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À ses risques et périls, le Brésil réclame le statut de pays indemne de fièvre aphteuse sans vaccination

Le premier exportateur mondial de bœuf a cessé de vacciner son bétail sur la quasi-totalité de son territoire. La reconnaissance internationale de son statut de pays indemne de fièvre aphteuse sans vaccination adviendrait au plus tôt en mai 2025.

cheptel bovin Brésil
96% du cheptel brésilien de 234 millions de têtes n’est désormais plus vacciné contre la fièvre aphteuse.
© Marc-Henry André

Le 3 mai dernier, le Brésil a annoncé la fin de l’obligation de vacciner les bovins contre la fièvre aphteuse dans les régions où c’était encore le cas (Alagoas, Ceará, Paraíba, Pernambuco et Rio Grande do Norte). Ainsi, la totalité du cheptel brésilien de 234 millions de têtes ne sera plus vacciné contre cette maladie contagieuse dont la réapparition inopinée peut coûter très cher aux pays exportateurs de bœuf.

« Le Brésil joue gros », confirme l’expert argentin Miguel Gorelik, directeur du site Valor Carne. Pour lui, l’annonce de Brasília est « hautement risquée » par rapport à la prévalence du virus dans la région et « motivée essentiellement par l’accès promis aux marchés du Japon et de la Corée du Sud pour le porc brésilien, ces deux pays n’y ouvrant leurs frontières que si le pays d’origine est reconnu indemne de fièvre aphteuse sans vaccination », dit-il. D’ailleurs, le nouveau directeur Santé animale du ministère brésilien de l’Agriculture de Brésil à l’origine de cette annonce, Marcelo Mota, fut, il y a peu, attaché agricole du Brésil au Japon.

Avec cette annonce, « le Brésil joue gros », selon l’expert argentin Miguel Gorelik, directeur du site Valor Carne.

L’annonce fait des émules dans la région parmi les éleveurs

Le vétérinaire brésilien Pedro Pires, de l’agence de recherche publique EMBRAPA, avoue qu’il sera « très difficile et coûteux » pour le Brésil de maintenir son nouveau statut (attendu) de pays indemne de fièvre aphteuse sans vaccination, « car cela exige une très haute vigilance sanitaire sur notre territoire vaste comme 17 fois celui de la France métropolitaine », souligne-t-il. « Nous voulons éradiquer la maladie et que nos marchés le reconnaissent. Il s’agit bien de vendre davantage de viandes au meilleur prix. »

Le risque d’un futur foyer de fièvre aphteuse au Brésil, comme cela advint à Manaus en 2006, serait lourd de conséquence. À titre d’exemple, l’Argentine a dû patienter 20 ans pour retrouver l’accès de son bœuf au marché des États-Unis suite à un foyer d’aphteuse admis tardivement en l’an 2000. « À l’époque, l’Union Européenne avait elle aussi fermé ses portes au bœuf argentin, mais pour seulement un an, de février 2001 à février 2002, quoique cela fit grand mal à la filière », rappelle Miguel Gorelik.

L’annonce du Brésil fait des émules dans la région parmi les éleveurs, surtout en Argentine où ils voudraient, eux aussi, ne plus avoir à vacciner leurs animaux contre la fièvre aphteuse. Cela leur ferait faire des économies. Une application de vaccin contre la fièvre aphteuse coûte en Argentine, de coutume, environ le prix d’un kilo vif. Mais aux vétérinaires et experts marchés consultés par Réussir Bovins viande, le risque sanitaire encouru semble bien trop grand pour justifier une telle décision.

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