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Sorgho et maïs irrigué se complètent parfaitement

Au Gaec de la paquerette en Dordogne. Sur leurs terres peu propices au maïs, Karin et Clemens Storkhorst cultivent une surface importante de sorgho BMR, qui assure la moitié de la ration tout au long de l’année.

LE SORGHO (À GAUCHE) ET
LE MAÏS sont ensilés l’un
au-dessus de l’autre dans
des silos taupinières,
sur tapis de carrière.
Le sorgho est récolté
entre 22 et 26 % de MS.
LE SORGHO (À GAUCHE) ET
LE MAÏS sont ensilés l’un
au-dessus de l’autre dans
des silos taupinières,
sur tapis de carrière.
Le sorgho est récolté
entre 22 et 26 % de MS.
© B. Griffoul

Clémens Storkhorst reconnaît qu’il a pris peur quand il a vu ses premiers sorghos sortir de terre. Alors que le maïs poussait à vue d’oeil, le sorgho n’en finissait pas de végéter. Mais, depuis ce premier essai en 2008, où il avait semé 18 hectares, il est convaincu de l’intérêt de cette culture sèche, complémentaire du maïs. Au point d’en cultiver désormais 40 hectares.


Les deux fourrages assurent à parts égales la ration de base des 110 vaches laitières tout au long de l’année. Karin et Clémens Storkhorst sont éleveurs en Dordogne. Ils exploitent 150 hectares de terres d’une très grande hétérogénéité. Du maïs ensilage est cultivé sur vingt hectares irrigables, en vallée. Il ne couvre qu’une partie des besoins fourragers. Dans la région, les conditions pédo-climatiques sont peu favorables à l’herbe. Quant à la luzerne, elle n’est pas adaptée à l’organisation du travail du couple. Tous les travaux de culture et de récolte sont délégués à des entreprises. Ce qui est incompatible, à leurs yeux, avec la récolte de la luzerne dans les meilleures conditions.

« Quand la pluie revient, le sorgho redémarre »

« Nous avons besoin de 12 à 14 kilos de matière sèche par vache et par jour issus des fourrages pendant toute l’année et de fourrages riches en énergie car nous produisons beaucoup de lait (NDLR: 9500 kilos par vache pour une production globale de 1 million de litres) », explique l’éleveur.

Sur les conseils de sa coopérative d’approvisionnement (Scar), il a essayé les premières variétés de sorgho BMR (à nervure brune) qui sortaient sur le marché. « Le gros avantage du sorgho, c’est qu’il a besoin de moins d’eau que le maïs. Mais, surtout, il n’y a pas de moment spécifique pour l’apport d’eau, contrairement au maïs. Même après plusieurs semaines de sec, quand la pluie revient, il redémarre », poursuit-il.


La valeur alimentaire varie peu en fonction du stade de maturité. « Seul le rendement va jouer. Quelle que soit la hauteur du sorgho, les UF sont présentes parce que la valeur est issue de la plante et non du grain », complète Guy-Marie Mornet, technicien nutrition au contrôle laitier.


Le sorgho est semé sur toutes les terres labourables non irriguées, notamment des coteaux calcaires secs. Les rendements sont bien évidemment très hétérogènes : de 5 à 12 tonnes de matière sèche, selon les parcelles et les conditions climatiques. Le rendement moyen est d’environ 9 tonnes en année favorable. Malgré tout, le sorgho a besoin d’eau pour faire du rendement.

Afin de simplifier le travail, l’éleveur ensile le sorgho en même temps que le maïs, vers le 15 septembre. Ce qui pénalise le rendement d’au moins 2 tonnes.


Depuis 2008, l’éleveur a multiplié les essais, aussi bien de techniques culturales que de variétés : « C’est une culture très difficile. Beaucoup de gens essayent et arrêtent car ils n’y arrivent pas. » N’étant pas cultivateur dans l’âme, il a su s’entourer de compétences extérieures pour réussir ses cultures. Tout d’abord un voisin, éleveur laitier, qui connaît parfaitement les sols de la région; la famille Storkhorst, d’origine néerlandaise, n’exploite sa ferme que depuis 2005. Ensuite le technicien fourragères de la coopérative. Et, enfin l’entreprise de travaux agricoles, qui s’est équipée d’un semoir monograine adapté pour le sorgho, avec des plateaux semeurs spécifiques et un intervalle de semis de 45 cm. « C’est ce qui marche le mieux. Le semoir à céréales ne donne pas de bons résultats, estime-t-il. La préparation de la terre est très importante. Elle doit être très fine car la graine est très petite. »

Il ajoute systématiquement dans le semoir un microgranulé anti-taupin. Il sème généralement dès le début mai, en même temps que le maïs. En principe, il est recommandé de semer le sorgho un peu plus tard mais ses terres se réchauffent très vite. Néanmoins, « semer le sorgho au 15 juin, ce n’est pas un problème », indique-t-il.

« Il est souvent difficile de désherber au bon moment »

Quant aux variétés, son principal critère de choix est la résistance à la verse. Il préfère donc les variétés de type PPS (photo period sensitive), qui ne produisent pas ou peu d’épis. Et donc risquent moins de verser. « J’utilise surtout la variété BMR 333. Elle monte moins haut et talle beaucoup plus que les autres variétés. La masse de feuilles est plus importante », préciset- il.

Autre point sensible : le désherbage, qui ne peut pas être réalisé avant levée. Le moment optimal se situe entre 2 et 4 feuilles. « Il est souvent difficile de traiter au bon moment », indique l’éleveur. « Au stade 3 feuilles, il faut y aller sans hésiter même si le sorgho donne l’impression de végéter », conseille Guy-Marie Mornet.

La fertilisation azotée doit également être ajustée au plus près des besoins pour ne pas favoriser la verse (90 unités au maximum en tenant compte des restitutions). « Il est important de bien connaître la capacité de ses sols à nourrir le sorgho », recommande le technicien.

Le maïs et le sorgho sont stockés ensemble dans plusieurs silos. Les fourrages sont ensilés avec une machine équipée de becs Kemper, bien adaptée pour le sorgho. L’éclateur est débrayé. En revanche, les couteaux ne sont pas changés entre le maïs et le sorgho, mais réglés pour couper le plus long possible (22 mm). Ce qui n’est pas l’idéal. Pour le sorgho, il est recommandé de couper à 30-40 mm de longueur, afin d’éviter qu’il ne coule trop. Mais, en le mettant sur le maïs, plus sec, celui-ci absorbe les jus.

« De nouvelles valeurs UF dès cet été »

Guy-Marie MORNET, Dordogne Conseil élevage : « Les valeurs alimentaires du sorgho font débat. Avec l’équation de l’Inra, il affiche des valeurs UF de 0,75. C’est sans doute trop sévère : l’équation utilisée pour le maïs n’est pas adaptée au sorgho. De leur côté, les semenciers annoncent des valeurs supérieures à 1 UF. Au niveau du groupe nutrition d’Optilait, nous ne sommes pas d’accord avec ces valeurs, elles sont surestimées. Il faut trouver un compromis entre les deux.

Une nouvelle équation (prévision de la digestibilité de la matière organique du sorgho), établie par le laboratoire Germ Services en relation avec l’Institut de l’élevage devrait être officialisée cet été. Les UF passeraient de 0,70-0,75 à 0,85-0,92.

Le sorgho apporte sans doute une valeur additionnelle du fait de sa teneur importante en cellulose brute qui sécurise la ration et l’énergie. De plus, sa richesse en sucres fait que les UF viennent de la plante. Couplé à un régime maïs, le sorgho permet de diluer l’amidon et d’optimiser la ration. Mais on ne peut pas dire que de lui-même il a une valeur de 0,95 UF. Dans le Sud-Ouest, c’est une bonne alternative pour désamidonner les rations. »

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