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« Le métier de sélectionneur ovin est devenu une passion »

Vincent Pons, 26 ans, s’est installé en 2021 en Gaec avec son père, avec 850 brebis Causses du Lot en sélection, à Boussac dans le département du Lot.

<em class="placeholder">Vincent Pons, 26 ans, éleveur de brebis dans le Lot</em>
Vincent Pons, 26 ans, s’est installé en 2021 à Boussac dans le Lot.
© DR

« J’ai toujours vu mes parents travailler au milieu des brebis, cela me paraissait évident de m’installer sur la ferme et de vivre de ma passion. Le contact avec la nature et le travail avec les brebis m’ont toujours plu ; être son propre chef a beaucoup d’avantages et je trouve que c’est un métier noble que de produire des agneaux de qualité.

Pendant le lycée et le BTS ACSE, mes stages m’ont ouvert à d’autres productions comme les vaches Salers, les brebis Lacaune ou encore l’élevage ovin en plein air intégral. Cela m’a permis d’avoir quelques idées à mettre en place chez moi. J’ai ensuite complété ce parcours en suivant le certificat de spécialisation ovin viande au CFFAA/CFPPA du Lot.

Un parcours très professionnalisant

J’ai réalisé mon apprentissage sur la ferme familiale car il y avait un besoin de main-d’œuvre, mais aussi parce que j’avais envie d’apporter des nouveautés et cela m’a permis d’intégrer l’entreprise progressivement.

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Le CS ovin a été très important pour moi car j’ai rencontré tous les acteurs de la filière ovine du département, constituant ainsi mon carnet d’adresses, en ayant une visibilité sur les opportunités, etc. De quoi récupérer plein d’idées et de s’intégrer dans le monde professionnel de l’ovin.

Il est important de se remettre en question et de faire évoluer son système en fonction des opportunités ; raison pour laquelle nous sommes passés en sélection.

La sélection de la race locale

<em class="placeholder">Agnelles F1 Blanche des Causses</em>
Vincent Pons et son père conduisent une partie du troupeau en sélection Causses du Lot et l'autre partie en multiplicateurs d'agnelles F1 Blanche des Causses (photo). © B. Morel
Après le départ à la retraite de ma mère, je suis rentré dans le Gaec avec mon père, et nous sommes passés de 700 à 850 brebis Causses du Lot. Nous croisons les brebis avec des béliers Berrichon du Cher, afin d’améliorer la conformation des carcasses pour vendre nos agneaux sous indication géographique protégée et Label rouge « Agneau fermier du Quercy », et nous achetons toutes nos agnelles de renouvellement.

C’est après avoir échangé avec les techniciens de l’organisme de sélection Ovilot et des sélectionneurs que j’ai été convaincu et intéressé par la sélection.

Depuis 2023, 150 brebis sont candidates à l’insémination animale, afin de conserver nos agnelles, d’améliorer la valeur laitière et maintenir la prolificité. Nous enregistrons toutes nos naissances et réalisons des pesées à 30 jours avec un suivi sanitaire. Quelques mâles partent en station de contrôle individuel.

Plein de casquettes pour garder l’esprit ouvert

Nous avons toujours une partie du troupeau croisée avec des béliers berrichons pour les agneaux de boucherie ; élément que nous souhaitons faire évoluer.

L’objectif pour l’année prochaine est de conduire la moitié du troupeau en sélection Causses du lot et l’autre partie en sélection F1 46 rebaptisée Blanche des Causses. L’objectif est de commercialiser le maximum d’agnelles de reproduction pour répondre aux besoins de notre filière.

Le métier de sélectionneur est donc devenu une passion. Aujourd’hui, je suis engagé et investi en étant membre des conseils d’administration des Jeunes Agriculteurs 46, du syndicat ovin et de l’EPLEFPA Animapôle ; cela me permet d’avoir du recul et de changer mon quotidien. »

Une sélection lotoise bien organisée

Le schéma de sélection à double étage, une spécificité de la filière ovine lotoise, répond aux besoins des éleveurs et de la filière. Si la brebis Causses du Lot est bien adaptée aux conditions pédoclimatiques du département (sol calcaire séchant, pelouses sèches…), elle est aussi rustique que bonne marcheuse avec une bonne aptitude au dessaisonnement et résistante à la piroplasmose malgré une forte présence de tiques ; mais elle n’a pas la conformation qui répond aux attentes de la filière.

Ainsi en 1992, ce sont tous les acteurs de la filière qui se sont réunis autour d’un objectif : maintenir la race Causses du Lot en mettant en place le schéma de sélection à double étage ; aujourd’hui piloté par l’organisme de sélection Ovilot.

Groupe 1 - Sélectionneurs : ce sont des éleveurs de brebis Causses du lot avec un objectif de 20 % du cheptel candidat à l’insémination animale (IA) et 50 % du renouvellement issu de ces IA. Les critères de sélection sont les valeurs maternelles ; l’augmentation de la valeur laitière et la stabilisation de la prolificité (165 %).

Les béliers diffusés par l’IA sont aussi sélectionnés sur les valeurs bouchères (conformation et croissance) et sur leur résistance au parasitisme. Les sélectionneurs vendent leurs agnelles aux sélectionneurs du groupe 2 ou multiplicateurs.

Groupe 2 - Multiplicateurs : En croisant la brebis Causses du lot avec des béliers Île-de-France, ces éleveurs produisent et vendent des agnelles « Blanche des causses » autrefois appelée F1 46. Cette brebis est rustique, et de meilleure conformation grâce au bélier Île-de-France, retenu dans ce schéma car en plus des qualités bouchères, il a aussi de bonnes valeurs maternelles et une bonne capacité au dessaisonnement.

Groupe 3Utilisateurs : Ce sont les éleveurs dits « terminaux ». Ils achètent des agnelles « Blanche des Causses » et les croisent avec des béliers de race à viande (Berrichon du Cher, Charollais, Rouge de l’ouest, …). Cela permet d’améliorer ces agneaux F2, mâles et femelles, majoritairement classé en R et U, et d’approvisionner la filière avec cette qualité constante toute l’année.

Rédaction Réussir

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