Aller au contenu principal

Le vin de demain
À Monbazillac, un projet collectif pour tester un robot

Les projets collaboratifs se multiplient dans le vignoble pour accélérer l'acquisition de nouvelles technicités. Exemple à la Cave de Monbazillac, en Dordogne. Dans le projet mis en place autour du robot enjambeur Ted, elle développe des synergies entre des acteurs locaux avec l'objectif de s'orienter vers une innovation vraiment adaptée aux besoins.

 © Cave coopérative de ...
Le projet collaboratif entrepris par la Cave de Monbazillac vise à juger du potentiel de la robotisation comme alternative aux produits phytosanitaires sans se limiter à l'aspect technique. Il s'agit aussi d'évaluer s'il est appropriable par les adhérents.
© Cave coopérative de Monbazillac

Pour Guillaume Barou, vice-président de la cave coopérative de Monbazillac, mener un projet collaboratif « c’est novateur, ça nous pousse à travailler différemment ». L’innovation est pour lui non seulement une nécessité face aux mutations du métier mais aussi un moyen de motiver les adhérents actuels et d’en attirer de nouveaux.

Des échanges tournés vers l’action

Le test du robot Ted de Naïo Technologies, initié en 2019, fait partie de cette approche. Le but est double : juger du potentiel de la robotisation comme alternative aux produits phytosanitaires, au-delà des fantasmes, et faire progresser l’outil pour garantir son appropriation par les adhérents. « Nous travaillons déjà beaucoup en Cuma. Mais, la spécificité pour ce projet, c’est vraiment de valider l’outil, souligne Guillaume Barou. À la fin du projet, il y aura un dossier solide, avec du recul ».

Tout en ayant un rôle fédérateur, le projet multiplie les échanges tournés vers l’action. Il associe Naïo Technologies, le concepteur du prototype, mais aussi la chambre d’agriculture. Pour élargir les fonctionnalités, la Somaref, une entreprise locale d’équipements agricoles, développe un outil électrique d’épamprage adapté au robot. Un prototype devrait pouvoir être testé au printemps prochain. Les élèves du lycée des Métiers Hélène Duc de Bergerac planchent sur la compatibilité d’outils existants sur le marché avec le robot, et sur de nouveaux outils à inventer.

Une vision évolutive et pragmatique

Certains freins ont déjà été cernés. Par exemple celui du déplacement du robot qui ne peut emprunter la route. Pour optimiser les déplacements, la cave imagine un travail du robot par îlots rassemblant plusieurs vignerons, à l’image de ce qui existe déjà pour la confusion sexuelle.

Autre frein, le poids léger de l’engin s’avère limitant pour certains outils. Naïo a fait évoluer son modèle et la poursuite du projet avec une V2 du prototype plus lourde (de 1 t à 1,5 t) est en cours de discussion.

Le projet fait partie du laboratoire d’innovation territoriale (LIT) développé par le vignoble de Bergerac dans le cadre du programme Vitirev de la région Nouvelle-Aquitaine (voir encadré). La moitié du budget investi dans le prototype a ainsi pu être financée par la région. L’avancement du projet s’adapte au contexte Covid. Guillaume Barou espère que ses conséquences économique n’entraîneront pas une réduction des moyens.

A voir : [Vidéo] Le robot Ted s'occupe du cavaillon dans les vignes

Des nouvelles méthodes pour l’innovation

Pour trouver des solutions novatrices, les laboratoires d’innovation territoriale (LIT) se développent en France. Cécile Lelabousse, animatrice de La Fabrique des transitions, le LIT lancé par l’IVBD (1), nous explique de quoi il s’agît.

« Leur particularité, c’est d’être multipartenaires. Jusque-là, les projets collaboratifs étaient peu transversaux. Or les problématiques sont complexes. En théorie, un LIT repose sur une expérimentation en condition réelle avec une gouvernance entre experts et usagers sur un niveau d’égalité. La méthode va aussi créer de l’innovation à travers des moments créatifs pour faire émerger des idées autour d’un thème. La dynamique d’un laboratoire passe par des participants pas forcément très nombreux mais actifs, qui restituent aux autres ce qui se passe. L’approche transversale peut rendre les gens sceptiques mais nous avançons en rappelant la méthode.

Les outils numériques sont importants pour avancer sans être en présentiel. Pour notre LIT, j’ai créé une page Facebook fermée. Chacun des six projets en cours a son groupe WhatsApp. Avec les réseaux sociaux nous communiquons plus largement sur les actions. Une plateforme numérique permet à ceux qui arrivent en cours de route de se tenir vite au courant de ce qui a déjà été produit. »

(1) Le laboratoire d’innovation de l’Interprofession des vins de Bergerac et Duras a pour thème la transition environnementale du territoire. Il associe des partenaires au-delà de la filière viticole à travers un consortium.

Les plus lus

Afin de maintenir des rendements corrects, Teddy Martin fertilise sa vigne à raison de 50 à 60 unités d'azote par an, apportées sous forme organique.
« L’entretien du sol de ma vigne m’a coûté environ 1 000 euros par hectare en 2023 »

Teddy Martin, viticulteur marnais, laisse ses vignes étroites naturellement enherbées en plein. Il les tond entre trois et…

« L'entretien du sol me coûte environ 200 euros l’hectare en vigne grâce à l'agriculture de conservation »

Dans le Gers, Jean-François Agut fait rimer économie avec agronomie. En misant sur l’agriculture de conservation, il gagne du…

Le Gers dispose d'une enveloppe de 5,03 M€ afin de venir en aide aux viticulteurs touchés par le mildiou en 2023.
Fonds d'urgence viticole : quel montant par département ?

Le ministère de l'Agriculture a ventilé l'enveloppe d'aide par département. Voici la répartition adoptée.

Les vêtements chauffants apportent un confort lors de la taille des vignes

Nous avons testé des vêtements chauffants pendant la taille, et constaté le gain de confort thermique. Ils séduiront les plus…

Cadre Emisol de Forge Boisnier permettant de réaliser le travail du sol intercep des vignes sur deux rangs à la fois.
Entretien du sol en vigne à moindre coût : trois vignerons témoignent

Il existe plusieurs leviers pour limiter le coût de l’entretien du sol. Combiner les outils, élargir ses vignes, avoir recours…

Pour gérer plus efficacement l'entretien 100 % mécanique du sol, Philippe Sicard a dû chercher une solution adaptée à son sol pierreux
« L'entretien du sol de mes vignes me coûte moins de 400 euros par hectare grâce à la combinaison d'outils et aux doigts Kress »

Philippe Sicard, vigneron en Minervois, a fait évoluer son itinéraire d’entretien du sol en ajoutant un outil complémentaire.…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Vigne
Consultez les revues Réussir Vigne au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters des filières viticole et vinicole