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Irlande
Avec une production basée sur l´herbe, des usines laitières à temps partiel

La majorité des éleveurs irlandais font vêler leur troupeau « à l´herbe » en février et mars, et tarissent leurs vaches en décembre et janvier. Ce qui entraîne, pour faire face au pic de production, un sur-investissement de l´industrie, sous-utilisée le reste du temps.


Le système de production irlandais, basé sur l´herbe, est bien connu pour ses coûts de production limités. L´herbe pousse pratiquement toute l´année, et les vaches irlandaises pâturent de février à novembre. Pour profiter au maximum de cette pousse de l´herbe, les vêlages sont groupés sur les mois de février-mars, et les vaches sont taries en décembre - janvier après une lactation de 300 jours. La mise à la reproduction, très efficace, est donc la clé de voûte du système : elle est concentrée sur quinze semaines, avec une activité intense de surveillance des chaleurs sur cette très courte période.
Les équipements sont limités. La durée de stabulation étant réduite à deux-trois mois, les bâtiments - quand ils existent - ont souvent un coût deux fois moins importants qu´en France. Bien sûr, comme partout, il existe des différences très importantes de coûts de production entre éleveurs et entre régions. Mais la moyenne qui se situe à 173 euros pour 1000 litres place l´Irlande parmi les coûts de production les plus bas d´Europe (derrière la Belgique).

Ce n´est pas le seul atout du système irlandais qui bénéficie « d´une image écologique saine », et produit grâce à l´herbe pâturée « un lait beaucoup plus riche en CLA (acides linoléiques conjugués) qui sont associés à des propriétés anti-cancéreuses », affirme Catherine Lascurettes, de l´Irish farmers association (l´équivalent de la FNPL).
Mais il y a un revers de la médaille à ce système herbager : c´est l´extrême saisonnalité de la production. 85 % du lait irlandais est produit entre mars et octobre. Et il y a six fois plus de lait produit en juin qu´en décembre ! A titre de comparaison, ce rapport est de 1,15 aux Pays-bas et de 1,31 en France. Toutes les vaches sont taries en même temps, et beaucoup d´usines sont donc fermées pendant deux mois.
De la peinture pour détecter les chaleurs. La mise à la reproduction, concentrée sur une très courte période, est la clé de voûte du système. ©J.-M. Nicol

Six fois plus de lait produit en juin qu´en décembre
« Cette saisonnalité est un gros handicap pour les entreprises de transformation, souligne Maryvonne Béguin, de la Fnil. Elle entraîne des surinvestissements pour absorber le pic de production. Le taux d´utilisation des usines irlandaises n´est que de 61 % alors qu´il est en moyenne de 92 % dans les autres pays européens. » Autre inconvénient : « cette saisonnalité freine le développement de produits à plus haute valeur ajoutée pour la consommation intérieure, dont la demande est répartie régulièrement sur l´année ». L´Irlande produit donc beaucoup de beurre (60 % du lait entier), de poudre et de cheddar qui dégagent peu de valeur ajoutée.
Elle entraîne aussi « de grandes fluctuations dans la composition du lait qui gênent l´industrie : la matière grasse varie de 3,39 à 4,03 g/kg et la MAT de 3,02 à 3,56 g/kg ». Des taux qui par ailleurs sont plus bas que la moyenne européenne.
Tout ceci se traduit pour les éleveurs par un prix du lait bas : 25,6 c/litre (TVA à 4,8 % incluse) pour un litre à 3,3 % protéines et 3,6 % matière grasse. Le prix du lait est décidé chaque mois par le conseil d´administration de chacune des coopératives (plus de 25). La bonne nouvelle est qu´en 2004, le prix du lait n´a pas baissé. Mais sur les trois premiers trimestres de 2005, la baisse est d´environ 0,9 c/l.
Comment remédier à cette saisonnalité du lait et à ces conséquences ? « Pour les éleveurs, produire à contre-saison est très coûteux, et les primes payées par les entreprises doivent être importantes pour rendre cette production rentable. Faute de produits à forte valeur ajoutée, beaucoup de systèmes de production d´hiver avec primes, développés dans les années 80 à 90 ont été récemment limités, affirme Catherine Lascurettes. Si vous avez des solutions à nous proposer. »

Chiffres clés
 22 000 producteurs de lait.
 1,2 millions de vaches.
 230 000 litres de quota moyen.
 45 vaches par troupeau.
 4500 à 5000 litres de niveau de production.
 3,7 TB et 3,3 MAT.
La coopérative de Tipperary ©500 producteurs et 160 millions de litres doit cesser toute activité en décembre et janvier. ©J.-M. Nicol

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