles, en Loire-Atlantique, a maximisé la production de matière utile par logette. Les divers leviers alimentaires mobilisés ont permis d’améliorer à la fois le lait et les taux, pour atteindre aujourd’hui 44 kilos de lait corrigé par vache.

Le troupeau de 250 vaches, dont 210 à la traite, du Gaec des Landelles à Guémené-Penfao, en Loire-Atlantique, est issu du regroupement en 2019 de trois exploitations en lait, jeunes bovins et porc. « Nous avons créé un nouveau site pour regrouper les trois troupeaux laitiers, expliquent Gérard et Amélie Courcoul, responsables lait du Gaec des Landelles. Nous avons investi 1,2 million d’euros, notamment dans un bâtiment de 218 places de logettes en 2019, avec trois robots de traite. Pour rentabiliser l’investissement, qui s’élevait à 5 500 euros par logette, il fallait donc augmenter la production. »

Depuis 2019, différents leviers ont été mobilisés, permettant d’augmenter à la fois la production et les taux. En cinq ans, le lait produit est passé de 9 300 à 12 000 kilos par vache et la matière utile de 655 à 874 kg/VL/an, soit une augmentation de 74 % du lait corrigé par logette, passé de 8 300 à 14 472 kilos.

Travail sur les variétés de fourrages

Différents leviers ont été mobilisés. Le passage en traite robotisée a déjà permis d’optimiser la production. « En un an, les vaches sont passées de 2 traites par jour en salle de traite à 2,6 traites au robot, ce qui a fait progresser le lait produit de 27-28 kg/j/VL à 32-33 kg/j/VL », précise Gérard Courcoul.

Un gros travail a été aussi réalisé sur les variétés de fourrages et les dates de récolte, pour assurer un maximum de production à partir de la ration de base. Alors que le maïs était à l’origine choisi surtout pour les taurillons et les porcs, et donc plutôt axé grain, les éleveurs se sont orientés vers des maïs typés lait, plus digestibles. Ils ont aussi fait évoluer les variétés de ray-grass italien selon leur précocité et le type de sol. Et ils ont travaillé sur l’ingestion, en augmentant la finesse de hachage des fourrages, passée de 14 à 10 mm, en adoptant la technique du compact feeding, qui évite le tri à l’auge, et avec l’acquisition d’un robot repousse-fourrage. « Le robot repousse le fourrage la nuit toutes les deux à trois heures, ce qui stimule les vaches qui se lèvent pour manger », relève l’éleveur.

Diversifier les sources d’énergie et d’azote

Une grande attention a été portée au rumen et aux sources d’énergie et d’azote. « Comme nous sommes trois à alimenter, nous voulons un protocole simple, expliquent les éleveurs. Mais nous voulons aussi varier les sources d’énergie et d’azote pour une meilleure assimilation. » Plusieurs sources d’énergie à assimilation plus ou moins rapide sont utilisées (amidon de céréales et de maïs, matières grasses, sucres des fourrages, propylène glycol en début de lactation), ainsi que plusieurs sources d’azote (soja, colza, luzerne, herbe, urée).

La ration des vaches laitières est constituée de 40 kilos de maïs ensilage, 12,5 kilos d’ensilage d’herbe, 1,3 kilo de luzerne déshydratée, produite sur place et déshydratée par la Copedom, 1,5 kilo de concentré à base de maïs, 3 kilos de correcteur azoté, 1 kilo d’un autre correcteur azoté tanné, 3 kilos de maïs épi et 4 litres d’eau. Tous les fourrages sont protégés par des conservateurs et analysés chaque mois. « Nous n’hésitons pas à changer l’aliment selon leur valeur », soulignent les éleveurs.

Dès 2020, la ration des vaches a aussi été complétée par l’ajout dans l’aliment distribué au robot de méthionine, acide aminé essentiel souvent déficitaire dans les rations, qui permet d’augmenter la production et le TP. Et depuis 2021, elle est renforcée par l’apport de levures, qui prédigèrent la cellulose et favorisent la stabilité du pH ruminal, et par des matières grasses apportées selon la production et la matière utile du lait. Des analyses de fèces sont également réalisées.

Acidification de la ration des taries

Côté vaches taries, l’acidification de la ration est de mise pour favoriser le démarrage en lactation et éviter les pathologies. La ration est constituée de 4 kilos de paille, 14 kilos de maïs ensilage, 3 kilos de correcteur azoté et 700 grammes d’un minéral vaches taries à Baca très négative. « Nous n’avons plus de fièvre de lait, ni de problème de délivrance, constate Gérard Courcoul. En trois ans, nous avons gagné 8 kilos sur le pic de lactation, avec aujourd’hui des génisses à 45 kilos de moyenne et des vaches à 55 kilos Les vaches se recyclent aussi plus tôt, quinze à vingt jours après vêlage. » L’intervalle vêlage-vêlage se situe ainsi aujourd’hui à 405 jours, avec une note d’état corporel maîtrisée grâce aux plans de complémentation.

Le suivi est assuré par contrôle du pH urinaire ou le dosage du corps cétonique béta-hydroxybutyrate dans le sang. En 2024 encore, le Gaec a choisi d’apporter des protéines by-pass à toutes les vaches, pour augmenter la digestibilité des protéines. Enfin, la dernière évolution en 2025 est l’apport aux vaches hautes productrices de lysine, deuxième acide aminé essentiel. « Il y a trois ans, nous en avions distribué au robot, dans l’aliment, explique Gérard Courcoul. Mais la lysine coûte cher. Nous avons donc décidé de n’en distribuer qu’aux vaches produisant plus de 55 kilos par jour grâce à l’installation sur le robot d’un distributeur de lysine. »

Les vaches étant en permanence dans le bâtiment, avec la même ration, tout est par ailleurs réfléchi pour assurer le confort des animaux, avec un bâtiment bien ventilé, une logette par vache, des matelas à eau, des tapis en caoutchouc sur toutes les zones de circulation… « Malgré une conduite assez intensive, il n’y a pas de problèmes métaboliques et les frais vétérinaires ne sont que de 10 à 12 euros pour 1 000 litres, dans la moyenne des élevages », souligne Gérard Courcoul.

D’autres évolutions sont encore envisagées, notamment sur l’élevage des génisses. « Nous allons faire de la barymétrie pour suivre la croissance des génisses et les mettre à la reproduction plus tôt, l’objectif étant d’abaisser l’âge au premier vêlage à 25-26 mois, contre 28-29 mois actuellement », précise-t-il. L’achat d’un échographe et une formation à l’échographie sont également envisagés dans cet objectif.

Côté éco

14 500 litres par logette (8 300 l en 2019)

Prix payé du lait en 2024 : 484 €/1 000 l

Coût alimentaire : 7,40 €/VL/j

Marge sur coût alimentaire : 10,056 €/VL traite (décembre 2024)

+ 4 €/VL/j de marge entre 2019 et 2024

Fiche élevage

5 associés, 1,5 salarié, 2 apprentis

3 millions de litres de lait (TB 44 - TP 34,28 - 874 g de matière utile)

250 vaches à 12 000 kg

350 places de jeunes bovins

2 000 places d’engraissement de porcs

520 ha dont 110 ha de maïs ensilage, 10 ha de maïs épi, 125 ha de ray-grass italien et 6 ha de luzerne, le reste en céréales et légumes

Avis d’expert : Gildas Renaud, nutritionniste Terrena

« La rentabilité est raisonnée à la logette »

« Dès 2019, vu l’investissement réalisé sur l’atelier lait, l’objectif du Gaec des Landelles a été d’augmenter la production et surtout la rentabilité qui est raisonnée à la logette. La production est rapidement passée de 32 à 36 kg/VL/j, grâce à la traite robotisée, au compact-feeding, à l’apport de levures, de méthionine et de matière grasse. Les éleveurs ont ensuite travaillé l’acidification de la ration des vaches taries, l’ingestion avec le robot repousse-fourrage, puis l’apport de protéines by-pass et de lysine.

Les éleveurs recourent toujours à de bons fourrages qu’ils analysent chaque mois et n’hésitent pas si besoin à changer la ration. L’ambiance du bâtiment récent, bien ventilé et confortable favorise également l’expression du potentiel des animaux. Comme il y a toujours des vaches en train de manger, de se faire traire ou de circuler dans le bâtiment, il serait même possible d’avoir 10 % de vaches de plus que le nombre de logettes. »

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