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« Pour produire le maximum de lait, nous jouons la carte du pâturage et des méteils »

En Vendée, le Gaec du Nouvel Horizon mise sur le pâturage, des méteils riches en protéines et du maïs de qualité pour produire 9 500 litres de lait par vache.

Depuis cinq ans, le Gaec du Nouvel Horizon a fait évoluer l’alimentation de ses 130 vaches à 9 500 litres en développant le pâturage et des méteils en complément du maïs ensilage. L'objectif ? Devenir plus autonome en protéines tout en préservant l’efficacité économique et en limitant le temps de travail. « En Vendée, les sécheresses estivales sont fréquentes, mais nous préférons voir les vaches dehors, explique Didier Gilbert, associé du Gaec avec Florian Fournier et Quentin Guibert. De plus, l’exploitation n’a pas été remembrée et compte beaucoup de petites parcelles plus faciles à valoriser par le pâturage que par les cultures. »

Sur 175 hectares de SAU, 53 hectares de prairies sont désormais dédiés au pâturage, dont 39 hectares pour les vaches. « Nous aurions pu passer en tout herbe, mais nous voulons produire le maximum de lait avec les fourrages de l’exploitation, le pâturage, mais aussi le maïs qui permet de densifier la ration en énergie et de valoriser l’irrigation, car nous avons 140 hectares irrigables, précisent les éleveurs. Quant aux méteils, ils apportent des protéines et présentent aussi des avantages au niveau agronomique et temps de travail. »

Le pâturage, d’abord des génisses, a commencé en 1990, à l’installation de Didier Gilbert avec ses deux frères. Il a été étendu peu à peu aux laitières, d’abord près de la stabulation, puis plus loin. « Nous avons vu que nous aimions faire pâturer, que nous passions moins de temps sur le tracteur et que le pâturage permettait d’économiser du concentré. » Et il s’est intensifié à l’arrivée en 2015 de Florian Fournier, puis en 2020 de Quentin Guibert, qui ont remplacé les frères de Didier partis en retraite.

« Nous avons environ 20 hectares pâturables de chaque côté d’une départementale, explique Didier. Nous voulons mener les vaches au pré à une personne, pour le temps de travail et les week-ends. Les chiens ont permis d’accéder facilement à 20 hectares de l’autre côté de la route. » La durée de pâturage a aussi été étendue. En 2021, les vaches sont sorties du 15 février au 19 décembre, avec un arrêt en été. « Nous avons des haies et de l’ombre. Mais la pluviométrie du secteur fait que l’herbe ne pousse pas l’été. Cette année, la période d’arrêt s'est décalée du 5 septembre au 13 octobre. »

Florian, aidé de Florian Blot, expert fourrages à Seenovia, a aussi développé de nouveaux mélanges prairiaux. Les prairies sont désormais semées avec 12 kg/ha de ray-grass anglais tétraploïde, 6 kg de ray-grass anglais diploïde, 1 kg de trèfle blanc géant, 1 kg de trèfle blanc intermédiaire et 1 kg de trèfle blanc nain (coût 114 €/ha). « Avec ces mélanges diversifiés, on peut produire 2 à 3 kilos de lait de plus qu’avec les anciennes prairies à base de ray-grass anglais, fléole, fétuque », assure Florian Fournier.

Les prairies reçoivent chaque année 200 kg/ha de vinasse de betterave mi-février, puis 100 kg/ha d’ammonitrate au 1er mai. « L’herbe pousse ainsi plus longtemps, avec une herbe moins haute mais plus 'touffue'. Cela favorise aussi le trèfle. Le rendement est de 8 t MS/ha. » Depuis cette année, l’implantation des prairies se fait sous couvert de méteil afin de valoriser la première coupe en fauche et de récolter un fourrage en protéine tout en assurant une bonne implantation de la prairie et en limitant le salissement. Les paddocks de 1,25 hectare sont ensuite exploités en pâturage tournant dynamique, avec un demi-paddock le jour et un demi-paddock la nuit, ce dernier plutôt proche du bâtiment. Sept à huit passages par an sont en général réalisés, fixés pour l’instant « à l’œil », mais dès 2022 avec un herbomètre. « Si nécessaire, la parcelle est fauchée et enrubannée. Mais avec 39 hectares de surface de pâturage pour 130 vaches, il n’y en a pas beaucoup, en moyenne 3 hectares par an. » Florian a aussi sursemé du trèfle sur les prairies naturelles, et compte investir dans des chemins, actuellement en terre pour l’essentiel, alors que les vaches parcourent parfois 900 mètres pour aller pâturer.

Des méteils pour les vaches laitières et les génisses

Un autre axe depuis cinq ans est l’implantation de méteils en dérobé avant le maïs. « Nous voulions être plus autonomes en protéines, précise Florian. De plus, le ray-grass italien utilisé en dérobé était difficile à détruire, car nous ne voulons pas labourer, sauf si le sol est trop infesté ou compacté. Avec un méteil, le sol est plus facile à travailler. Nous avons économisé un passage de covercrop et un de herse avant le semis du maïs. »

Deux types de méteils sont semés. Celui pour les vaches laitières, pour lequel l’objectif est la richesse en protéines, est constitué de 32 % de seigle, 32 % de triticale, 2,5 % de trèfle de Micheli, 13 % de trèfle squarrosum et 19,5 % de vesce velue. Il atteint 17-18 % MAT. Les semis interviennent mi-septembre, avec un apport de 200 kg/ha de vinasse de betterave mi-février pour faciliter le démarrage. « Nous voulons des méteils riches en protéine, mais aussi du rendement. Nous récoltons généralement 4 t MS/ha pour le méteil destiné aux vaches laitières. Les différentes espèces poussent plus ou moins. Le stade de récolte optimal n’est pas non plus évident avec la diversité des espèces présentes dans le mélange. » Pour assurer une bonne conservation des fourrages, un conservateur et une bâche barrière à l’oxygène sont utilisés.

Une grande attention est aussi portée à la qualité du maïs. « Nous recherchons du rendement et obtenons en moyenne 15-16 t MS/ha, précise Didier. Mais nous privilégions l’énergie et la digestibilité. La gestion des stocks est essentielle. Si l’ensilage n’est pas stabilisé, le début de lactation peut être difficile. Comme nous avons beaucoup de vêlages en août-septembre, nous essayons d’avoir toujours deux à trois mois de report de stock. » Pour densifier la ration en énergie

La ration est constituée en moyenne de 23 kg MS de fourrages et concentrés. « La quantité d’herbe pâturée varie de 2-3 kg MS à 16-17 kg MS au cours de la saison », estiment les éleveurs. En période de pâturage, la ration comprend 17 kg d’herbe pâturée, 4,5 kg de maïs ensilage, 0,5-1 kg de correcteur azoté (70-30) et 1 kg de céréales floconnées (seigle ou triticale issus de l’exploitation et transformés par leur fournisseur d’aliment), le floconnage améliorant la disponibilité de l’énergie. L’hiver, elle est constituée de 12-13 kg de maïs, 4-4,5 kg de méteil, 3,5 kg de correcteur azoté (dont 1 kg de tourteau de colza et 2,5 kg de 70/30), 500 g de paille et 1 kg de céréales floconnées.

La ration est distribuée en ration complète toute l’année, même pendant la période de pâturage, sans individualisation, pour la simplicité du travail et parce que les éleveurs ne souhaitent pas investir dans un DAC. Elle est distribuée le matin et repoussée deux fois dans la journée. Parce qu’ils préfèrent consacrer le temps passé avec le conseiller Seenovia à réfléchir à améliorer leur efficacité technique et économique, les éleveurs calculent eux-mêmes leur coût alimentaire, en comptant toutes les charges opérationelles et charges de structure à l’hectare. En 2021, il a été de 121 €/1 000 l rendu auge, dont 42 €/1 000 l d’achat de concentrés et minéraux. Le Gaec se situe parmi le quart supérieur des éleveurs les mieux placés pour ce critère chez Seenovia. Les éleveurs pourraient augmenter la production par vache car le troupeau a le potentiel pour, mais tel n'est pas leur objectif. « En ce moment, nous tournons à 34,6 kg/VL/j. Cela nous suffit, assurent les associés, pragmatiques. Notre but n’est pas d’augmenter la production par les concentrés qui coûtent cher au risque de dégrader la marge et d'engendrer d'éventuels problèmes sanitaires derrière. »

Avis d’expert : Florian Blot, expert fourrages à Seenovia

« Une très bonne performance économique »

 

 
Florian Blot, expert fourrages à Seenovia
Florian Blot, expert fourrages à Seenovia © Seenovia
« Le Gaec du Nouvel Horizon dégage à la fois une bonne marge brute aux 1 000 litres, grâce à la maîtrise des charges, et à la vache, grâce au volume produit par vache. En trois à quatre ans, l'élevage a réussi à développer et optimiser la conduite du pâturage pour maximiser la pousse de l’herbe et sa valorisation. L’utilisation d’un herbomètre permettra aux éleveurs de devenir encore plus pointus, mais ils ont déjà de très bons repères visuels. Nous avons aussi travaillé les espèces et les variétés, avec le choix notamment de variétés de ray-grass anglais à épiaison tardive et peu remontantes, qui donnent plus de souplesse dans la conduite. Les performances sont très bonnes, sans surexploitation, avec toujours des prairies de qualité. Le maïs reste toutefois essentiel dans le système. Il permet de densifier la ration en énergie et de maintenir le niveau de production à moindre coût, tout en ayant une bonne autonomie protéique. L'objectif pour l’avenir est de concentrer l’énergie pour laisser encore plus de place aux fourrages riches en protéines, en récoltant du maïs coupe haute. La production pourrait dépasser 10 000 litres par vache, car ce sont de très bons éleveurs, très rigoureux, et le troupeau a un bon potentiel génétique avec des vaches à gros gabarit qui ingèrent beaucoup. Le seul bémol est que les vaches sont assez lourdes, ce qui peut compliquer le pâturage. »

 

Chiffres clés

3 associés
110 vaches traites prim’Holstein à 9 500 l
TP 42,9 - TB 32,3
1,1 million de litres de lait
30 ares pâturées par vache
175 ha de SAU : 48 ha blé, 9 ha seigle, 13 ha orge, 42 ha maïs, 28 ha méteil VL, 14 ha méteil génisses, 9,5 ha prairies temporaires pour foin, 53 ha prairies pour le pâturage (11 ha prairies naturelles, 42 ha prairies temporaires)
Coût alimentaire rendu auge : 121 €/1 000 l

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