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Maïs : quelles solutions pour implanter un couvert hivernal après la culture ?

L’obligation de rotation à la parcelle de la nouvelle PAC relance l’intérêt pour l’implantation de couverts végétaux après maïs, notamment en système monoculture. Plusieurs modes d’implantation sont possibles.

L’implantation du couvert dans la culture de maïs peut se faire lors d’un binage
L’implantation du couvert peut se faire lors d’un binage.
© Chambre d’agriculture de Bretagne

« Au-delà des aspects réglementaires, l’implantation d’un couvert après maïs présente surtout l’intérêt d’apporter du carbone au sol », estime Jérôme Labreuche, spécialiste des couverts à Arvalis. Si le couvert inclut des légumineuses, il apporte aussi de l’azote. S’y ajoute un effet sur la structure du sol, les adventices ainsi qu’un rôle de piège à nitrates s’il est semé suffisamment tôt.

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Depuis longtemps, des couverts sont déjà implantés après maïs, notamment en non-labour. La culture étant récoltée tard, les limites pour obtenir une biomasse de couvert correcte sont le manque de lumière (photopériode) et surtout des sommes de températures insuffisantes. « Le plus simple est de semer après la récolte du maïs », souligne Jérôme Labreuche. Cette solution implique de récolter tôt, avant le 20- 25 octobre dans le Sud-Ouest. Plus on remonte au nord, plus cet aspect de la date de récolte du maïs grain s’avère compliqué, car cela implique de semer tôt au printemps. La problématique se pose moins en maïs fourrage, d’ordinaire récolté plus tôt. « En Alsace, pour qu’un couvert se développe, il faut le semer avant mi-octobre, analyse Thomas Joly, responsable filière maïs à Arvalis. Il y a donc un compromis à trouver entre le coût du séchage si on récolte tôt et la possibilité d’implanter un couvert. » Une carte de dates limites par région devrait être publiée à l’automne.

Implantation avant récolte au printemps ou en été

Une autre solution est d’implanter le couvert sous maïs avant récolte. Il est possible de le semer au stade 6-10 feuilles du maïs, lors d’un binage, avec une bineuse équipée d’un semoir centrifuge ou à petites graines, ou hors binage, avec un semoir à petites graines ou un épandeur d’engrais. Les graines, souvent laissées en surface, germent ensuite à la faveur d’une pluie ou d’une irrigation.

En Pays de la Loire, la chambre d’agriculture teste depuis deux ans l’implantation de couverts de trèfle au stade 6-10 feuilles du maïs. « Les herbicides à action racinaire peuvent toutefois entraîner de la phytotoxicité pour le couvert, ce qui restreint les possibilités de désherbage, constate Mathieu Arnaudeau, conseiller agronomie. Et comme ces semis ont lieu début juin, ce qui est un peu tôt pour irriguer, la levée dépend des pluies. Une densité de semis élevée semble aussi nécessaire. » « Nous conseillons de ne pas utiliser d’herbicide à action foliaire, insiste Anne-Thérèse Bilcot, de la chambre d’agriculture de Bretagne. Nous recommandons en ray-grass italien un semis à 20-25 kg/ha en semences certifiées, 35-40 kg/ha en semences fermières. » Le manque de lumière avant la récolte et après celle-ci en maïs grain, du fait des résidus de culture, limite par ailleurs le développement du couvert.

Une autre solution encore est le semis un mois avant récolte, par enjambeur, hélicoptère ou drone. La mise au point de drones pouvant emporter 10 kg de semences ouvre notamment des perspectives pour le semis sous maïs. « Outre le coût du semis par hélicoptère ou drone, des essais dans le Sud-Ouest montrent que les résultats sont équivalents avec les trois modes d’implantation », indique Jérôme Labreuche.

Choix économique ou agronomique entre ray-grass et trèfles

Le choix des espèces dépend de la date de semis et de l’objectif du couvert. « L’idéal pour qu’il ne pompe pas d’azote est qu’il comporte des légumineuses, féverole, pois fourragers, trèfle incarnat…, indique Jérôme Labreuche. Toutefois, ces semences coûtent cher. Si le couvert est seulement réglementaire, il vaut mieux choisir des espèces peu coûteuses et qui lèvent facilement. » Les ray-grass, des céréales (avoine, triticale), des crucifères (radis, navette…) ou la phacélie… peuvent être utilisés. Des essais de semis au binage dans le Sud-Ouest montrent que les meilleurs résultats sont obtenus avec du ray-grass italien ou du ray-grass hybride, seuls ou avec de la vesce velue, du trèfle blanc ou du trèfle incarnat.

Concernant la destruction, au-delà du 15 mars, « un couvert encore en place risque de pénaliser le maïs suivant par épuisement des ressources en eau et en azote », indique Arvalis. Dans certains cas, une telle échéance n’est pas toujours possible. Ainsi, le maintien d’un couvert au-delà du mois de novembre est plus difficile dans les sols argileux (plus de 35 % d’argile), en particulier s’ils doivent être labourés. « C’est pourquoi ces sols conviennent mal à l’implantation tardive d’un couvert après la récolte d’un maïs », considère Arvalis.

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