L’insémination vue de l’intérieur
Le système AlphaVision permet de vérifier l’état du col de l’utérus et de guider la progression du pistolet d’IA grâce à une caméra embarquée. Des éleveurs-inséminateurs ont flashé sur cet outil.
Le système AlphaVision permet de vérifier l’état du col de l’utérus et de guider la progression du pistolet d’IA grâce à une caméra embarquée. Des éleveurs-inséminateurs ont flashé sur cet outil.




Commercialisé par IMV Technologies depuis novembre 2016, ce système d’insémination assistée par vidéo commence à faire des émules chez les éleveurs malgré son prix élevé : 3 000 euros HT contre 25 à 30 euros HT pour un pistolet d’IA classique. « Le prix n’est pas un frein pour les éleveurs parce qu’ils estiment pouvoir faire un retour sur investissement rapide grâce aux économies réalisées sur le coût de l’insémination, les frais vétérinaires, la diminution de l’intervalle vêlage-vêlage… Nous en avons vendu à des éleveurs ayant des profils très variés : éleveurs laitiers et allaitants avec des troupeaux de taille très variable… », précise Arnaud Biscay, le concepteur du pistolet et chef de projet au sein de l’entreprise.
La grande originalité de l’AlphaVision réside dans l’installation d’une caméra étanche et d’une led d’éclairage sur l’endoscope permettant via un smartphone de visualiser la progression du pistolet dans le col de l’utérus. « La caméra facilite l’insémination. Pour autant, nous conseillons aux éleveurs de suivre une formation à l’insémination. »
Poser un diagnostic avant d’inséminer
Autre gros atout, ce système permet aux utilisateurs confirmés de visualiser l’état du col de l’utérus, de détecter des signes de métrites, la présence de kystes sur la paroi du vagin… « Les éleveurs apprécient de pouvoir poser un diagnostic avant de décongeler une paillette. Certains utilisent des paillettes sexées ou de très bons taureaux que sur des femelles ne présentant aucune anomalie visible au niveau du col de l’utérus, des glaires… », souligne Arnaud Biscay. Ce dernier organise des démonstrations en élevage. « Quand un éleveur est intéressé, il reçoit l’équipement une dizaine de jours plus tard et je l’accompagne pour la mise en route. »
« Le plus difficile était de trouver l’entrée du col »
Didier Javaudin et Philippe Delonglée sont installés en Gaec au Theil de Bretagne en Ille-et-Vilaine. Ils ont suivi une formation à l’insémination en octobre 2016. « Nous avons un troupeau de 90 Prim’Holstein (référence de 678 000 l). Notre objectif était de faire des économies sur le coût des inséminations et pouvoir inséminer des vaches le dimanche », explique Didier Javaudin. Suite à leur formation, les éleveurs commencent à inséminer quelques animaux. « Nous avions des difficultés pour trouver l’entrée du col. » Puis ils découvrent une vidéo dédiée au système AlphaVision sur internet. « J’ai contacté Arnaud Biscay en janvier 2017 et nous avons commencé à inséminer avec cet équipement en mars. Au début, nous avions un peu de difficultés pour passer le col des génisses. Pour ne pas perdre de doses de semences sexées (sur toutes les génisses), notre inséminateur, avec lequel nous avons gardé de bonnes relations, a continué à les inséminer le temps que nous nous fassions la main sur les vaches. Nous inséminons toutes nos vaches avec des doses de taureaux Blanc Bleu Belge qui ne coûtent que 5 euros maximum. Les mâles sont vendus environ 400 euros et les femelles 300 euros à 35 ou 40 jours. » Depuis mars, les éleveurs ont réalisé 140 inséminations. Cinquante femelles sur quatre-vingts inséminées (60 vaches et 20 génisses) ont été confirmées pleines à l’échographie. Ils pensent amortir l’équipement en un peu plus de deux ans.
"J’utilise des doses de semences moins chères sur les vaches douteuses"
Jérôme Beloscar est installé en individuel en zone de montagne au Pays basque avec un troupeau de 40 Prim’Holstein à 9 500 kg. "Mon élevage a un peu servi pour tester le prototype du système AlphaVision. J’ai été séduit et depuis janvier 2017, j’insémine avec », explique Jérôme Beloscar avec enthousiasme. Devenir éleveur-inséminateur était de toute façon un objectif. « Je dépensais 5 000 euros par an pour les inséminations. Une partie de ce coût s’explique par l’achat de doses dont certaines coûtent entre 50 et 60 euros. Mais je vais faire des économies sur le coût de mise en place. »
Malgré l’absence de formation, Jérôme Beloscar n’a pas hésité à prendre des risques même avec des doses sexées (uniquement sur génisses). « J’ai eu un peu d’appréhension au début, mais finalement, inséminer avec ce système, c’est vraiment facile. Il faut juste avoir une bonne contention en particulier pour les génisses. »
Pas plus de temps que pour une insémination classique
Lorsqu’il a des doutes sur les chaleurs ou la qualité de l’involution du col, il utilise des paillettes de taureaux Blanc Bleu Belge payées seulement 3,50 euros la dose. « Pour inséminer, je mets la main dans le rectum de la vache pour tenir le col de l’utérus seulement quand il plonge trop vers l’avant. »
L’intervention ne dure pas plus longtemps qu’une insémination classique à l’exception du nettoyage de l’équipement. « Je ne nettoie que la partie en plastique qui est démontable. Cela prend maximum cinq minutes », relativise l’éleveur.