Résultats prometteurs pour le soja régional en système foin
la teneur en matière grasse dans la ration, en dessous du taux maximum recommandé de 5 %, a été bien acceptée par les animaux.
Si des références sur les graines de soja entières existent déjà avec une alimentation des vaches basée sur l’ensilage de maïs, en système « fourrages secs », elles sont rares. Le centre d’élevage de Poisy (Haute-Savoie) a testé au cours de l’hiver 2012/2013 deux modes de complémentation à base de soja. L’ambition était d’acquérir des références pour l’autonomie régionale en protéines, afin de répondre aux exigences des cahiers des charges concernant le « non OGM », avec du soja produit en Rhônes-Alpes. Les essais ont été menés avec le soutien de la région dans le cadre du PEP bovin lait, de l’AFTalp (association des 7 AOP-IGP des Savoie), du groupe Dauphinoise et en partenariat avec la chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc, l’Institut de l’élevage, et le Suaci Alpes du nord.
Le soja a été apporté sous une forme riche en huile, touteau expeller ou graines crues, en remplacement du tourteau de colza. « Dans les deux cas, il en ressort une bonne production de lait mais un taux protéique plus faible, résume Thierry Hétreau du centre de formation de Poisy.
Du tourteau expeller en substitution totale au colza
La première étude porte sur un tourteau de soja expeller dont la particularité est d’être plus gras (11 % MG) qu’un tourteau classique. Les graines sont aplaties, cuites puis pressées sous 45 bars. « L’idée est d’utiliser les outils industriels existants dans la région. » Deux lots de 26 vaches appariées ont été comparés pendant cinq semaines : l’un a reçu comme complémentation protéique 2,9 kg de tourteau de soja expeller, l’autre 3,4 kg de tourteau de colza. Le reste de l’alimentation était identique (6,5 kg de foin, 4,1 kg de regain, 5 kg d’ensilage de maïs épis, 0,5 kg de mélasse et 1,7 kg d’orge). Au final, le lot soja expeller a consommé une ration à 3,4 % de MG contre 2,3 % de MG pour le lot colza. La production a augmenté de façon significative + 1,9 kg par rapport au lot témoin à 20,6 kg/VL. Par contre le TB et le TP ont chuté respectivement de 1,6 g/kg et 1,1 g/kg ; la teneur en urée a augmenté de + 53 mg/l par rapport aux 209 mg/l du lot témoin.
2,5 kg de graines de soja crues applaties sans problèmes
L’objectif de la deuxième étude était de substituer une partie de la complémentation par de la graine de soja, tout en gardant une ration voisine de celle du témoin. Ainsi, 2,5 kg bruts de graines de soja ont remplacé un mélange de 2,3 kg de tourteau de colza et 0,7 kg d’orge. Ce qui a permis d’avoir des valeurs UF et PDIN similaires pour les deux rations (108 UFL-107 PDIN). En revanche, la graine de soja crue étant déficitaire en PDIE, la valeur PDIE de la ration soja a été de 99 g contre 110 g pour le lot témoin.
Aucun écart sur la production de lait et le TB n’ont été observés, ni sur l’urée. Le TP est par contre significativement plus faible (- 1,4 g/kg). « Nous voulions conduire l’essai sans apport de tourteau tanné ni de pulpe de betterave qui aurait permis d’augmenter l’efficacité de la graine de soja, souligne Thierry Hétreau. Le seuil maximum de 5 % de matière grasse (4,3 % MG dans l’essai) dans une ration VL constitue une limite à l’incorporation de graine de soja crue . Dans une ration à base de foin, il est probablement possible d’augmenter la part de graines de soja jusqu’à 3,5 kg voire 4 kg. »
Par ailleurs, « le troupeau a bien apprécié la graine de soja crue aplatie, un produit très appétent ; aucun problème sanitaire ou métabolique n’a été engendré, ni de rancissement non plus avec des graines applaties une à deux fois par semaine ».
Alors, graine crue, tourteau expeller ou autre ? Techniquement, c’est possible. Économiquement, tout dépendra du prix d’intérêt, des aides sur le soja et de la possibilité de produire du soja sur sa ferme, cette dernière option étant tout bénéfice pour la rotation.
Moins d’acides gras saturés
Des analyses de la composition en acides gras du lait ont été réalisées : sur lait
de mélange dans l’essai tourteau expeller, et sur deux lots de dix vaches dans l’essai graines crues. On observe une diminution des acides gras saturés et une augmentation des acides gras
poly-insaturés. L’huile de soja contenue dans le tourteau ou la graine a permis
une amélioration globale du profil en acides gras du lait, exception faite du rapport oméga 6 sur oméga 3 ; celui-ci, bas en système foin, est resté dans les deux essais dans les attentes actuelles à moins de 5.