Mesures miroir : 82 % des agriculteurs français prêts à réduire les pesticides si les règles sont les mêmes pour tous
La Fondation pour la nature et pour l’homme a commandé une enquête à Odoxa intitulée « Les mesures miroir, regard des agriculteurs et du grand public ». Il en ressort notamment que 82 % des agriculteurs seraient prêts à réduire les pesticides si les règles sont les mêmes pour tous.
La Fondation pour la nature et pour l’homme a commandé une enquête à Odoxa intitulée « Les mesures miroir, regard des agriculteurs et du grand public ». Il en ressort notamment que 82 % des agriculteurs seraient prêts à réduire les pesticides si les règles sont les mêmes pour tous.
Une enquête réalisée par Odoxa, à la demande de la Fondation pour la nature et l’homme, sur les mesures miroir a donné, du 21 octobre au 3 novembre derniers via internet, la parole à 310 agriculteurs conventionnels et 1001 Français. Interrogés sur leurs sujets de préoccupations, les agriculteurs citent à 90 % la charge administrative et les normes, à 89 % la charge mentale liée au métier, à 87 % leurs revenus et la viabilité de leur exploitation, à 85 % la baisse de rendement liée au changement climatique, à 81 % la santé liée à l’usage des pesticides et engrais, à 78 % la transmission de leur exploitation et à 74 % le manque de main d’œuvre.
83 % des agriculteurs déclarent faire des efforts pour la santé des consommateurs mais font face à des freins économiques
Près de 9 agriculteurs sur 10, et la même proportion de Français, considèrent que la responsabilité des agriculteurs sur la santé des consommateurs est importante. Les agriculteurs sont 83 % à déclarer faire des efforts pour la santé des consommateurs, et parmi eux, 44 % se disent même « très engagés », affirmant avoir déjà changé certaines de leurs pratiques, notamment en matière de réduction des pesticides. Toutefois, 39 % déclarent être freinés par leurs impératifs économiques et 16 % indiquent qu’ils se contentent d’être conformes aux normes européennes et françaises qui permettent déjà d’écarter les produits les plus dangereux pour la santé. En ce qui concerne l’environnement, 87 % des agriculteurs considèrent qu’ils font des efforts mais 42 % affirment qu’ils sont limités par les contraintes économiques.
41 % des agriculteurs n’ont jamais entendu parler des mesures miroir
Aujourd’hui, 59 % des agriculteurs déclarent avoir déjà entendu parler des mesures miroir mais seuls 21 % affirment savoir précisément de quoi il s’agit, 38 % en ont une idée vague, tandis que 41% n’en ont jamais entendu parler. Une fois que la définition des mesures miroir est bien précisée, leur mise en place est largement plébiscitée par les agriculteurs : 90 % les jugent importantes dont 54 % estiment même qu’il s’agit d’une priorité, seuls 9 % les considèrent peu ou pas importantes. Les Français partagent cette conviction : 93 % considèrent les mesures miroir comme importantes dont 55 % prioritaires, seuls 6 % estimant qu’elles ne le sont pas.
Les mesures miroir amélioreraient la santé et renforceraient la compétitivité selon les agriculteurs
Selon les agriculteurs, les mesures miroir amélioreraient la santé (83 %), favoriseraient l’achat de produits « Made in France » (81 %), renforceraient la compétitivité (81 %) et préserveraient l’environnement (80 %). Elles contribueraient aussi à mieux rémunérer les agriculteurs (77 %) et à encourager l’installation de nouveaux producteurs (75 %). Les principaux freins à la mise en place des mesures miroir cités par les agriculteurs sont à 51% le manque d’engagement des responsables politiques, à 47 % la faible considération pour le monde agricole. Viennent ensuite le risque d’augmentation des prix pour les consommateurs (37 %), la crainte de représailles commerciales (35 %), la complexité juridique de la mise en œuvre (31%) et la pression de certains syndicats agricoles (16 %). Il est important de souligner que 82 % des agriculteurs se disent disposés à réduire l’usage des engrais et pesticides si les produits importés étaient soumis aux mêmes règles.
80 % des agriculteurs souhaiteraient développer des infrastructures agroécologiques
Au-delà des pesticides, les agriculteurs se déclarent prêts à multiplier les efforts : chez les éleveurs, l’adhésion atteint les 90 % sur l’amélioration du bien-être animal et la baisse des antibiotiques et médicaments vétérinaires et dans l’ensemble des filières, l’accord est de 80 % pour déployer des infrastructures agroécologiques : haies, bandes enherbées, jachères). Viennent ensuite la diversification des cultures et rotations citées par 73 % des agriculteurs. Les démarches de certification (HVE, Label Rouge, AOP, bio) recueillent à 67 % leur assentiment. Mais le manque d’accompagnement cité par 45 % des agriculteurs est le frein le plus important à la transition agroécologique. Le signal est particulièrement fort chez les éleveurs (49 %) qui cumulent enjeux sanitaires, bien-être animal et investissements.
60 % des Français souhaiteraient une meilleure rémunération des agriculteurs si les mesures miroir étaient appliquées
Côté consommateurs, si des mesures miroir étaient appliquées, la priorité serait pour 62 % des Français la réduction des pesticides, devant le bien-être animal et la baisse des antibiotiques (48 %), la plantation de haies et d’arbres (30 %) et la certification Bio, commerce équitable etc. (28 %). Il est à noter que 60 % des Français souhaiteraient que l’application de mesures miroir aient pour conséquence une meilleure rémunération des agriculteurs.
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