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Le marché au cadran sans déplacer les animaux avec la vente par vidéo

Pour des lots d’au moins vingt broutards, la Sicafome propose aux éleveurs de mettre en vente leurs animaux dans les conditions du marché au cadran avec comme support une vidéo.

Depuis quatre ans, la Sicafome (Société d’intérêt collectif agricole des foires organisées de Moulins-Engilbert) propose depuis ses deux rings de Moulins-Engilbert dans la Nièvre une technique de vente innovante par vidéo. Lilian Lognon, éleveur de Charolais installé en Gaec à Thiel-sur-Acolin, dans l’Allier, a vendu par ce biais le même jour à la mi-octobre tous ses broutards mâles et femelles, soit au total 122 animaux. Avec des vêlages bien groupés, les ventes sont elles aussi concentrées dans le temps. Et l’élevage étant situé à 56 kilomètres de Moulins-Engilbert, Lilian Lognon n’aurait pas pu amener le même jour autant d’animaux. En tracteur avec la bétaillère, il roule à 40 km/h et il lui faut une heure trente pour venir. "La vente par vidéo m’évite des frais de transport, tout en bénéficiant des avantages du marché au cadran", apprécie l’éleveur.

Les frais facturés par Sicafome sont les mêmes pour la vente par vidéo, et elle entre comme toutes les ventes dans les cotations. "Nous nous fixons un nombre minimum de vingt bêtes pour organiser une vente par vidéo, explique Julien Bonnet de Sicafome. L’éleveur doit nous prévenir une dizaine de jours avant la date de présentation voulue, et nous passons tourner les images sur l’exploitation la semaine suivante." Les animaux peuvent être au pré ou en bâtiment. La vidéo est ensuite montée et mise en ligne sur la chaîne youtube de la sicafome le vendredi soir. Les acheteurs ont ainsi quelques jours pour se faire une opinion, avant la vente du mardi.

La vidéo dure deux à trois minutes. Les animaux sont filmés à hauteur d’épaule et toujours de la même façon d’une vente à l’autre, de façon à bien montrer leur conformation. "On s’applique à ni flatter ni dévaloriser les animaux — d’où l’intérêt pour nous et pour les deux parties, acheteurs et vendeurs, que le lot soit bien homogène, explique Julien Bonnet. Ce système fonctionne sur la relation de confiance avec le marché." Une estimation du poids moyen des animaux du lot est faite, et le jour de la vente, les enchères portent sur le prix au kilo. Les broutards sont pesés le jour de leur départ de la ferme, entre zéro et sept jours après la vente, par passage du camion sur une bascule à vide puis à plein (avec un dégrèvement fixé par le vendeur sur le poids des animaux pour le jeûne). Et l’éleveur est réglé au poids net par animal 48 heures après l’enlèvement des animaux. S’il s’avère que par rapport à l’estimation faite avant les enchères, une erreur de plus de 20 kilos a été faite sur le poids moyen des broutards, une grille permet de minorer ou de majorer le prix au kilo.

La Sicafome réalise une bonne vingtaine de ventes vidéo par an actuellement. L’objectif est de proposer une solution aux éleveurs qui n’ont pas assez de main-d’œuvre occasionnelle pour les aider, ou pas assez de temps pour amener des animaux au marché. Et aussi de proposer ce service à des éleveurs qui sont trop loin pour venir en tracteur et bétaillère. "On pourrait aller jusqu’à 200 kilomètres de Moulins-Engilbert, estime Julien Bonnet. Mais l’objectif est bien toujours de consolider le marché physique et de garder la relation humaine entre les éleveurs, le marché et les acheteurs. Sans négliger l’aspect social qui est important dans nos métiers." Ces ventes par vidéo ne concernent pour l’instant que des lots de bovins de moins de deux ans (maigres ou gras). "Pour des vaches, il faudrait un lot d’animaux qui se ressemblent, et ce n’est pas courant." La vente par vidéo entre petit à petit dans les mœurs.

Ce mardi 13 octobre 2020, la vidéo des animaux de Lilian Lognon est passée en toute fin des ventes, sur le grand écran de la salle numéro 1, et les enchères ont été lancées. L’éleveur a vu ses animaux trouver acheteur en quelques secondes. Le lot de 60 mâles estimés à 355 kilos de poids vif net, mis en vente à 2,30 euros, a été vendu 2,48 euros. Et le lot de 60 femelles estimées à 330 kilos de poids vif a démarré à 2,60 euros pour partir à 2,86 euros. Ces lots ont permis aux acheteurs de constituer un camion entier de mâles et un camion entier de femelles sans tri, et en économisant des frais de transport. Ils pourront également valoriser auprès d’un engraisseur le fait que ces animaux viennent de la même maison. Cette pratique est aussi favorable au bien-être animal, en limitant le mélange et le nombre de manipulations des animaux.

Des lots d’au moins 20 bovins de moins de deux ans

Le numéro 1 des marchés au cadran pour les broutards

Moulins-Engilbert, dans la Nièvre, est le marché au cadran qui commercialise le plus de broutards en France (17 933 broutards en 2019, et 8 240 laitonnes). La Sicafome est un marché aux bestiaux de type cadran créé en 1983 par un groupe d’éleveurs, en remplacement de foires qui existaient depuis très longtemps. Le marché commercialise les ovins et les caprins le lundi toutes les deux semaines, et les bovins tous les mardis. En 2019, 47 300 bovins y ont été vendus. Un effectif plutôt stable depuis quelques années, malgré l’évolution à la baisse des troupeaux de ce berceau charolais du sud du Morvan.

Après plusieurs agrandissements, les installations ont désormais une capacité instantanée maximale de 1 500 animaux, avec deux salles de vente électronique totalement informatisées — l’une pour les bovins mâles et femelles de moins de 24 mois, et l’autre pour adultes, qui s’y présentent de maigres à presque finis. Une trentaine de salariés sont employés (pour un équivalent de 15 temps plein). Un bâtiment agréé pour l’export et une station de lavage pour les camions, avec lagune pour le traitement des eaux, ont été aménagés. Des caméras permettent de surveiller et enregistrer le déroulement du marché.

La fidélité des éleveurs apporteurs est récompensée par la Sicafome. Ceux qui vendent plus de 80 % de leurs animaux via la structure bénéficient d’un intéressement sur le bénéfice, au même titre que les acheteurs qui réalisent un minimum de 100 000 euros d’achats annuels.

Des ventes aux enchères à l’extérieur du marché et en ligne

Le marché dispose d’un matériel de vente aux enchères électronique mobile. Il propose ainsi le service d’organisation de ventes aux enchères à l’extérieur, par exemple sur des concours d’animaux, des stations génétiques, des ventes privées de reproducteurs chez un éleveur. Depuis le début de cette année, ce système s’est enrichi d’une application "live" qui permet à des acheteurs distants de suivre ces ventes par internet et d’enchérir directement de chez eux. Très prisée depuis le début de la Covid-19, cette option a déjà permis de réaliser de nombreuses transactions en France et à l’étranger.

 

Lire aussi : Alain Bretaudeau, FMBV "sans marchés il n'y a plus de cotations"

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