Aller au contenu principal

Les coopératives ovines s’alignent sur les besoins des éleveurs

Le modèle coopératif en filière ovine répond à un enjeu de commercialisation et de valorisation du travail des éleveurs en promouvant les signes officiels de qualité et d’origine. Les équipes de ces structures accompagnent également les adhérents sur le suivi technique, sanitaire et administratif de leurs exploitations, remodelant leur approche pour répondre aux attentes des nouveaux installés.

En 2024, La Coopération agricole (LCA) recensait 32 coopératives ovines réparties sur le territoire français métropolitain, pour 7 700 associés coopérateurs et 376 salariés. Ce secteur représente un chiffre d’affaires de 277 millions d’euros, avec plus de 2,11 millions d’ovins commercialisés, dont 32 % d’agneaux sous signe officiel de qualité et d’origine (Siqo). Parmi ceux-ci, les Labels rouges représentent 65,4 % des volumes, suivis par les certifications de conformité (12,1 %) et les indications géographiques protégées à hauteur de 6,4 %.

Des fusions notables de coopératives ont eu lieu ces dernières années. « Ces opérations de fusion sont inévitables, en particulier lorsque des coopératives couvrent un même secteur géographique, argumente François Monge, le président de la section ovine de La Coopération agricole. Il y a des économies à faire sur le transport et l’appui technique. Avec des coopératives de plus grande taille et un volume d’agneaux commercialisés plus important, on gagne en poids dans les discussions et négociations avec les acteurs de l’aval. »

Six coopératives qui en donnent trois

C’est le cas pour Limovin, qui a fusionné avec Sicarev en 2021. De nouvelles entités sont apparues, notamment Natera en 2024 avec la fusion d’Unicor et Capel tandis que CCBE et Celmar ont donné naissance aux Producteurs de la Marche, toujours l’an passé.

Lire aussi :

<em class="placeholder">Guillaume Metz (à gauche) et François Monge</em>
Guillaume Metz (à gauche) et François Monge : « Près de 60 % des éleveurs ovins sont adhérents à une coopérative. Pour autant, les coopératives doivent évoluer pour séduire et fidéliser les nouveaux installés, notamment au niveau de l’apport de services et de l’accompagnement technique. » © B. Morel
« Le risque, avec des fusions de grande ampleur, c’est de perdre le contact avec les adhérents pour la nouvelle entité, souligne François Monge, par ailleurs membre du conseil d’administration de la coopérative Agneau Soleil. C’est pourquoi les coopératives ont tout intérêt à organiser des réunions de secteur, pour la diffusion technique d’une part mais également pour permettre aux adhérents de s’exprimer. »

S’impliquer dans sa coopérative

L’éleveur drômois rappelle que chaque membre d’une coopérative à le pouvoir de s’impliquer dans la gestion de celle-ci. « Ce sont les associés coopérateurs qui font et qui sont le cœur de la coopérative. » Outre l’appui technique, ce sont les chauffeurs qui tissent un lieu territorial fort entre éleveurs et coopérative. « Le transport des animaux est un atout essentiel du fonctionnement des coopératives », appuie Guillaume Metz, vice-président de la section ovine de La Coopération agricole.

La plupart des entités sont dotées d’un outil de l’aval de la production, qu’il s’agisse d’un abattoir ou d’une entreprise commerciale. Il peut également s’agir d’un partenariat avec une société privée. Cela permet d’assurer une qualité de travail et/ou des débouchés sûrs. De plus, pour abattoir, travailler avec une coopérative est sécurisant puisque cela garantit à l’outil du volume toute l’année et une spécialisation en ovin.

"Le cœur de la coopérative ce sont ses associés - coopérateurs"

« La loi Egalim n’a pas changé grand-chose pour les adhérents de coopératives ovines, explique François Monge. En effet, la contractualisation fait partie de l’ADN de notre fonctionnement et les adhérents ont toujours la parole pour fixer les prix. Il faut voir le contrat négocié comme le tarif de base, auquel on va ajouter les Siqo, la saisonnalité, etc. », renchérit Guillaume Metz.

Une consommation de bio en berne

La question du moment, c’est l’avenir du bio, qui présente aujourd’hui des prix comparables au Label rouge. « Étant moi-même en agriculture biologique, j’observe que l’aliment bio est un tiers plus cher que le conventionnel. Aussi, si l’on n’est pas autonome sur l’alimentation, il est compliqué de s’en sortir », alerte François Monge. L’éleveur a vu s’inverser la tendance entre une demande en bio qui tirait la production en flux tendu à une consommation des produits bio en berne, la faute à l’inflation qui touche les ménages français.

Lire aussi :

Autour de l’agneau conventionnel flotte une aura d’irréalité, véhiculée par les cours atteints en 2025 et depuis 2021. « Le prix de l’agneau est aujourd’hui intéressant pour l’éleveur, apprécie Guillaume Metz, lui-même éleveur en Haute-Vienne. Néanmoins il est indispensable de respecter l’équilibre entre la rémunération du producteur, celle de la filière avec les différents maillons de la chaîne et la cohérence avec le pouvoir d’achat du consommateur final. »

S’orienter vers d’autres débouchés

<em class="placeholder">Interbev Ovins qui a mis en place depuis trois ans le programme « Nos clients changent, changeons l’agneau » avec une démarche auprès des artisans bouchers.</em>
Interbev Ovins qui a mis en place depuis trois ans le programme « Nos clients changent, changeons l’agneau » avec une démarche auprès des artisans bouchers. © B. Morel
Si aujourd’hui, et malgré les prix très élevés, les agneaux sont toujours vendus, les coopératives mettent en place des partenariats commerciaux afin d’orienter leurs volumes vers d’autres débouchés. La filière dans son ensemble est proactive pour s’adapter aux changements sociétaux. À l’instar d’Interbev Ovins qui a mis en place depuis trois ans le programme « Nos clients changent, changeons l’agneau » avec une démarche auprès des artisans bouchers.

Au niveau de la production, c’est le champ d’action d’Inn’Ovin qui promeut le métier d’éleveur à travers les Ovinpiades et qui réunit les connaissances techniques sur son site internet et via des webinaires gratuits. Enfin, au niveau de l’aval, les coopératives travaillent avec les écoles de boucherie pour attirer les jeunes dans ces métiers de bouche et attirer leur attention sur la noblesse de l’agneau.

Régularité et qualité de l’approvisionnement

En fin de compte, la coopération apporte sa pierre à la structuration de la filière ovine française en garantissant une régularité de l’approvisionnement et de la qualité des produits tout au long de l’année et sur tout le territoire. Le développement et la promotion des Siqo incombent en grande partie aux coopératives, qui sont souvent les chevilles ouvrières de nombreux Labels rouges ou IGP, permettant une meilleure valorisation du travail des éleveurs et générant ainsi un revenu plus intéressant qu’avec des produits standards.

« Les coopératives proposent dorénavant un panel de services qui s’étoffe d’année en année », nous apprend François Monge. Ainsi la plupart des coopératives proposent des ventes de reproducteurs et sont membres d’organismes et entreprises de sélection et de diffusion afin de permettre à leurs adhérents un accès facilité à l’insémination animale.

« Certaines coopératives ont un plan sanitaire d’élevage (PSE) et à ce titre, sont dotées d’un vétérinaire, soit partenaire, soit salarié de la coopérative, ce qui permet d’enrichir le maillage territorial des vétérinaires. Elles peuvent également passer commande des vaccins FCO. En bref, les coopératives sont les couteaux suisses pour les éleveurs et pour la filière », conclut le président de la section ovine de LCA.

Une stratégie « bien-être animal » dans les centres de rassemblement ovins

La Coopération agricole a adapté sa grille d’évaluation du bien-être animal bovin aux centres de rassemblement ovins et incite les opérateurs à utiliser cet outil d’amélioration continue.

La filière se dote d’outils pour évaluer et améliorer la bientraitance et le bien-être à tous les stades de la vie des animaux. Dans ce cadre, La Coopération agricole Pôle animal, en collaboration avec ses coopératives adhérentes, a adapté à la filière ovine la grille interprofessionnelle diagnostic bovins en centre de rassemblement.

<em class="placeholder">La filière se dote d’outils pour évaluer et améliorer la bientraitance et le bien-être à tous les stades de la vie des animaux.</em>
La filière se dote d’outils pour évaluer et améliorer la bientraitance et le bien-être à tous les stades de la vie des animaux. © B. Morel
Dans le détail, le travail réalisé a consisté à améliorer la grille de diagnostic existante depuis 2020 pour les gros bovins et en profiter pour adapter cette nouvelle version pour une utilisation par la filière ovine, puisque aucun outil n’existait alors jusque-là à cet effet.

Le séjour de l’animal évalué de A à Z

Cette nouvelle version s’adresse à tous les centres de rassemblement d’ovins de plus de trois semaines (centres d’allotements, marchés, foires, …). Il permet d’évaluer le respect du bien-être, du déchargement des animaux à leur chargement, y compris durant les phases de manipulation et durant l’hébergement.

Une nuance est cependant à noter : les situations de déchargement et de chargement sont observées uniquement sur les camions appartenant au centre pour du transport national tandis que les observations sur les animaux sont réalisées sur tous les animaux qui transitent par le centre, peu importe leurs provenances et destinations, qu’elles soient nationales ou internationales.

Répéter régulièrement l’évaluation

La grille de diagnostic propre aux ovins reprend la grille destinée aux bovins quasiment à l’identique, à l’exception de quelques spécificités propres aux espèces. Cette grille s’intéresse à la totalité des aspects réglementaires relatifs aux autorisations administratives, à la conception du bâtiment de rassemblement, aux équipements de transport, aux zones de chargement et déchargement, aux espaces de contention et de tri et au logement et à la gestion des animaux sur le centre.

Si réaliser ce diagnostic une première fois permet de faire un état des lieux et de mettre en exergue des axes d’amélioration, il est recommandé de renouveler l’expérience de façon annuelle.

Cette pratique permettra de s’assurer du bon fonctionnement du centre de rassemblement en termes de bien-être animal, mais aussi d’ajuster régulièrement les pratiques selon les résultats obtenus. Il est aussi conseillé d’étaler le diagnostic sur plusieurs jours et de le réaliser à des périodes différentes afin d’observer différents cas de figure.

Selon les catégories d’animaux mais aussi en fonction des températures extrêmes basses et hautes et selon l’activité du centre qui peut être parfois plus intense, les observations peuvent être différentes.

Enfin, il est bon de noter que ce diagnostic est relativement peu chronophage. Réalisé d’un bloc, il peut nécessiter une demi-journée mais réalisé en plusieurs temps comme mentionné à l’instant, le travail est finalement peu prenant.

Les plus lus

<em class="placeholder">Olivier Maurin</em>
Les mille vies d’un passionné de la brebis et du pastoralisme
Éleveur transhumant du Béarn et fervent défenseur du monde pastoral, Olivier Maurin participe à l’amélioration de la race basco-…
<em class="placeholder">Vincent Pons, 26 ans, éleveur de brebis dans le Lot</em>
« Le métier de sélectionneur ovin est devenu une passion »
Vincent Pons, 26 ans, s’est installé en 2021 en Gaec avec son père, avec 850 brebis Causses du Lot en sélection, à Boussac…
<em class="placeholder">Brebis en estive</em>
« Les Ovinpiades m’ont donné la passion de la génétique ovine »
À 28 ans, Lise Noël incarne l’avenir de la filière ovine. Grâce aux Ovinpiades, cette jeune femme engagée a vu son parcours se…
<em class="placeholder">Marion Morel, Antonin Bourgis, Léo Péry, Alban Lambert et Jules Fosseprez</em>
Dans l’Aisne, les éleveurs ont aussi leurs Ovinpiades
Cinq élèves du lycée agricole de Vervins ont organisé les Ovinpiades des Maîtres bergers en février. Un moment convivial et…
<em class="placeholder">Engraissement des agneaux au nourrisseur</em>
Coût des rations : des différences importantes en ovin
Les conseillers ovins des chambres d’agriculture Paca et les techniciens de la filière régionale ont mis au point un outil de…
<em class="placeholder">Bergers soignant une brebis en estive</em>
« Dans les Hautes-Pyrénées, nos brebis tarasconnaises sont faites pour la montagne »
S’il pâture en totale liberté la moitié de l’année, le troupeau de tarasconnaises de Philippe et Iris Soucaze doit désormais…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Pâtre
Consultez les revues Réussir Pâtre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Pâtre