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Edouard Bergeon poursuit son engagement paysan à travers Cultive, un film et sa chaîne tv

Le réalisateur d’Au nom de la Terre reste très engagé en faveur du monde paysan, avec de nombreux projets en cours. Interview.

Edouard Bergeon à la ferme d’Avrely dans le Cher.
Edouard Bergeon à la ferme d’Avrely dans le Cher.
© Edouard Bergeon

Il y a quelques jours Edouard Bergeon annonçait sur linkedin la naissance d’un centre de formation dédié au pilotage de petites fermes diversifiées polyculture petit élevage Cultive dont il est un des associés fondateurs. L’objectif : créer 300 petites fermes dans les prochaines années sous le modèle « bio-intensif » inspiré par le maraîcher québécois Jean-Martin Fortier. La première promotion est attendue pour septembre 2023. Le réalisateur nous confie aussi certains de ses autres projets.
 

Vous êtes associé fondateur du réseau de fermes Cultive, pourquoi un réseau de plus ?

C’est un réseau de petites fermes maraîchères et petits élevages (poules pondeuses et brebis solognotes) pour accompagner l’engouement actuel du retour à la terre : devenir maraîcher bio sans connaissance quand on vit de la ville c’est compliqué. L’agriculture ça ne s’improvise pas.

L'agriculture ça ne s'improvise pas

On veut apporter une formation technique agronomique pour faire un "maraîchage bio intensif". Une méthode inspirée des jardiniers parisiens du XIXe siècle et promue par l’agriculteur et enseignant québécois Jean-Martin Fortier. Ce n’est pas un retour en arrière avec l’agriculture de nos grands-parents mais plutôt un « retour en avant ».


Comment vous êtes-vous retrouvé dans ce projet ?

Baptiste Saulnier est porteur du projet, avec sa compagne Vanessa Correa. Il a été pendant longtemps restaurateur puis il s’est formé chez Jean-Martin Fortier. Durant près de trois ans, il a conçu et piloté les jardins-potagers de Chambord. Dans la ferme du Perche qu’il cogère également il a dégagé un chiffre d’affaires de 250 000 euros avec 5 à 6 équivalents temps plein sur un hectare. C’est énorme ! Sur cet endroit tout est optimisé. Je l’ai rencontré à travers le Collège citoyen de France, école cocréé avec plusieurs personnalités dont l’artiste JR, Thierry Cotillard ou encore Maryline Gygax Généro, médecin général des armées. Il faisait partie de la deuxième promotion (dans la première j’avais rencontré les éleveuses Emilie Jeannin et Anne Cécile Suzanne par exemple). Il avait le projet de former 100 fermières et fermiers par an.


Où en êtes-vous du projet ?

Nous sommes en train de chercher la ferme pilote. Ensuite l’idée sera de former 6 mois à la théorie au sein d’un campus puis 6 mois au sein d’une des fermes du réseau Cultive. Baptiste Saulnier est déjà pas mal sollicité par des particuliers, entreprises et collectivités.

A qui s’adresse cette formation ?

A tout le monde, à tous ceux qui veulent apprendre. On imagine que le maraichage, c’est facile c’est comme jardiner mais ce n’est pas si simple que ça.


Vous allez aussi créer un campus comme Hectar, vous positionnez vous en concurrent ?

Nous sommes complémentaires. Hectar est sur l’incubation de start-up innovantes et la formation entrepreneuriale des futurs chefs d’exploitations. Il n’y a pas de concurrence dans l’enseignement ! Cultive, c’est ciblé sur une méthode.

 

Quelle est votre actualité en dehors de ça ? Vous finissez un documentaire c’est ça ?

Depuis le film Au nom de la terre, je reçois beaucoup de sollicitations d’agriculteurs. Je viens de finir un film documentaire qui sera présenté lors du salon de l’Agriculture sur une famille désespérée du Béarn qui à la suite d’un cas de vache positive à la Tuberculose bovine a vu son troupeau abattu.

Je viens de finir un film documentaire sur une famille d'éleveurs du Béarn dont le troupeau a été abattu après un cas de tuberculose bovine

C’était il y a deux ans et demi, j’ai d’abord envoyé une équipe de tournage et puis je les ai sentis tellement seuls que je suis descendu. C’est un couple de 55 ans avec un fils qui devait reprendre l’exploitation. Aujourd’hui l’espoir est revenu mais chaque prophylaxie est une épée de Damoclès. Ce film de 70 minutes sera diffusé en prime dans Le monde en face sur France 5 le premier dimanche du salon de l’Agriculture, avec j’espère un débat derrière.


Vous êtes aussi en train de tourner un film en Vendée ?

Oui, « la promesse verte ». C’est l’histoire d’une maman qui va tout faire pour libérer son fils, avec en arrière-plan le business de l’huile de palme en Indonésie qui sert à fabriquer les « biocarburants » pour nos voitures et demain nos avions. Je reste engagé ! Je tourne entre la Vendée, Paris et la Thaïlande.
 

Qu’en est-il par ailleurs de votre chaine aunomdelaterre.tv qui propose actuellement une alternative aux matchs de la coupe du monde au Qatar ?

Nous sommes très contents de cette opération ouverte depuis quelques semaines. Les maisons familiales rurales (MFR) ont désormais la chaîne à disposition comme boîte à outils pédagogiques soit une cible de quelques 100 000 jeunes. Nous avons aussi signé un partenariat avec les 28 lycées agricoles d’Auvergne, la chaîne grandit. Notre modèle se développe aussi à travers le partenariat avec des marques qui jouent le jeu de la transition et du soutien aux agriculteurs sur lesquelles nous faisons des reportages et qui en échange nous achètent des abonnements pour leurs clients et collaborateurs. Nous nous sommes lancés en février dernier et la chaîne propose désormais une offre pour tout le monde on parle aussi bien de l’agriculture conventionnelle que du bio ou de l’agriculture régénérative.

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