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« Nous avons gagné 1 000 kilos de lait par vache par an en augmentant le débit d’eau d’abreuvement »

Au Gaec de Joly champs en Meurthe-et-Moselle, l’installation d’un compteur à eau a mis en évidence que l’abreuvement était un facteur limitant de la production. Le lait a décollé après la mise en place d’un second circuit d’eau.

<em class="placeholder">Les associés du Gaec de Joly-Champs en Meurthe-et-Moselle</em>
Thomas et Thibaut Simonin entourant leur salarié Nolan, avec leur père Dominique à gauche : « Nous n’avions pas conscience que l’abreuvement constituait un tel facteur limitant de la production. »
© E. Bignon

« Il y a encore un an, la production plafonnait à 30-31 kilos par vache, alors que le troupeau avait le potentiel pour monter à 34-35 kilos par vache », dépeignent Thibaut et Thomas Simonin, à la tête d’une exploitation de polyculture-élevage en Meurthe-et-Moselle produisant 1,3 million de litres avec 135 vaches hautes productrices.

« Sur cet élevage robotisé, cela faisait plusieurs années que les vaches ne produisaient pas le lait permis par la ration, confirme Jérôme Larcelet, nutritionniste chez Seenorest. Chaque mois, nous nous retrouvions avec 3 à 4 litres de moins que la prévision du rationneur. »  Pourtant, tous les voyants étaient au vert avec une ration toujours disponible grâce au repousse-fourrage, une bonne digestion comme l’attestait la structure des bouses, des vaches en état, un bâtiment adapté et confortable pour les animaux…  

Les abreuvoirs ne se remplissaient pas assez vite

« Nous avons suspecté les mycotoxines mais les différentes analyses ont infirmé cette hypothèse, poursuit le conseiller. Finalement, le seul véritable point qui restait en suspens et qui pouvait se révéler limitant concernait la disponibilité en eau. » Mais les éleveurs ne semblaient pas convaincus de prime abord par l’utilité de creuser cette piste. 

Fiche élevage

1,3 million de litres de lait produits

135 vaches à 10 500 kg

2 robots

300 ha de SAU dont la moitié en herbe 

3,5 UMO dont 0,5 dédiée à la vente directe de viande

 

 
<em class="placeholder">vache laitière buvant à l&#039;abreuvoir</em>
Les vaches ont consommé en moyenne 9 litres d’eau supplémentaire par jour après la mise en place du second circulateur. À la clé, plus de 3 litres de lait en plus par vache et par jour. © E. Bignon

L’élevage disposait de quatre abreuvoirs grand volume totalisant 640 centimètres de linéaire, ce qui représentait un peu moins de 6 cm par vache, quand la préconisation se situe à 10 cm par vache. Second constat : il arrivait fréquemment au cours de la journée que le bac situé en sortie de robot, de 1,80 m de long, se retrouve à sec. « Les vaches le vidaient plus vite qu’il ne se remplissait, témoigne Thibaut. Son débit n’était pas suffisant. »

Un second circulateur est installé

Alors que faire ? Les éleveurs rechignaient à ajouter de nouveaux points d’eau ou à remplacer ceux en place par d’autres dotés de plus grande réserve. Le problème est que l’eau des abreuvoirs provenait d’un seul circuit fermé doté d’un circulateur. Or, en discutant, les associés réalisent qu’un second circuit d’eau, initialement prévu lors de la construction du bâtiment, est resté inexploité. « Les tuyaux étaient toujours en attente, mais il était facilement réalisable d’alimenter les abreuvoirs avec un second réseau », précise Thibaut.

 

 
<em class="placeholder">compteur à eau</em>
L'installation de compteurs à eau permet de contrôler les quantités bues par les vaches. © E. Bignon

La décision est d’installer un deuxième circulateur. Par curiosité, Dominique, le père de Thibaut et Thomas, a la bonne idée d’installer au préalable un vieux compteur de récupération pour mesurer la consommation d’eau d’abreuvement. Il effectue des relevés avant et après la mise en place du second circulateur. « Les premières mesures indiquaient une consommation de 11,96 m3 par jour, précise-t-il, son calepin à la main. En février, une fois le second réseau d’eau actionné, elle a augmenté en moyenne de 1,11 m3/j. Soit l’équivalent de 9 litres supplémentaires par vache. »

Un impact flagrant et quasi immédiat sur la production

L’impact sur la production laitière s’est révélé flagrant et quasi instantané. « Nous sommes passés de 30,5 kilos à 34 kilos par vache, rapporte Thibaut encore stupéfait. Cela me rend fou quand je repense à tout ce que l’on a essayé de faire pour améliorer les choses ! Incorporer des drêches à la ration, complémenter avec du maïs grain, changer de type de correcteur azoté… Toutes ces modifications de la ration nous ont permis de gagner un peu à la marge, mais rien à voir avec les 3 kilos de lait supplémentaires produits juste en augmentant la quantité d’eau disponible ! » « Finalement, cela concorde avec l’évaluation réalisée par l’Institut de l’élevage qui indique qu'il faut 1 à 3 litres d'eau pour produire 1 litre de lait », commente Jérôme Larcelet.

La disponibilité en eau n’est pas facile à apprécier visuellement, mais raison de plus pour s’en préoccuper et faire le nécessaire. « Il y avait deux moments dans la journée où ça bouchonnait un peu aux abreuvoirs, se souviennent les éleveurs. Environ une heure après la distribution de la ration et le soir, lorsqu’on la repoussait. » Mais rien qui semblait alarmant. « Le piège, considère a posteriori Thibaut, c’est que le fait de ne pas voir de vaches qui attendent à l’abreuvoir ne signifie pas pour autant qu’elles ne manquent pas d’eau. »

Sur l’élevage, des améliorations restent encore possibles concernant l’abreuvement. Notamment l’installation d’un nouveau point d’eau en bout de bâtiment pour améliorer l’accès à l’eau et favoriser une meilleure répartition spatiale. Les associés le savent bien, il ne reste plus qu’à passer à l’action !

Un gain de 64 000 euros par an

L’élevage disposant d’un forage amorti, le bénéfice des 3 litres de lait supplémentaire est net. Mais même si les éleveurs devaient payer l’eau du réseau (3,20 €/m3), ils resteraient largement gagnants ! Avec un prix du lait moyen de 526 €/1 000 l en 2024, qualité et complément de prix inclus, le gain atteint 5 340 € par mois. Soit plus de 64 000 par an ! « Cela représente l’équivalent de 20 % de l’EBE de l'exploitation », relève Thibaut Simonin. Avec une telle plus-value, l’investissement dans deux abreuvoirs supplémentaires devrait se trouver vite amorti.

 

 
<em class="placeholder">Thibaut Simonin, éleveur</em>
© E. Bignon

Thibaut Simonin : « Les vaches manquaient d'eau même si elles ne faisaient pas la queue aux abreuvoirs. »

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