Aller au contenu principal

Traite : Attirer les vaches en 100 % pâturage au robot sans concentré, c’est possible

Depuis 2020, la ferme expérimentale de Trévarez, en Bretagne, pratique le 100 % pâturage sans concentrés en traite robotisée. L’arrêt du concentré au pâturage neuf mois par an n’a pas eu d’effet sur la fréquence de traite.

En système conventionnel ou en agriculture biologique, la mise en place d’un robot incite souvent les éleveurs à maintenir un aliment distribué au robot pour assurer la circulation des animaux et la fréquentation du robot. En système 100 % pâturage, avec une quantité d’herbe suffisante pour répondre au besoin du troupeau, peut-on s’en abstenir intégralement sans pénaliser la circulation ?

La réduction de la consommation de concentrés quand la part d’herbe pâturée est majoritaire dans la ration est possible dans tous les systèmes bio ou non bio, avec plus ou moins d’ares par vache et cela permet de réelles économies. En traite robotisée, quand les conditions de réussite de la circulation des animaux sont respectées, avec une ration équilibrée, une réduction voire une suppression du concentré au robot est possible.

100 % pâturage sans concentrés distribués au robot

 

<p></p> © Source : chambre d'agriculture de Bretagne

À la ferme expérimentale de Trévarez, plusieurs essais ont été menés depuis dix ans pour concilier traite robotisée et valorisation du pâturage. En 2020 la distribution du seul kilogramme de concentrés a été arrêtée pendant un mois sur le troupeau en lactation qui recevait un mélange céréalier fermier. Avec l’arrêt du concentré, aucune différence n’a été constatée sur le troupeau, que ce soit la fréquence de traite en moyenne entre 1,6 et 1,8 en situation de 100 % pâturage d’avril à septembre, des horaires de traite ou la production laitière par animal. L’économie en mélange céréalier est non négligeable et permet de garder le stock pour l’hiver. C’est environ 5 tonnes de concentrés économisés par an.

Des économies et du temps de travail en moins

L’expérience étant concluante en 2020, elle a été renouvelée depuis pour la saison en situation de 100 % pâturage avec le maintien d’une fréquence de traite de 1,6 de moyenne sur le troupeau et des performances identiques en production laitière.

Même, la mise à l’herbe et une alimentation équilibrée en 100 % pâturage dès le mois de mars par rapport au déséquilibre de la ration hivernale en bio permet d’augmenter la production laitière de plus de 4 kilos entre février et mai en 2021, alors que la fréquence de traite passe de 2,2 à 1,7 de moyenne par vache. Une fréquence de traite en recul ne va donc pas forcément dégrader la production laitière.

Des économies toute l’année

Le concentré a donc été arrêté au robot près de neuf mois de l’année pour le troupeau bio de Trévarez, de mars à octobre en moyenne. Aujourd’hui, il est distribué en période hivernale pour équilibrer la ration et pendant les deux périodes de vêlages du troupeau au printemps et à l’automne pendant 15 à 21 jours, à raison de moins d’un kilo par jour pour les animaux qui viennent de vêler.

Ces deux années montrent que lorsque les vaches sont motivées par leur repas d’herbe fraîche, elles circulent d’elles-mêmes, jusqu’à 900 mètres avec le parcellaire de Trévarez. Dans le cas du pâturage exclusif, c’est l’herbe disponible dans le paddock suivant qui les motive. Dans le cas du pâturage de jour, c’est l’alimentation à l’auge le soir et l’accès au pâturage le matin qui initient la circulation autonome des animaux.

Moins de travail au quotidien

En plus de l’avantage économique de supprimer le coût de la distribution du concentré par vache et par jour, le gain de temps quotidien a été évalué à deux heures entre les deux systèmes d’alimentation (100 % bâtiment avec une alimentation à l’auge et la situation estivale en 100 % pâturage). Un atout de plus pour passer le pas d’augmenter la part de pâturage dans son système quand les conditions sont réunies, en traite robotisée ou classique.

Claire CARAËS, Valérie BROCARD

Le saviez-vous ?

Le choix d’un robot mobile à la ferme de Trévarez a été fait en 2012 pour maintenir le pâturage dans la ration des vaches laitières malgré un parcellaire morcelé (4,5 km entre les deux principaux îlots de prairies). C’est un total de 21 transferts de robot qui ont été réalisés, avec seulement quatre heures d’arrêt de la traite robotisée pour chaque transfert.

Les conditions de réussite pour pâturer avec un robot de traite

 

  • Un parcellaire accessible en permanence pour une libre circulation entre prairie et robot

  • Un robot non saturé : 55 animaux maximum par stalle

  • L’envie de pratiquer le pâturage avec un robot de traite

  • Une sortie du robot réfléchie, avec une porte de tri ou via le robot en sortie de bâtiment

  • De la motivation pour faire circuler les vaches avec de l’herbe fraîche et l’accès à de nouvelles parcelles fréquemment

  • Une bonne circulation du troupeau avec des chemins de qualité et l’accès à l’abreuvement dans toutes les parcelles ou sur les chemins

  • Des fourrages complémentaires ajustés à l’herbe mis à disposition après le pâturage en fonction des besoins du troupeau

 

Chiffres clés

50 vaches croisées trois voies prim'Holstein/jersaise/normande conduites en bio

250 jours de pâturage par an dont 170 jours en pâturage intégral jour et nuit

Coût alimentaire de 20 €/1 000 l en situation 100 % pâturage d’avril à octobre

Gaël Le Bloas - Gaec Les Bloas and cows à Milizac, dans le Finistère

120 vaches, 2 robots avec une porte de tri, 18 ares/VL d’herbe pâturée de février à octobre

« Je réduis les concentrés au robot de 20 % dès le mois d’avril »

Comment s’organise votre système de pâturage avec 120 vaches ?

Installé avec un système avec deux robots pour 120 animaux depuis 2017, j’ai découpé 22 paddocks en parcellaire de jour et de nuit. Les animaux sortent à partir de 8h30, ils passent tous au robot dans la matinée jusqu’à 13h30 et rentrent vers 17h lors de la distribution à l’auge. Je favorise la circulation des animaux en changeant les fils tous les jours pour les inciter à aller pâturer avec de l’herbe fraîche.

Comment avez-vous réduit les concentrés au robot ?

J’ajuste la ration à base de maïs, d’ensilage d’herbe, de soja avec l’herbe pâturée en fonction de la pousse et de la qualité de l’herbe. Actuellement en pâturage jour et nuit, je distribue 9 kg MS de maïs, 2,5 kg MS d’ensilage d’herbe et 1 kg de soja, avec un tiers de la ration le matin et deux tiers le soir. De plus, je réduis les concentrés au robot de 20 % au printemps dès le mois d’avril et parfois à l’automne en fonction de la qualité de l’herbe.

Quels sont vos résultats ?

Ce choix me permet aujourd’hui en traite robotisée de maintenir mes objectifs de production de 3 600 l/j sur le troupeau, avec des fréquences de traite de 2,6 en moyenne, en maintenant du pâturage de février à novembre.

Les plus lus

<em class="placeholder">Nathalie et Michel Daguer, éleveurs en Mayenne avec leurs vaches</em>
Pâturage hivernal : « Nous ne voyons que des bénéfices dans notre élevage en bio et en monotraite en Mayenne »

Le Gaec du Ballon en Mayenne, en bio et en monotraite, profite de conditions pédoclimatiques privilégiées pour pâturer en…

<em class="placeholder">guillaume rivet, éleveur dans les deux-sèvres</em>
Organisation du travail : « Nous avons robotisé la traite pour anticiper le départ à la retraite de mon père dans les Deux-Sèvres »

Le Gaec Privalait, dans les Deux-Sèvres, tourne entre mère et fils depuis bientôt deux ans. La robotisation de la traite, en…

<em class="placeholder">« L’herbe pâturée est la plus économique car, plus il y a de stock, plus les charges de mécanisation augmentent », soulignent Sébastien Le Goff et Julie Sylvestre.</em>
Diagnostic de système fourrager : « Nous avons prouvé la résilience de notre élevage face aux aléas climatiques dans le sud du Morbihan »

Au Gaec de Coët Cado, dans le Morbihan, pour s’assurer de la résilience de leur système fourrager aux aléas, les associés ont…

Carte de la zone régulée FCO3 à la date du 5 décembre 2024.
FCO 3 : près de 8 500 foyers en France

A date de jeudi 5 décembre 2024, le ministère de l'Agriculture annonce 8 436 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3.…

<em class="placeholder">Brice Minot, Vincent Colas et Cyrille Minot, trois des quatre associés du Gaec des forges, en Côte-d&#039;Or</em>
Élevage laitier : « Nous cherchons de la productivité et de l’autonomie pour rentabiliser nos installations en Côte-d’Or »

Au Gaec des forges, en Côte-d’Or, les associés ont robotisé pour mieux organiser le travail. La recherche d’un bon prix du…

<em class="placeholder">jeune agriculteur et retraité départ à la retraite transmission</em>
Manque de main-d'œuvre : quelles sont les options en élevage laitier pour organiser son travail et gagner du temps ?

Lorsqu’un collectif de travail est amené à se réorganiser (départ à la retraite des parents ou d'un associé, dénouement d'un…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière