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« Nous calons un planning pour des agneaux toute l’année »

Au Gaec Le Pay, l’utilisation de la Charmoise et le désaisonnement lumineux ont permis de produire des agneaux toute l’année en bio et de développer la vente directe. Le Gaec mise aujourd’hui sur la vente de reproducteurs.

Au Gaec Le Pay, à Saint-André-Treize-Voies, en Vendée, la diversification des activités et des débouchés a toujours été un axe important. Composé de Jean et Dominique Gratton et de leurs fils Matthieu, Benoît et Alexis, avec 1,5 salarié et un apprenti, le Gaec élève 900 brebis, 45 vaches allaitantes et 15 000 pondeuses et 420 m² de volailles de chair, sur 210 hectares, le tout en bio. Les brebis se partagent entre la race Mouton Vendéen et la race Charmoise. « Nous vendons nos agneaux par Bretagne viande bio, en direct à des bouchers et dans un magasin à la ferme et par la vente de reproducteurs, explique Alexis Gratton. Nous avons introduit la Charmoise pour répondre aux attentes des bouchers en termes de rendement viande. La Charmoise est de plus bien adaptée en bio, car elle est peu gourmande en fourrages et concentré et qu’elle se désaisonne facilement. »

Désaisonnement lumineux sur 300 brebis

Un point essentiel pour le Gaec, notamment en vente directe, est de pouvoir vendre des agneaux toute l’année. Le troupeau est réparti en cinq lots. Les éleveurs utilisent pour cela le désaisonnement lumineux sur deux lots de 150 brebis, pour des mises bas de mi-août à mi-septembre et de mi-septembre à fin octobre. Le désaisonnement est réalisé dans une ancienne maternité lapin, bien isolée, dans laquelle les éleveurs ont installé quatre rangées de néons doubles de 72 watts programmables permettant une intensité de 200 lux au niveau des yeux des brebis. Le programme lumineux fonctionne du 8 novembre au 27 janvier. « La fertilité est en moyenne de 90-95 %, indique Alexis Gratton. Même sur les Charmoises, qui se désaisonnent naturellement, les résultats sont bien meilleurs. La seule difficulté est que pour le lot d’octobre, lutté en mai, nous devons faire des jours courts artificiels, ce qui oblige à rentrer les brebis le soir et à obscurcir le bâtiment en fermant les ouvertures. Cela nous a aussi amenés à installer un extracteur d’air, car la ventilation n’était alors plus assurée. » Toutes les brebis sont échographiées avec dénombrement pour adapter la ration. Le Gaec travaille aussi la génétique. Adhérent au contrôle de performances depuis la création du troupeau, en 2007, il achète les béliers des deux races en station de contrôle individuel depuis trois ans. Toutes les brebis des lots désaisonnés et les brebis et agnelles inscrites des autres lots sont accouplées en paternité, avec tri des béliers sur les qualités maternelles. De 2020 à 2023, le poids âge type à 30 jours (PAT 30) des mâles doubles vendéens est ainsi passé de 9,6 à 11,7 kilos et celui des femelles doubles de 9,2 à 11,4 kilos. « Vue l’évolution du marché du bio, pour mieux valoriser les femelles et les efforts faits en génétique, nous voulons aujourd’hui développer la vente de reproducteurs, précise Alexis Gratton. Nous vendons actuellement 200 agnelles reproductrices et 20 mâles et l’objectif est de vendre 300 reproducteurs par an en maintenant la vente directe et en réduisant les circuits longs. »

42 ha de couverts pâturés tous les ans

L’alimentation est à base de fourrages (ray-grass-trèfle, colza fourrager), maïs grain humide et mélange triticale-pois, tous produits sur l’exploitation. Chaque année 30 hectares sont consacrés au maïs grain et 39 hectares au triticale-pois. Un point important est aussi la valorisation de couverts végétaux d’interculture à base de colza fourrager associé à quatre variétés de trèfle (trèfle incarnat, trèfle vésiculé Geronimo, trèfle squarrosum, trèfle Mikkeli). 35 hectares de couverts sont pâturés sur l’exploitation, auxquels s’ajoutent 7 hectares à l’extérieur. Les brebis et agnelles en lutte et les brebis gestantes et à l’entretien y pâturent du 1er septembre au 25 mai, avec au moins trois tours de pâturage d’une semaine par paddock, sans apport de fourrage ni concentré, mais avec de l’eau à disposition dans des bassins avec flotteur. « Les couverts réduisent le coût alimentaire et permettent de faire un flushing des brebis en lutte » apprécie Alexis Gratton. La fertilité atteint 93 %, la prolificité 155 % et la productivité 113 %, la mortalité des agneaux étant de 27 %. Avec un poids moyen d’agneau de 18,30 kilos de carcasse, un prix moyen de vente, hors sélection, de 9,15 euros le kilo en 2023, et 99 euros par brebis de charge, la marge brute atteint 102 euros parbrebis. « Les objectifs aujourd’hui sont de faire plus d’agnelages de contre-saison pour développer la sélection et de réduire la mortalité des agneaux » indique Alexis Gratton.

Des équipements pour gérer 900 brebis

Le Gaec Le Pay dispose d’une bergerie de 2 700 m² sur son site principal, d’une autre de 800 m² sur un autre site et du bâtiment de 300 m² pour le désaisonnement. La bergerie principale date de 2018. « Les brebis étaient dans un ancien poulailler transformé en bergerie, explique Jean Gratton. L’alimentation prenait beaucoup de temps. Nous avons décidé de miser sur le long terme en construisant un bâtiment pouvant accueillir 600 brebis et permettant la mécanisation. » 490 000 euros ont été investis dans le bâtiment, sur lesquels le Gaec a reçu 51 000 euros de subvention. Le toit est isolé, le gain sur le temps de pose compensant l’écart de prix avec du fibrociment. Les longs pans sont équipés de filets amovibles programmables à partir d’une sonde extérieure. Des portails sectionnels aux entrées, à commande portative et fixe, évitent de descendre du tracteur et limitent les courants d’air en hiver. 630 000 euros ont aussi été investis pour des équipements et du matériel. Un quad équipé d’un Spider Pac permet de poser et réenrouler les clôtures électriques mobiles à trois fils. « Il permet de clôturer rapidement les parcelles pour faire pâturer les couverts, explique Jean. Une heure suffit pour clôturer 8 hectares. » Le Gaec dispose aussi, en plus de la dérouleuse-pailleuse, d’un automoteur distributeur de concentré électrique, avec 20 rations programmables, qui est rempli à partir de six trémies installées dans le bâtiment. « 1 h 30 suffit aujourd’hui pour alimenter les 600 brebis. Cela réduit aussi la pénibilité, permet une ration plus juste avec moins de gaspillage et simplifie le travail pour les cures de vitamines. » Les éleveurs disposent aussi dans la bergerie d’un parc de tri complet, avec Combi Clamp, cage de pesée permettant la pesée hebdomadaire des agneaux, cage de retournement, d’un autre parc de tri sur l’autre site et d’un parc de tri mobile pour les interventions au pré.

Stéphane Migné, chambre d’agriculture des Pays de la Loire

« Une très bonne autonomie alimentaire »

 

 
Stéphane Migné, chambre d’agriculture des Pays de la Loire.
Stéphane Migné, chambre d’agriculture des Pays de la Loire. © V. Bargain

« Un élevage de 900 brebis en bio qui produit des agneaux toute l’année est assez atypique. Ceci est rendu possible par l’utilisation de deux races, Charmoise et Mouton vendéen, et une très bonne maîtrise des protocoles de désaisonnement lumineux. Le Gaec peut ainsi livrer des agneaux chaque semaine. L’élevage est par ailleurs très autonome en énergie et protéines, grâce à des fourrages de qualité, au mélange triticale-pois et triticale-pois-maïs grain humide pour les brebis en lactation et à la valorisation des couverts, qui contribuent à hauteur de 16 % des journées-brebis. La complémentarité des débouchés est aussi intéressante. »

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