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Maladies fongiques du blé tendre : les variétés face aux contournements de résistance et à l’apparition de nouveaux pathogènes

Face à l’évolution rapide des pathogènes, accentuée par le changement climatique, la surveillance épidémiologique et l’adaptation génétique des variétés de blé tendre deviennent cruciales. Les sélectionneurs travaillent avec la recherche et multiplient les essais pour préserver la résistance variétale.

<em class="placeholder">Plateforme d&#039;essais variétés blé tendre.</em>
Le changement climatique peut favoriser l’émergence ou la réémergence de maladies, estime Romain Valade d'Arvalis.
© V. Charpenet

Les souches de pathogènes s’adaptent et contournent les résistances (surtout pour les rouilles), mais avec beaucoup de variabilité selon les territoires et les années. Ainsi, une variété peut conserver un bon niveau de tolérance si elle est présente dans des zones où la pression de la maladie était modérée ou différente de celle qui a favorisé la sélection de souches virulentes au gène de résistance. L’épidémiosurveillance est donc une opération clé pour suivre l’évolution très rapide de ces agents pathogènes et adapter les niveaux de tolérance des variétés. Camille Wabinski-Dauchy, sélectionneur blé tendre chez Florimont-Desprez, souligne l’importance des projets collaboratifs associant les obtenteurs, Arvalis et l’Inrae : « Les chercheurs identifient les gènes de résistances et les marqueurs associés, pour que nous puissions les intégrer dans nos travaux de sélection ».

Des années comme 2023 et 2024, où la pression de septoriose a été forte, ont permis d’en apprendre davantage sur le niveau de tolérance des variétés à cette maladie, explique Aurore Guilvert, chef marché céréales et protéagineux chez Limagrain Europe, qui ajoute qu’il est de plus en plus important de travailler en pluriannuel car des variétés bien notées lors de leur inscription au Catalogue peuvent voir leurs notes revues à la baisse après deux mauvaises années. « 2024 nous a montré qu’il faut, encore plus que par le passé, faire des tests multisites et multiannées, qu’il faut exposer les variétés à de fortes pressions de maladies, pour bien connaître le matériel génétique », confirme Camille Wabinski-Dauchy.

La rouille noire favorisée par le réchauffement climatique

Le changement climatique peut en outre favoriser de nouvelles populations de pathogènes, et donc l’émergence ou la réémergence de maladies. « On peut citer l’exemple de la rouille noire que l’on observe aujourd’hui plus fréquemment, indique Romain Valade, chef du service adaptation des cultures aux agro-climats, génétique et phénotypage chez ArvalisSa présence est potentiellement liée au changement climatique et le matériel végétal européen n’est pas adapté à cette maladie. » C’est une maladie peu connue, qui pourrait devenir prépondérante avec le risque de réduction du cycle de culture du blé tendre. Des pathogènes déjà présents peuvent aussi s’adapter à de nouvelles conditions climatiques et devenir plus fréquents qu’attendu dans les modèles de projection.

Un autre impact du changement climatique supposé est l’effet des températures sur les résistances. Les travaux de recherche académique en cours indiquent que la température peut avoir un impact sur l’efficacité des gènes de résistance : « En cas de stress thermique, le gène de résistance s’exprimera plus ou moins et la résistance sera plus ou moins cassée », explique Romain Valade. Les stress abiotique et biotique peuvent donc se combiner et agir sur les gènes et leur régulation. C’est pourquoi les sélectionneurs accentuent leurs travaux sur l’interaction génotype et environnement.

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