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Plantations, variétés, main d'œuvre... Des acteurs de la filière fruits du Val de Loire témoignent

Après avoir beaucoup régressé, les surfaces de fruits en Val de Loire connaissent une nouvelle dynamique, tirée notamment par la poire. Des responsables professionnels et des entreprises de production fruitière de la région témoignent sur les enjeux actuels de la filière.

Les surfaces en pomme et poire ont cessé de reculer et progressent même en Pays de la Loire, notamment en poire.
© V. Bargain

Depuis quelques années, le verger de pomme-poire du Val de Loire a cessé de diminuer, constate Hugues Decrombecque, directeur d’Idfel. Alors que pendant des années les surfaces diminuaient, il se plante aujourd’hui plus de pommiers et poiriers qu’il ne s’en arrache. » En Centre-Val de Loire (région d’Orléans, Berry), les surfaces sont plutôt stables avec, selon Agreste, 1 773 ha de pommiers en 2020 (-1 % en 2019, -1 % en moyenne sur cinq ans) et 363 ha de poiriers (0 %). En Pays de la Loire par contre, où la production se répartit entre les régions d’Angers et Ancenis, le sud Sarthe-nord, l'Indre-et-Loire et les ceintures vertes de Nantes et Tours, les surfaces sont plutôt à la hausse. La dynamique est forte notamment en poire, avec 500 ha de poiriers en 2020, soit une hausse de 22 % en un an et de 31 % par rapport à la moyenne sur cinq ans. « Historiquement, la poire était considérée comme une affaire de spécialiste, avec un retour sur investissement plus long qu’en pomme, analyse Hugues Decrombecque. Avec les départs en retraite, les surfaces ont diminué. Et quand il fallait replanter, c’étaient surtout des pommiers qui étaient plantés. Le renouveau est venu il y a 20 ans avec Angélys qui a suscité beaucoup d’intérêt et a relancé les plantations de poiriers. Si des producteurs qui pensaient qu’Angélys pouvait se conduire comme une pomme ont ensuite arraché, d’autres s’y sont habitués et sont devenus moins réticents à planter des poiriers, ce qui a permis de relancer la dynamique. » La création dans le cadre de clubs de variétés plus productives, résistantes, de meilleure conservation et plus adaptées aux jeunes et à une consommation nomade a aussi facilité le renouveau de la poire. Des structures comme les Vergers de la Blottière sont ainsi devenues très actives en poire, avec notamment la variété Sweet Sensation, dont elle a l’exclusivité en France, ou encore aujourd’hui Qtee, poire bicolore, de petite taille, adaptée au snacking. Blue Whale s’est également investi dans la poire, avec plusieurs variétés dont Angys (nouvelle marque d’Angélys), Qtee, ou encore Fred, variété bicolore juteuse et croquante, également très adaptée au snacking.

 

Disponibilité et gestion de la main-d’œuvre

La dynamique est un peu moins importante en pomme. Mais si les surfaces sont encore en légère baisse en Centre-Val de Loire, elles ont cessé de diminuer en Pays de la Loire, avec environ 5 000 ha en 2020, soit une baisse de 5 % par rapport à 2019 mais une hausse de 1 % par rapport à la moyenne sur cinq ans. Si Golden est encore majoritaire en Centre Val de Loire, Gala domine en Pays de la Loire et continue de se développer, avec un essor aussi des variétés club. La principale limite au développement de la production est la main-d’œuvre, problème encore renforcé cette année avec le Covid. « Jusqu’ici, la solution est le recours à la main-d’œuvre étrangère, précise Hugues Decrombecque. Mais les producteurs sont bien conscients que cette solution n’est pas durable, les salariés des pays de l’Est ayant aujourd’hui d’autres opportunités. » Si la mécanisation de certaines tâches comme l’éclaircissage pouvait pallier pour partie le manque de main-d’œuvre, voire à long terme une certaine robotisation de la récolte, ces solutions ne suffiront toutefois pas à remplacer tous les saisonniers. « Et au-delà des saisonniers, les arboriculteurs ont aussi des difficultés à trouver des chefs de culture et des encadrants. Nous devons communiquer sur les métiers pour renforcer l’attractivité de l’arboriculture. » Depuis quelques années, Idfel mène ainsi des actions auprès des écoles d’ingénieurs et des BTS. S’y ajoutent encore des inquiétudes concernant la réglementation phytosanitaire, notamment la disparition du glyphosate, les problèmes liés à la disponibilité en eau et aux relations de voisinage, qui peuvent être un frein au développement, ou encore la fin des emballages plastiques pour les fruits et légumes à partir de 2022.

A lire aussi : Webinaire Sival TV by Réussir : face au Covid, comment recruter et accueillir la main-d’œuvre ?

                      Le Grand Ouest est une des principales zones de production de légumes de plein champ

 

« Nous sommes leader dans la démarche agroécologique » Olivier Maugeais – Pom’Evasion

Comment se traduit le virage des pratiques agroécologiques chez Pom’Evasion ?

 
Olivier Maugeais, Directeur associé de Pom'Evasion © Pom'Evasion
« Nos 1000 ha de verger sont aujourd’hui conduits selon des méthodes agroécologiques définies par un cahier des charges interne. Nous avons récemment embauché un ingénieur de production qui travaille sur les indicateurs de ces pratiques. Très concrètement, 90 % du sol des vergers est couvert. Il y a eu un gros travail sur nos machines pour la gestion de l’enherbement. Ainsi que la mise en place d’une démarche avec une entomologiste sur la faune auxiliaire. Actuellement, nous retravaillons la gestion de nos haies. La tendance du bio est également toujours très forte puisqu’elle représente 250 ha sur l’ensemble des surfaces commercialisées. Nous avons aussi adhéré à la démarche « Pour une agriculture du vivant ». L’objectif est de mettre en place une communication de filière avec d’autres adhérents que sont par exemple Système U, Flunch ou Danone pour informer le consommateur de nos pratiques vertueuses. »

 

« Ce qui nous anime, c’est le développement variétal d’Honeycrunch® » Arnaud de Puineuf - Président de l’OP Innafruits

Quelles sont les récentes évolutions variétales chez Pomanjou ?

 
Arnaud de Puineuf, Président de l'OP Innafruits © Pomanjou
« Nous sommes en plein renouvellement de la variété Honeycrisp qui a 20 ans. Les pommes Honeycrunch® qu’elle produit restent le fer de lance de Pomanjou. Depuis trois ans, nous renouvelons les vergers avec un nouveau clone. Il est plus productif et plus vigoureux. Il entre en production plus rapidement et les fruits se colorent plus facilement. Ce clone conserve la tolérance au chancre et à la tavelure. Nous développons aussi la variété Zingy® qui est en plein dans sa première vraie saison commerciale cette année. C’est une création franco-française et même angevine puisque la variété sort des pépinières Dalival. C’est une pomme qui a quelque chose d’un peu plus frais avec un caractère acidulé et un taux de sucre de 13 à 14 brix. Elle propose surtout un rouge vermillon incomparable. Nous ouvrons actuellement les plantations à d’autres producteurs. L’objectif de production pour cette année est de 1000 à 1200 t. »

 

 

« Depuis deux ans, nous travaillons sur la réduction du plastique » Camille Marquez – Responsable commerciale et marketing, Le Verger de la Blottière

Quels sont les enjeux de Verger de la Blottière sur l’emballage ?

 
Camille Marquez, responsable commerciale et marketing Le Verger de la Blottière © Le Verger de la Blottière
« Nous sommes certifiés « Demain la Terre ». La réduction de l’utilisation du plastique fait parti du cahier des charges de ce label. Depuis 2012, nous proposons une barquette en poire pour que les fruits arrivent mûrs à point chez le consommateur. Cette année, nous avons réussi à mettre au point une barquette en carton 100 % recyclable pour cette gamme. L’enjeu majeur était de laisser une zone ajourée pour avoir une vision directe sur le fruit. Ça peut paraître simple comme ça, mais il a fallu de nombreux essais pour arriver à un résultat satisfaisant. En pomme, nous proposons déjà depuis un an et demi des emballages 100 % recyclables pour les pommes en vrac et depuis cette saison, nous proposons des gammes de pomme conditionnées en barquette 100 % recyclable. Ces évolutions induisent des investissements machines et des emballages qui coûtent plus cher, mais pour autant, il nous faut accompagner la transition des modes de consommation. »

 

 

« L’objectif est de consolider la part des variétés spécifiques » Jacques Malagie – Directeur général, Les Vergers d’Anjou

Quelles sont les variétés actuellement travaillées au sein de Vergers d’Anjou ?

 
Jacques Malagie, directeur général des Vergers d'Anjou © Les Vergers d'Anjou
« Nous renouvelons 7 à 8 % de la surface chaque année. L’objectif principal reste la rénovation et l’extension des vergers de Pink Lady et nous en profitons pour généraliser les protections anti-grêle et mettre en place des systèmes anti-gel. Nos dynamiques variétales sont guidées par les tendances de BlueWhale que nous avons rejoint depuis quatre ans. Dans ce cadre, nous continuons à développer Angelys en poire et nous allons planter Fred, une poire croquante de snaking. En pomme, nous avons un programme de plantation de 50 à 60 ha de Jazz, le club ayant fait une ouverture pour nos producteurs. En 2020, nous avons aussi récolté les 600 premières tonnes de la variété Y 101 de la marque Kissebel développée par le programme Ifored. C’est une variété jaune/orangée à chaire rouge. Nous n’irons pas au-delà de 1 000 t mais elle est intéressante car elle lance la saison. Nous travaillons aussi sur Daliclass qui est commercialisée sous le nom de BlueReine. Elle représente une vraie opportunité gustative. Nous avons récolté 200 t en 2020, mais nous allons vite monter à plus de 1 000 t. »

 

 

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