« D’accord pour un monde agricole plus libéral »
LM : Quelles idées défendez-vous dans le débat sur la loi de modernisation agricole ?
G. R. : Je partage la vision d’un monde agricole plus libéral, où les chefs d’exploitation agissent en managers. Les pouvoirs publics doivent l’appliquer à tous les sujets. La coopération a beaucoup profité des précédentes lois d’orientation. D’autres voies existent. Il y a le commerce libre. Les marchés aux bestiaux ont évolué et ont leur place dans le monde moderne. Grâce à eux, un référentiel de prix est diffusé. Sans cotations, ce n’est pas possible de se battre sur le terrain de la vente. L’actualité, c’est aussi le projet de loi sur le développement rural. On souhaite y voir une reconnaissance de nos marchés, qui sont incontournables.
LM : La mise en œuvre de l’identification ovine reste-t-il un sujet d’inquiétude ?
G. R. : Les choix de la France, sur l’application du règlement européen concernant l’identification et la traçabilité des ovins et des caprins, seront très importants pour le commerce. Au départ, la DGAL proposait deux boucles par animal. Puis, la FNO a fait pression pour une seule, en mettant en avant la question du coût. C’est trop risqué. Avec la conditionnalité inscrite dans la nouvelle Pac, l’éleveur peut perdre toutes ses aides en cas de perte de boucle. Un autre projet concerne l’identification à 7 jours au lieu des 6 mois autorisés par Bruxelles. Ce n’est pas réaliste. A propos de la traçabilité électronique, les marchés souhaitent pouvoir l’expérimenter sur deux ou trois sites avant la mise en place obligatoire en 2008. Quand 2 000 agneaux arrivent d’un coup sur le foirail, il faut pouvoir lire les boucles. S’agissant des bovins, le coût de notification des mouvements d’animaux pose problème. Les professionnels sont toujours en discussion avec l’APCA et la DGAL. Notre position est commune avec celle des coopératives : pas question de payer les EDE. Les données peuvent être envoyées directement à la base de donnée nationale.
LM : Quand la sécurisation des transactions verra-t-elle le jour ?
G. R. : C’est un vieux chantier, qui est relancé par la volonté de la Fédération française des commerçants en bestiaux de le faire aboutir. Les discussions commencent avec les banques. Des solutions technologiques ont déjà été étudiées. Reste à trouver le meilleur système permettant de garantir le petit milliard d’euros (NDLR : 850 M) qui transite sur les marchés. D’autres projets sont en cours, notamment sur le bien-être des animaux durant les rassemblements, avec une information des opérateurs, des solutions d’abreuvement. Concernant la formation des personnels, un contrat avec le centre de formation de la fonction territoriale est en cours jusqu’en 2006. Il n’y a pas que des gestionnaires à la tête des marchés, qui ne sont pas de simples parkings à vaches.