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En Irlande, Glanbia débloque une aide de 100 millions d’euros

Le plus grand groupe coopératif laitier de l’île a lancé début juin un programme de financement sous forme de prêts très avantageux pour aider ses 4 800 adhérents à faire face à la crise laitière.

Glanbia entend augmenter sa collecte de plus de 50 % entre 2010 et 2020 et gagner des parts de marchés en Asie... grâce notamment à la démarche nationale de développement durable « Origin Green ».
© F. Mechekour

Dénommé « Milk Flex », en référence à la fluctuation du prix du lait, ce programme s’appuie sur la création d’un fonds doté d’une enveloppe de 100 millions d’euros (1). « Ce fonds permettra aux producteurs laitiers d’emprunter de l’argent à un taux inférieur à celui pratiqué par les banques », indique Audrey O’Shea, directrice du développement durable de Glanbia. Ainsi au minimum 55 millions d’euros alimenteront les projets de rachats de crédits contractés par les éleveurs auprès de leur banque. Et 35 millions d’euros vont être débloqués pour financer des projets d’investissements (croît de cheptel, agrandissement de bâtiment…). « En aucun cas, le prêt ne pourra servir à acheter des terres », précise Audrey O’Shea. La forte spéculation sur le prix des terres suite à la crise financière de 2008/2009 a marqué les esprits. Un hectare peut se négocier autour de 25 000 euros, d’autant que l’offre est très limitée.

Remboursement modulable selon le prix du lait

Au-delà d’un taux d’emprunt très concurrentiel, le prêt proposé dans le cadre de ce programme présente un autre avantage. Son remboursement est en effet modulable en fonction du prix du lait. Ainsi, lorsque ce dernier est inférieur à 280 euros/1000 l pendant trois mois consécutifs, le montant du remboursement du prêt (capital et intérêt) est réduit de moitié pendant six mois. Ce dispositif peut être activé quatre fois pendant la durée du prêt. Quand le prix du lait est inférieur à 260 euros/1 000 l pendant trois mois consécutifs, le remboursement peut être annulé pendant six mois. Cette clause est applicable deux fois. Et quand le prix est inférieur à 240 euros/1000 l, le remboursement peut être gelé jusqu’à 12 mois. Mais quel que soit le scénario, la durée de remboursement ne peut excéder 10 ans. Pour Bob Hovendon, (125 vaches, 800 000 litres de lait), « le programme Milk Flex arrive au bon moment ». Le producteur laitier fait allusion aux mauvaises conditions climatiques qui ont plombé la pousse de l’herbe au printemps alors que le prix de base du lait plongeait dans le même temps autour de 220 à 240 euros/1000 l selon les laiteries. Ces prix sont inférieurs au coût de production proche de 240 euros/1000 l (hors rémunération de la main-d’œuvre familiale et annuités). Catherine Lascurettes confirme que la situation devient très difficile pour les producteurs laitiers. "Le prix du lait a baissé de 60 euros/1000 l d’octobre à janvier en raison d’une baisse des taux et il a continué à baisser au printemps pour être inférieur au coût de production. Et pour environ 3 600 producteurs sur les 17 500 que compte l’Irlande, la situation est d’autant plus critique qu’ils doivent encore payer une pénalité (9 900 euros en moyenne) en raison de dépassements de quota réalisés lors de la campagne 2014/2015)."

(1) Le fond est abondé par Glanbia, une banque nationale d’investissement, Rabobank et un groupe financier irlandais

Un contrat indexé sur les coûts de production

Le programme « Milk Flex » est un levier complémentaire au contrat lancé par Glanbia en 2011 pour partager le risque entre les producteurs, leur coopérative et ses clients. Le volume contractualisé ne peut dépasser 30 % des livraisons de l’élevage. Ce contrat d’une durée de trois ans vise à garantir une marge aux producteurs au-dessus de leur coût de production. Et chaque année un nouveau contrat leur est proposé. En 2016, 60 % des adhérents en ont souscrit un, soit le double par rapport à 2011.  précise Audrey O’Shea. Entre janvier et avril 2016, le prix du lait contractualisé a été supérieur (plus de 300 euros/1000 l contre 237 euros/1000 l). L’intérêt de ce type de contrat a d’ailleurs fait des émules. D’autres coopératives irlandaises ont emboîté le pas et proposent désormais un contrat à marge garantie à leurs adhérents.

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