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Luzerne : le choix variétal face à l’évolution climatique

Les semenciers proposent désormais des mélanges de semences associant des variétés de luzerne typées sud et nord. L’objectif ? Viser une régularité de rendement sur les différentes coupes et diluer le risque climatique.

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Avec le réchauffement climatique, le potentiel des variétés typées sud à pousser au début du printemps et en fin d’automne s’accroît.
© J. Greffier

Le contexte pédo-climatique détermine le choix des variétés de luzerne de type sud ou nord. « Historiquement, les variétés nord sont implantées dans une large moitié nord de la France, avance Carole Gigot, d’Arvalis. Mais avec le dérèglement climatique, la question de l’évolution du choix variétal se pose pour gagner en résilience, notamment avec l’apparition sur le marché de mélanges associant aux variétés nord, des variétés sud dotées de dormances plus faibles mais plus sensibles au froid. »

Les variétés sud ont la particularité d’avoir une production plus étalée sur l’année, avec un démarrage plus précoce au printemps et une production plus tardive à l’automne. 

« Dans les essais que nous avons mis en place dans le Calvados sur deux parcelles, les variétés sud ont redémarré plus vite après chaque coupe, décrit David Delbecque, des chambres d'agriculture de Normandie. En 2023, elles ont produit une tonne de plus par hectare en moyenne que les variétés nord testées. » Un constat qui reste à confirmer, notamment en cas d’hivers rigoureux.

Miser sur l’asynchronisme de croissance

D’autres essais ont été réalisés en région Centre-Val de Loire(1) au sein du programme Herbe et fourrage, pour approcher le potentiel productif des variétés sud. Sur trois années de production, entre 2022 et 2024, les résultats montrent que si les variétés de luzerne typées sud tirent leur épingle du jeu au sud de la Loire et apportent une complémentarité dans les mélanges qui en contiennent, ce n’est pas forcément le cas plus au nord de la région Centre-Val de Loire. « Dans l’Indre, la production s’est montrée plus tardive à l’automne pour les variétés sud comparée à celles des variétés nord, avec un rendement de 30 % supplémentaire en dernière coupe sur l'un des sites. La production s'est aussi révélée plus pérenne en conditions séchantes et plus précoce au printemps », détaille Pauline Hernandez de la chambre d’agriculture de l’Indre. « Un constat que l’on ne retrouve pas en revanche au nord de la région, où les variétés nord restent plus intéressantes, comme en témoigne un essai mené en Eure-et-Loir. » 

Pas toujours de complémentarité ou de synergie

Ces essais en Centre-Val de Loire ont également testé l’intérêt des mélanges de variétés nord et sud pour sécuriser la production et stabiliser les rendements en misant sur l’asynchronisme de croissance. Les résultats apparaissent variables selon les années en termes de stabilisation des rendements. « En moyenne sur 2023 et 2024, la complémentarité entre type de variétés apparaît néanmoins intéressante en intégrant jusqu’à 50 % de variétés sud dans le mélange, dans les zones les plus précoces de la région », relève Carole Gigot.

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Un indice faible correspond à une dormance élevée, c'est-à-dire un repos végétatif précoce à l'automne et un redémarrage tardif au printemps. © La Coopération agricole

Dans le Morbihan, la ferme expérimentale de Mauron a également mené le même type d’essais mais « sans observer de complémentarité entre les deux types de luzerne », témoigne pour sa part Patrice Pierre, de l’Institut de l’élevage.

Pour Bernadette Julier, d’Inrae, « associer des dormances comprises entre 4 et 6 peut contribuer à sécuriser la production d’un mélange, sans faire prendre un gros risque aux éleveurs ». Par contre, la chercheuse déconseille vivement d’aller au-delà, en mixant des dormances de 4 et 8 par exemple. « Dans ce cas, l’association se révèle contre-productive en termes de rendement. »  

(1) Sur la ferme expérimentale des Bordes et le réseau des chambres d’agriculture.

Définition

La dormance correspond à la période pendant laquelle les activités physiologiques et de croissance de la plante sont momentanément stoppées. Les variétés de type nord sont déterminées par une dormance hivernale plus profonde leur permettant de mieux supporter le froid.

Avis d’éleveur : Thierry Perraudin en Côte-d’Or

« La luzerne de type sud m’a déçu »

« Avec l’évolution climatique et la succession de sécheresses que nous avons connue il y a quelques années, j’ai essayé une variété de luzerne de type sud, adaptée aux sols secs et aux températures chaudes. J’ai semé la moitié d’une parcelle avec, et l’autre moitié avec une luzerne de type nord. La variété type sud démarre précocement, quinze jours plus tôt que la luzerne type nord et fournit plus de volume pour un même nombre de coupes, environ 1 t MS supplémentaire par hectare. Par contre, elle a du mal à garder ses feuilles et j’y perds en qualité. Même si visuellement, elle se montre plus jolie au démarrage, je ne suis pas gagnant au final, même en année sèche. »

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